On parle beaucoup de la pollution lumineuse du ciel nocturne. Mais cette pollution est aussi dans l’espace, du fait de la multiplication des satellites.
De plus en plus de satellites et de débris
Jadis, Johnny Halliday chantait « Retiens la nuit ». Mais combien de temps encore pourra-t-on la retenir ? Jamais la pollution lumineuse du ciel nocturne ne l’aura fait aussi rapidement reculer. À tel point que si les choses se poursuivent à ce rythme, c’est toute l’observation du ciel et des astres qui va finir par devenir impossible.
Les scientifiques à l’origine d’une étude récemment parue dans Nature(1) pointe l’urgence qu’il y a à intervenir. Et les coupables sont tout désignés : « la pollution lumineuse au sol augmente rapidement. Mais le nombre croissant de satellites et de débris spatiaux en orbite autour de la Terre a aussi un impact sur le ciel nocturne », explique Jessica Heim, co-auteure de l’étude.
Des objets qui réfléchissent la lumière
En effet, si l’on recense actuellement environ 7.000 satellites en orbite autour de la terre, il pourrait bien y en avoir plus de 100.000 à l’horizon 2030. De quoi, selon les chercheurs, augmenter la luminosité diffuse du ciel de 7,5 % par rapport à un ciel non pollué normal. La raison : tout simplement la lumière réfléchie par ces objets en orbite basse.
Il faut dire que ces dernières années, le nombre de satellite dans le ciel a augmenté à une vitesse exponentielle. Notamment du fait de l’essor d’acteurs privés tels qu’Elon Musk et son réseau de satellites Starlink en orbite basse destinés à arroser la surface en internet à haut débit. Pour la chercheuse, en à peine trois ans, ces « mégaconstellations par satellite sont devenues une menace de plus en plus sérieuse pour l’astronomie ».
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Un patrimoine immatériel à protéger
Comment, demain, pourra-t-on repérer correctement les objets potentiellement dangereux, les astéroïdes géocroiseurs, si les télescopes ne permettent plus d’observer le ciel correctement, avec le degré de précision nécessaire ? Repérer ces phénomènes par nature peu lumineux pourrait devenir problématique. Il suffit déjà de constater les traits blancs que laissent le passage des trains satellites Starlink sur les prises de vue des observatoires…
Au-delà, au fur et à mesure que la luminosité diffuse du ciel augmente, celui-ci « s’assombrit » à nos yeux. Demain, serons-nous encore en mesure de voir les étoiles dans un ciel nocturne ? À l’heure actuelle, rien n’est prévu pour stopper ce phénomène. Pourra-t-on, si nul ne s’en soucie, sauver ce qui constitue en fait un « patrimoine immatériel » de l’humanité ? Mais qui oserait interdire les méga-constellations ?