Plastique : les profondeurs de la Méditerranée sont un dépotoir sous-marin

Au coeur de la mer Méditerranée, la fosse Calypso, un abysse qui s’étend au-delà de cinq kilomètres de profondeur, se révèle être un dépotoir sous-marin. Cette région, témoin silencieux des activités humaines, est jonchée de détritus et de plastiques en quantités inquiétantes. Une expédition a permis de se rendre compte de l’étendue de cette pollution, montrant des concentrations de déchets parmi les plus élevées de nos océans.

Rédigé par Stéphanie Haerts, le 21 Mar 2025, à 9 h 44 min
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Une pollution record en haute mer

Selon une étude publiée en février 2025 dans la revue Marine Pollution Bulletin, les profondeurs de la mer Méditerranée, notamment dans la fosse Calypso, contiennent des niveaux de pollution par le plastique parmi les plus élevés jamais enregistrés. Lors d’une mission du sous-marin Limiting Factor, des chercheurs ont découvert que cette fosse abritait près de 26 715 déchets par kilomètre carré, une concentration dépassant celles de nombreux autres sites marins à travers le monde.

Cette accumulation de déchets est majoritairement composée de plastiques, qui représentent 88 % des éléments recensés lors de cette plongée. Des sacs-poubelle aux gobelets, en passant par les filets de pêche égarés, la diversité des objets trouvés montre l’omniprésence et la variété de la pollution plastique qui atteint même les zones les plus reculées et les plus profondes de nos océans.

Un écosystème en péril

La Méditerranée, une mer semi-fermée, caractérisée par des échanges limités avec l’océan Atlantique, est particulièrement vulnérable à la pollution. La position géographique et la configuration de la Méditerranée la rendent plus susceptible aux accumulations de déchets, affectant gravement les écosystèmes marins locaux. Les scientifiques soulignent ainsi l’impact considérable des activités humaines sur ces écosystèmes vitaux.

La mer Méditerranée n’est pas seulement un point chaud de biodiversité, elle est également un axe majeur du trafic maritime mondial, avec plus de 30 % des navires transitant par ses eaux. Cette intensité du trafic maritime contribue à la pollution par les plastiques, exacerbant les problèmes environnementaux déjà présents et mettant en danger la faune et la flore marines.

Des réponses politiques insuffisantes

L’ampleur de la pollution dans la fosse Calypso devrait pousser à une action internationale plus forte et coordonnée. Cependant, les efforts pour établir un traité mondial contre la pollution plastique se heurtent à des obstacles de taille. Des nations productrices de pétrole ont bloqué les progrès lors des dernières réunions.

Une « session supplémentaire » de négociations est prévue en août prochain pour tenter de relancer le processus. Les enjeux sont élevés, car sans un accord robuste et des mesures concrètes, la situation pourrait continuer à se détériorer. La communauté internationale est appelée à renforcer sa coopération et à adopter des stratégies plus efficaces pour protéger nos mers et océans contre la marée montante du plastique.

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Rédactrice dans la finance, l'économie depuis 2010 et l'environnement. Après un Master en Journalisme, Stéphanie écrit pour plusieurs sites dont Economie...

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