Deux études publiées quasi-simultanément pointent l’existence d’un lien entre exposition à des polluants atmosphériques et un premier diagnostic de la dépression.
Exposition à des polluants et dépression : le lien n’est pas linéaire
Vous avez plus de chances de faire une dépression si vous habitez dans une zone fortement polluée, peut-on conclure à la lecture d’une étude qui vient d’être publiée dans la revue JAMA Psychiatry. Dans le cadre de cette étude ont été analysés les dossiers médicaux de 389.000 patients britanniques âgés de 56 ans environ, dont 13.131 ont développé une dépression. Pour connaître la concentration de polluants atmosphériques auxquels les patients ont été exposés, les chercheurs ont établi un modèle qui leur donnait la concentration moyenne sur l’année sur chacun des codes postaux du pays, la valeur de cette concentration était ensuite renseignée sur le dossier de chaque patient.
Il se trouve qu’un lien existe en effet, mais il est non-linéaire : il monte fortement au-delà d’un niveau de concentration de polluants relativement bas, puis tend à stagner par la suite. « En sachant que les normes de qualité de l’air de nombreux pays dépassent encore largement les dernières recommandations de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) de 2021, des normes ou réglementations de pollution plus strictes devraient être mises en place », recommandent les auteurs de cette étude.
Pauvreté et dépression : la pollution atmosphérique serait un facteur sous-estimé
Dans le cadre de l’autre étude, publiée dans la revue JAMA Network Open, les chercheurs ont passé au crible les dossiers médicaux de patients américains âgés de 64 ans et plus. Cette tranche d’âge a été choisie car la dépression est généralement diagnostiquée chez des gens beaucoup plus jeunes, il était donc intéressant de voir ce qui pouvait contribuer à son développement à un âge aussi avancé. Les chercheurs ont là aussi réalisé une carte de la pollution pour chaque code postal, puis ont analysé les dossiers médicaux de 8,9 millions de patients, dont 1,52 million ont développé la dépression entre 2005 et 2016.
Les chercheurs constatent que la probabilité de développer une dépression est plus forte chez les personnes économiquement fragiles. Si ce constat avait déjà été fait par le passé, les auteurs de cette étude émettent aussi la supposition comme quoi il y aurait un double lien : ces personnes pauvres tendent à habiter dans des zones polluées, et c’est l’exposition à des polluants qui accélère le développement de la dépression.
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