Il a planté une forêt à lui seul

Jadav Payeng est un paysan indien. Comme beaucoup de héros, il a agi seul pendant 30 ans avant d’être reconnu. Sa prouesse ? Avoir planté une forêt de 550 hectares à lui tout seul, et recréé la vie sur son île.

Rédigé par Annabelle Kiéma, le 4 May 2016, à 11 h 02 min
Il a planté une forêt à lui seul
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Voici l’histoire digne d’un conte ou d’une vieille légende indienne. C’est celle de Jadav Payeng, un homme qui n’a jamais voulu renoncer. Depuis plus de 30 ans, il fait pousser des arbres sur un simple banc de sable. Devenu une véritable arche de Noé, le petit havre de paix de l’île de Majuli s’est transformé en refuge pour plusieurs animaux, dont des tigres du Bengale et des rhinocéros menacés d’extinction.

Payeng, l’homme de la forêt

L’histoire(1) commence il y a plus de 30 ans sur l’île de Majuli, qui s’étend sur un bras du fleuve Brahmapoutre, en Inde. Cette île fluviale, l’une des plus grandes au monde, est menacée de disparaître à cause de l’érosion et des crues : sa superficie a diminué de moitié en un siècle.

C’est sans compter sur la force de l’un de ses habitants : Jadav Payeng qui vit là-bas avec sa famille. Un jour de l’année 1979, il a eu le choc de sa vie lorsqu’il a découvert des centaines de milliers de corps de serpents inanimés gisant sur le sol : « Les serpents étaient morts de chaleur, il n’y avait pas d’arbres pour les protéger. Je me suis assis et j’ai pleuré sur leurs corps sans vie. C’était un carnage. J’ai alerté le ministère des Forêts et leur ai demandé s’ils pouvaient planter des arbres. Ils m’ont répondu que rien ne pousserait ici et m’ont dit d’essayer de planter des bambous. »

payeng

Si la plupart d’entre nous auraient sans doute baissé les bras, Jadav Payeng lui, s’est plutôt retroussé les manches. Le jeune homme âgé alors de 16 ans à peine, s’est effectivement attelé à la tâche qui deviendra l’oeuvre de toute une vie.

Il commença à planter des bambous, un par un. Au bout de quelques années de travail en solitaire, le banc de sable est devenu une petite forêt de bambous. Jadav Payeng ne s’est pas arrêté là. « J’ai alors décidé de faire pousser de vrais arbres. J’en ai ramassé et je les ai plantés. J’ai aussi rapporté des fourmis rouges de mon village : les fourmis rouges changent les propriétés du sol. J’ai été piqué plusieurs fois ».

L’Arche de Payeng, un refuge pour la faune et la flore

C’est alors que Payeng a commencé à recréer un véritable écosystème : d’autres végétaux se sont mis à pousser, des oiseaux migrateurs sont arrivés ainsi que des espèces menacées comme le rhinocéros ou le tigre du Bengale, attirés par le gibier venu en masse.

Aujourd’hui, la forêt compte plus de 550 hectares, soit plus que le Central Park de New York ; tout cela grâce au travail d’un seul homme et à la force du temps.

Jadav Payeng Forest Man

La forêt de Jadav Payeng ©Siddharta Kumar – dpa

Cette oasis est restée inconnue des autorités pendant 30 ans. Le ministère des Forêts a eu vent de cet endroit en 2008 seulement, lorsqu’un troupeau d’une centaine d’éléphants y a trouvé refuge, après avoir détruit des villages, et même la cabane de Payeng, sur son passage.

Nous avons été surpris de trouver une forêt aussi dense sur ce banc de sable. Les gens du coin dont la maison avait été détruite par les pachydermes voulaient abattre ce bois, mais Payeng leur a dit qu’il faudrait le tuer d’abord. Il traite les arbres et les animaux comme si c’étaient ses enfants. Quand on a vu ça, on a décidé de contribuer au projet. Jadav Payeng est incroyable. Ça fait trente ans qu’il est là-dessus. Dans n’importe quel autre pays, il serait un héros !
Gunin Saika, conservateur assistant des forêts au Times of India

Aujourd’hui, celui que l’on appelle « Forest Man » (l’homme de la forêt) a récolté de nombreux prix grâce à son initiative. Il est à présent soutenu par une fondation, Plant for Planet and Peace, qui met en valeur son initiative.

Cette histoire incroyable montre que, même seul, à force de temps, on peut changer les choses et recréer la biodiversité autour de soi. Une initiative qui ne demande qu’à être multipliée !

Références :



Je fais partie de ce qu’on appelle désormais les « slasheurs » : je suis rédactrice / sophrologue / et j’enseigne le français comme langue...

163 commentaires Donnez votre avis
  1. En Français, on dit « quand on veut, on peut ». L’important, c’est la volonté.
    Le respect de notre environnement ne peut que le stimuler à se reconstruire et si nous avons un tant soit peu d’amour et de respect pour nos enfants et les générations à venir, nous leur laisserons une planète dans l’état (ou presque) dans lequel on l’a trouvée, au lieu de tout détruire par caprice et orgueil déplacés. Nous dépendons de notre environnement ; l’inverse est tout sauf vrai, et au rythme où nous permettons à certains d’en faire ce qu’ils veulent, il ne restera plus rien dans très peu de temps. Aucun besoin de se faire d’illusions flatteuses. Nous avons déjà trop tergiversé : il est temps de prendre des mesures concrètes rapidement et durablement afin de prouver que nous souhaitons conserver une planète qui nous soutienne, et une planète sur laquelle nous puissions nous comporter dignement vis-à-vis de toutes les autres espèces de la chaîne écologique, sachant qu’elles nous rendent des services innombrables simplement en existant à nos côtés. Se prétendre indépendant et sans responsabilité aucune vis-à-vis d’elles, qu’il s’agisse de plantes, d’éléments (air, eau, etc) ou d’animaux, insectes, et ainsi de suite est totalement illusoire et suicidaire : Autant y faire face et réagir de manières adéquates tout de suite tous ensemble, comme séparément.

  2. peace …………………….

  3. tu es un magnifique homme . Bravo ! bravo ! bravo !; Longue vie à toi

  4. Nous ne pouvons qu’applaudir cette belle et courageuse initiative en 2015, cette année internationale des sols.
    La restauration de la biosphère, gravement dégradée, passe par celle des sols.
    C’est aussi le point de départ pour la maîtrise des changements climatiques.
    Il est plus que temps de lancer à l’échelle mondiale un vaste programme de gestion durable de la biomasse qui équivaut à la restauration de la teneur en humus des sols.
    Cette démarche passe par l’abandon rapide des techniques suicidaires de destruction massive de la biomasse comme:
    – L’épuration des eaux usées (le « tout à l’égout »);
    – La fabrication des bio-carburants, des pellets et du bio méthane;
    – La « ruée » vers les énergies « dites vertes » par combustion de la biomasse à grande échelle n’est qu’illusion …et investissements colossaux impossibles à amortir car les détenteurs de ces « déchets », prennent de plus en plus conscience de leur valeur. Ils ne sont donc plus disposés à payer pour s’en débarrasser…depuis peu, ils ne les cèdent qu’au plus offrant des gestionnaire de « bio » méthaniseurs en manque de « nourriture » de qualité pour alimenter leurs installations extrêmement complexes à gérer qui seraient toutes en faillite sans les subsides de toutes sortes !!

  5. Chapeau bas pour ce monsieur; dommage que se soit si rare.
    Toutes mes félicitations, en espérant que la faune sera en sécurité.

  6. Salut il n’est pas le seul à le faire il y a également un africain qu’il la fait en Afrique voila

  7. Thank you Paying for what you did. If only more people could plant a seed like you. I am impressed with what you accomplished. Thank you for the bottom of my heart.

  8. Grand bravo à Payeng c’est un géni de l’écologie et de l’ingéniosité
    Ils sont si rares des gens comme lui, félicitations

  9. Merci Annabelle pour ce très bel article. Vraiment super.
    C’est l’occasion de voir et revoir « L’homme qui plantait des arbres », de Jean Giono, mis en film d’animation tout en finesse par le canadien Bach, et raconté avec la voix de Philippe Noiret. Magnifique, simple et émouvant.
    C’est le moment aussi de soutenir les initiatives et associations qui travaillent dans le même sens.

  10. Je suis admirative devant la détermination et la ténacité de cet homme qui agit seul, Chapeau et Merci, Payeng! Vous donnez beaucoup d’espoir de changement à notre société!

  11. Magnifique histoire. Merci!

  12. Chouette

  13. Bravo, Mr .Cet homme est ce qui manque le plus à nôtre terre.

  14. M E R C I à cet HUMAIN DIGNE et si RESPECTUEUX de TOUS cette QUALITE MAJEURE qui permet l’EQUILIBRE PRESERVE en tout. Il est SI INTELLIGENT et fait ainsi remarquer que l’IGNORANCE a des CONSEQUENCES MORTELLES. BIEN à VOUS TRES CHER MONSIEUR P A Y E N G VOUS avez les BONNES APTITUDES pour REMPLACER ceux du « G20 », …

    • Très d’accord avec votre façon de voir,Franca, mais je crains ue ceux du  » G20 et autres décideurs puissants fassent tout pour ne pas se laisser détrôner…! Heureusement, Payeng n’est pas le seul à « faire changer le monde! Et si chacun de nous s’y mettait – à sa mesure.., hein?

  15. Merci ami lointain pour ce travail magnifique.
    Ton Histoire devrait passer sur les chaines et radios du monde entier.

  16. Magnifique !!! La preuve qu’il est possible de rendre le sol fertile même là ou on ne l’attend pas ! Bravo Payeng tu es un grand sage !

  17. Bravo, Mr .
    Cet homme est ce qui manque le plus à nôtre terre.

  18. Je vote tout de suite pour que cet homme rentre au gouvernement:
    – pour ses capacités
    – pour des économies certaines
    – pour la sagesse qui manque à nos dirigeants.
    Je valide.

  19. magnifique. et le déclencheur (la mort des serpents) très fort. les hommes qui plantent des arbres sont des sages. lire et relire « l’homme qui plantait des arbres » de jean giono. il y a même une merveilleuse animation qui accompagne la lecture à haute vois de ce court roman de sagesse, sous ce titre, sur youtube.

  20. Protégeons et aidons tou(te)s les hero(ïne)s tel(le)s que Payeng. Que tout le monde ait cette constance à PRÉSERVER notre monde, plutôt que de vouloir en tirer satisfaction immédiate et causer sa destruction.

  21. Payeng tu es un bijou
    tu as compris l’interférence entre les ètres vivants
    et tu a résisté face à l’inertie des autorités
    tu as fait un travail merveilleux

  22. Une personnalité exceptionnelle à suivre comme modèle car si le courage, l’intelligence, la persévérance et la foi ont gagné le coeur de cet homme dont le résultat est une immense récompense que la nature lui fait en poussant, notre admiration pour Payeng ne doit pas, nous autres terriens, nous dédouaner en ne faisant rien et/ou en continuant nos pratiques, nos consommations et nos gestes destructeurs la dégradant jusqu’à la menace de mort certaine de toutes espèces y compris la nôtre. Réfléchir aux conséquences de nos actes c’est agir sur des lendemains possibles et vivables et nous devons bien cela à notre mère Nature, nous, « ses » sujets humbles dont les enfants seront les passeurs d’histoires aussi belles et réconfortantes que celle de Payeng, ses serpents et ses éléphants sur son oasis de sable… que Dieu te protège Payeng!

  23. Il n’a pas de nom de famille, le minimum de respect serai de donner son nom en entier.

    • Je crois que le « minimum » ce sont des réactions aussi minimes (ridicules) que la votre ! Le « minimum de respect » serait de réagir sur son oeuvre !
      Ne vous êtes pas dit, qu’il ne souhaitait peut être pas le divulguer ?

  24. Un homme formidable, vraiment.. même pas d’argent, juste un amour sincère et de la volonté.
    J’aimerai avoir son adresse pour lui écrire!

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