Pourquoi les carburants verts sont mal partis

Rédigé par Jean-Marie, le 3 Jul 2012, à 19 h 12 min
Pourquoi les carburants verts sont mal partis
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L’avenir des biocarburants s’assombrit. L’Europe vient de reconnaître à demi mot en mars que leur impact sur l’environnement n’est pas neutre, que leur compétitivité n’est pas démontrée. Une tuile pour les biocarburants qui se présentaient comme une source important d’énergie verte capable de nous aider à atteindre nos objectifs en la matière d’ici à 2020.

L’arrêt des aides aux biocarburants, l’arrêt d’une filière ?

biocarburants Les aides si elles sont remises en question risquent fort de plomber (sic) la filière. Or c’est bien ce qui la menace si on en croit les critiques énoncées par la Cour des comptes en janvier dernier. Elle dénonce l’opacité du système d’aides et le bilan pour le moins mitigé du bilan énergétique des biocarburants.

3 milliards d’aide fiscale … payés par l’automobiliste

Selon la Cour des comptes, entre 2005 et 2010, la filière a bénéficié de 3 milliards € financés par des automobilistes qui  n’en sont pour la plupart pas conscients. En effet, tous les carburants « normaux » ont l’obligation de contenir un certain pourcentage de biocarburants. C’est ce qu’on appelle le « taux d’incorporation » qui a tendance à augmenter au fil du temps en même temps que la hausse des exonérations fiscales accordées aux producteurs.

L’utilisation des biocarburants du fait de la politique d’incorporation a pour effet d’augmenter la consommation des véhicules :  du fait de la moindre efficacité énergétique des biocarburants, il en faut plus pour faire le même kilométrage. Et donc en consommant plus, on paie plus de taxes !

Pour simplifier, les producteurs, les distributeurs et l’Etat enregistrent plus de recettes avec cet impôt caché dans notre (bio)carburant.

Biocarburants – des objectifs illusoires ?

agrocarburantsEn 2007, la France L’Agence européenne de l’environnement estime que pour la France la surface agricole qu’il était nécessaire de mobiliser pour les biocarburants était de 0,5 million d’hectares en 2010 et de 1 million ha en 2020. Cependant, en Angleterre, Goldman Sachs estimait qu’il faudrait consacrer ¼ des terres cultivables du pays pour atteindre les objectifs de biocarburants de 2010. Aux Etats-Unis , George Bush a annoncé un objectif de produire 15 % des carburants pour véhicules en biocarburants et la production explose. Les USA ont même annoncé une taxe pour freiner les importations d’éthanol brésilien pour favoriser leur production domestique, essentiellement à partir de maïs.

Les subventions aux producteurs d’agrocarburants n’arrivent pas à relancer une production au point mort :

Il y a des milliers de producteurs d’agrocarburants et tous profitent des subventions dérivées du système, notamment les principaux. Ceux-ci sont souvent adossés à des groupements coopératifs (Tereos, Cristalunion) ou bien des groupes agro-industriels (Sofiprotéol, Saria) qui collaborentavec des milliers de petits producteurs. Malgré cela, la production d’agrocarburants, multipliée par 6 entre 2004 et 2008, est quasi stagnante depuis. Pourquoi ce coup d’arrêt ?

  • tout d’abord, on ne peut plus ajouter plus de biocarburants à l’essence ou au diesel sans nuire à l’efficacité du carburant et des moteurs normaux. Seuls les moteurs flexfuel, qui fonctionne aussi bien à l’éthanol qu’à l’essence, sont très peu répandus.
  • ensuite, la consommation de carburants en volume est freinée par la hausse de leur prix
  • enfin, les aides aux biocarburants diminuent tout comme les autres aides accordées aux autres énergies vertes (photovoltaïque, …). Entre 2006 et 2011, les aides accordées par hectolitres aux producteurs sont passées de 33 à 14 € pour l’éthanol et de 25 à 8 € pour le biodiesel. Or l’Etat risque fort de diminuer, voire d’arrêter complètement les subventions à la filière d’ici 2015, comme le préconise la Cour des comptes.

Conséquence de cette instabilité fiscale et des ces phénomènes, les producteurs et les industriels qui ont investi dans les agrocarburants sont en fort mauvaise posture face à ces 4 facteurs adverses : la stabilisation des ventes, la disparition des subventions, la hausse des coûts d’approvisionnement et l’intensification de la concurrence des biocarburants importés des Etats-Unis. Pas difficile de comprendre pourquoi les 15 000 emplois de la filière sont menacés.

*

(1) L’éthanol incorporé dans l’essence sous forme pure ou d’ETBE et les esters méthyliques d’huiles végétales (EMHV) incorporés dans le gazole bénéficient d’une réduction de fiscalité (défiscalisation). Depuis 2006, les esters éthyliques d’huiles végétales (EEHV), les esters méthyliques d’huiles animales (EMHA), les esters méthyliques d’huiles usagées (EMHU) et lebiogazole de synthèse bénéficient aussi d’une défiscalisation. Cette défiscalisation est accordée aux biocarburants produits par les unités ayant reçu un agrément après une procédure d’appel d’offre communautaire dans la limite des quantités fixées par l’agrément. Elle a représenté un montant global de 260 M€ en 2006, 500 M€ en 2007, 720 M€ en 2008 et 521 M€ en 2009 (sans tenir compte des effets de surconsommation liés au pouvoir énergétique plus faible des biocarburants). Cette défiscalisation est conforme à la directive européenne 2003/96/CE sur la fiscalité de l’énergie, qui permet aux États membres d’avoir une fiscalité spécifique pour les biocarburants afin d’en assurer le développement et la promotion. (source : gouvernement)

 

En savoir plus sur les biocarburants

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Jean-Marie Boucher est le fondateur de consoGlobe en 2005 avec le service de troc entre particuliers digitroc. Rapidement, il convertit ses proches et sa...

6 commentaires Donnez votre avis
  1. @ Sunnybella : Le système HHO me paraît très…pipeau rien qu’à voir la video. Pour faire de l’hydrogène en électrolysant de l’eau il faut beaucoup d’énergie électrique qu’on ne peut que pomper sur la batterie, ça augmente la puissance consommée par l’alternateur et je ne vois pas où est l’avantage, même en admettant que l’introduction d’un peu d’hydrogène dans le mélange air-carburant améliore le rendement. Ce qui est surprenant c’est qu’aucun constructeur de moteurs n’a jamais présenté aucun système de ce genre. Les progrès des moteurs « downsized » me paraissent plus sérieux :le downsizing

  2. C’est clair qu’on met la charrue avant les boeufs : il faut d’abord parler économies de carburant avant de parler des agrocarburants. Si on consacrait les subventions aux agrocarburants au développement des transports en commun et à inciter les gens à utiliser moins de bagnole, les choses bougeraient dans le bon sens. Mais pour ne citer qu’un exemple le président de Sofiprotéol, Xavier Beulin, est aussi président de la FNSEA. Vous avez dit lobbying ? Agrocarburants veut dire agriculture intensive, nitrates et pesticides au rendez vous. Les agrocarburants huileux type colza etc. seraient bien mieux utilisés dans des installations de chauffage à haut rendement que dans des moteurs sophistiqués type HDI. Le problème c’est que tout le monde, sauf bien sûr l’usager, y gagne : l’Etat sur les taxes, le céréalier- producteur de colza tournesol (pas l’éleveur de zone bocagère) et les transformateurs sur les subventions, l’industrie automobile sur les injecteurs et moteurs qui lâchent avant l’âge et qu’il faut remplacer… Ce qui devrait être subventionné ce sont les « agroéco-isolants », chanvre, lin, bois etc. qui génèrent des économies de fioul-chauffage, il n’est pas normal de payer plus cher ces matériaux que la laine de verre ou de roche dont le bilan carbone est très mauvais.

  3. C’est sûr que changer de moteur, c’est changer de voiture ^^ Mon mari hésite encore à investir dans cet appareil http://www.hho-plus.com/product.php?id_product=11&id_lang=2 car trop peu d’avis sur les modèles vendus par les professionnels, et sinon c’est du bricolage comme il le dit ^^

  4. Si on ne parle plus du GPL,CE SONT LES milliardairds et actionnaires qui place leur argent en Suisse et sont les grands amis de lArabie-Saoudite.Les Maitres du Monde,se croient actuellement tout permis,et pour eux,le GPL ne vaut rien et savent en empêcher la production,car il y a encore 10 fois trop de pétrole et leurs actionnaires à ces milliardaires y perdraient! Oublions bien que sur ce Monde ces gens là ne sont pas majoritaires!Ne nous faisons plus faire.

  5. Biocarburant : non, terme impropre fait pour aller dans le sens « bio » à tort ! Agrocarburants plutôt. Ils font de la concurrence aux cultures alimentaires, est-ce une bonne chose ?
    La filière plus « prometteuse » est la gazéification de déchets divers (méthanisation) qui ressemble plus à la valorisation du verre déjà utilisé, et des boîtes de conserve qu’on a vidée pour consommer le contenu : on exploite ce qui reste, mais pas cultiver dans ce seul but, carburant.
    Espérons que ça va se développer, croitre et se multiplier. On pourra dire « biorecyclage » par exemple. « biogaz », …

    (Les torchères, ai entendu dire que ça représentait les 2/3 de la consommation de l’Europe entière ! Mais c’est coûteux à récupérer et ça risquerait peut-être de faire baisser le prix du gaz, si y en a trop ! Vive la pénurie organisée et le CO2 gratuitement généré)

  6. pourquoi on ne parle plus du GPL?

    à qui rapporte le crime de ne plus en parler?

    la pollution du GPL?

    les ressources en gaz?

    pourquoi le bruler avec les torchères?

    aucune émission télé, aucune émission radio, aucun article dans les journaux!

    celà nous fait poser des questions!

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