Antidouleurs : conçus pour les hommes, inefficaces pour les femmes

La douleur, cette sensation universelle, ne frappe pas tous les individus de la même manière. Intrinsèquement liée à des facteurs biologiques, elle se manifeste de façon plus intense chez les femmes qui, paradoxalement, répondent moins bien aux traitements antidouleur traditionnels. Ce phénomène, longtemps négligé par la recherche médicale, commence seulement à être compris grâce à des études récentes.

Rédigé par , le 8 Mar 2025, à 10 h 00 min
Antidouleurs : conçus pour les hommes, inefficaces pour les femmes
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Le monde de la médecine évoluerait-il ? Reconnaissant enfin que les femmes, historiquement sous-représentées dans les études cliniques, ne tirent pas le même bénéfice des antidouleurs que les hommes. Ce décalage pose non seulement un problème d’efficacité mais nous questionne également sur l’équité des soins prodigués.

L’histoire oubliée de la recherche sur la douleur

Jusqu’en 1993, les femmes étaient souvent exclues des études cliniques, principalement par crainte que leurs cycles menstruels n’altèrent les résultats. Cette omission a conduit à une compréhension biaisée des effets des médicaments, assumant à tort que les résultats obtenus chez les hommes seraient transposables aux femmes. Elizabeth Losin, une neuroscientifique, explique au National Geographic que cette lacune historique a grandement retardé la compréhension des spécificités de la douleur féminine.

Ce n’est qu’avec le changement des directives du NIH américain que les femmes ont commencé à être incluses dans les recherches médicales. Depuis lors, les scientifiques ont découvert que les femmes sont non seulement plus sensibles à la douleur mais aussi moins réceptives aux analgésiques courants comme le paracétamol ou l’ibuprofène, remettant en question des décennies de pratiques médicales standard.

L’impact des hormones sur la douleur

Les femmes produisent plus d’oestrogène que les hommes, une hormone qui influence significativement le métabolisme des antalgiques. Cela entraîne une diffusion et une décomposition différentes de ces médicaments dans leur corps, réduisant leur efficacité et augmentant la probabilité d’effets secondaires indésirables.

Des études montrent que les femmes ont moins de récepteurs pour les neurotransmetteurs spécifiques aux opiacés, ce qui limite l’efficacité des opioïdes chez elles. Cela explique pourquoi, même face à des douleurs similaires, les femmes et les hommes ne ressentent pas le soulagement de la même manière.

Une métabolisation plus lente

Une étude de 2020 a révélé que les femmes métabolisent la majorité des médicaments plus lentement que les hommes, ce qui prolonge la présence de ces substances dans leur sang et augmente le risque d’effets secondaires. Ce phénomène peut amener certaines femmes à refuser d’augmenter les doses ou à cesser complètement leur traitement, compromettant ainsi leur gestion de la douleur.

Le Dr. Kiran Patel a souligné, dans des propos rapportés par Slate, que cette sensibilité, combinée à des réponses inflammatoires plus fortes dues à un système immunitaire plus actif, nécessite une approche plus personnalisée dans la conception et l’administration des traitements antidouleurs pour les femmes. Les chercheurs sont désormais confrontés au défi de développer des médicaments qui tiennent compte de ces différences.

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1 commentaire Donnez votre avis
  1. C’est pas étonnant et complètement déprimant…

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