Êtes-vous prêts à déguster du poisson génétiquement modifié ? La question se pose sérieusement, tout du moins pour l’instant aux Etats-Unis, où une consultation publique vient d’être lancée par la Food and Drug Administration (FDA) sur la commercialisation d’un saumon transgénique répondant au doux nom d’Aquadvantage salmon. En cas d’approbation, ce Big Fish pourrait bien côtoyer la dinde farcie dans les assiettes des Américains à Noël 2011…
Bébé saumon deviendra grand… très vite
Quel est donc le principal « advantage » du saumon Aquadvantage ? Il atteindrait sa taille de mise sur le marché en 18 mois au lieu des 36 qu’il faut attendre pour un saumon d’Atlantique ordinaire.
Un saumon transgénique (en arrière plan) vs. un saumon ordinaire au même âge…
Comment ?
Développés par la société de biotechnologie, AquaBounty, ces poissons n’ont pas été nourris aux noix de coco et au chocolat mais proviennent d’oeufs de saumons d’Atlantique génétiquement modifiés, dans lesquels a été injectée une hormone de croissance, prélevée d’un saumon sauvage du Pacifique (saumon Chinook) et combinée à une séquence d’ ADN venant d’un autre poisson, la Loquette d’Amérique.
- Alors qu’ un saumon classique ne synthétise pas d’hormones de croissance durant la saison froide, ce saumon transgénique en produit lui toute l’année, devenant ainsi six fois plus gros en dix fois moins de temps.
- Autre conséquence : il aurait besoin de 25 % de nourriture en moins durant l’ensemble de son cycle de vie que ses congénères non transgéniques.
Une chair de poisson qui vaut cher…
La demande de commercialisation d’oeufs de saumon transgéniques auprès de fermes aquacoles par AquaBounty ne date pas d’hier mais de… 10 ans ! Chaque année, la société américaine revient en force auprès de la FDA qui, jusqu’alors, avait toujours rejeté son dossier.
Il faut dire que le développement de ce super poisson a coûté 50 millions de dollars à la firme, d’où son entêtement… Pourquoi le feu passerait au vert aujourd’hui ?
AquaBounty aurait fait preuve d’un peu plus de transparence notamment quant aux conditions d’élevage de ces saumons qui devrait se faire à terre, en cuves, obligeant les exploitants a modifié leur mode de production, 90 % des saumons d’élevage dans le monde étant actuellement élevés dans des cages en bord de mer.
Saumon transgénique : vraiment utile ?
Baisse du temps et des coûts de production ou encore réduction de la surpêche : à première vue, AquaBounty ne manque pas d’arguments pour vendre son saumon dopé, qui pourrait être le premier animal transgénique destiné à l’alimentation humaine approuvé par la FDA.
Mais des questions se posent encore quant à son innocuité sur la santé de l’homme, des tests de toxicologie restant à réaliser, et l’environnement, avec de possibles contaminations sur les espèces sauvages en cas de reproduction, bien que la firme ait souligné que ces poissons GM ne seraient que des femelles stériles élevées dans des espaces clos pour éviter tout risque. Encore faut-il que les fermes d’aquaculture respectent ces conditions…
Bref, des doutes subsistent alors que l’utilité même de ces poissons transgéniques est remis en cause, les scientifiques affirmant que les méthodes de sélection génétique classiques ont déjà permis de doubler la vitesse de croissance de certaines souches par rapport aux espèces sauvages…
Après le saumon, bonjour veaux, vaches, cochons ?
En attendant l’autorisation de mise sur le marché du saumon transgénique, d’autres « OVM » (organismes vivants génétiquement modifiés) sont d’ors et déjà candidats pour se faire une place dans les rayons : notre ami « Enviropig », un porc Yorkshire génétiquement modifié, produisant du bacon plus sain que sain, une chèvre au lait miraculeux, un super bovin résistant à la maladie de la vache folle…
Pourquoi n’ont-ils pas testé eux-même leurs saumons OGM, depuis 10 ans ?
Ainsi, on saurait in vivo si ce recul donne à lire des effets secondaires ou pas.
Et les apprentis sorciers auraient pour une fois accompli une BA, au lieu de prendre les enfants du bon Dieu pour des vaches à lait (folles, évidemment !)…
Ces apprentis sorciers ne peuvent-ils pas manger leurs saumons de culture transgénique, depuis 10 ans ?
Ainsi, ils en prouveraient in vivo l’innocuité requise pour les millions, voire les miliards d’individus destinataires de ce projet…trop juteux pour être anodin !
Je veux bien être observateur de cette étude en direct sur ses auteurs !