Vous aimez empiler des pierres ? Voici pourquoi c’est une catastrophe écologique

Au détour d’un sentier, l’oeil est souvent attiré par ces empilements de pierres, appelés cairns ou rock balancing, qui parsèment les paysages naturels. Si leur esthétique peut séduire, leur multiplication soulève des questions quant à leur impact sur l’environnement.

Rédigé par , le 12 Apr 2025, à 9 h 45 min
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Ils pullulent sur Instagram, bordent les sentiers de randonnée et symbolisent la connexion de l’homme avec la nature. Pourtant, derrière l’innocence apparente des cairns se cache une véritable catastrophe écologique. En bouleversant l’équilibre des sols et en détruisant les habitats naturels, ces empilements de pierres causent plus de dégâts qu’ils n’apportent de poésie.

Empiler des pierres : un geste photogénique, une menace bien réelle

Le phénomène du rock balancing, popularisé par les réseaux sociaux sous le nom de cairns, consiste à empiler manuellement des pierres trouvées sur les plages, les sentiers ou en forêt. Ce qui était autrefois un moyen d’orientation pour les montagnards est devenu un hobby planétaire, vidé de sa signification d’origine. Mais ce que les influenceurs cherchent en likes, la nature le paie au prix fort.

Nick Clemann, écologue au sein de l’Arthur Rylah Institute en Australie, a lancé une alerte dans les colonnes d’ABC News(1) : « Certaines des espèces en danger sur lesquelles nous travaillons vivent dans de toutes petites colonies, sur de petits affleurements rocheux, et un peu d’empilement dans cette zone peut rapidement rendre la colonie non viable ». Ces micro-écosystèmes sont si fragiles que le simple déplacement de quelques pierres peut suffire à anéantir des colonies entières, notamment celles du lézard Scincidae ou du guthega skink.

Cairns : ces sculptures instables qui déstabilisent les écosystèmes

Le danger n’est pas qu’australien. En France, les scientifiques dénoncent les ravages causés par l’obsession décorative des randonneurs. À Saint-Denis-d’Oléron, des mètres cubes de galets ont été ramassés ces dernières années, fragilisant la côte. Sur la presqu’île de Crozon, les autorités ont dû détruire plus de 700 cairns sauvages, chacun menaçant la stabilité des sols et empêchant la régénération de la flore locale.

Rock balancing : évitez d’empiler des pierres en balade sur la plage

Ces pierres jouent un rôle de stabilisation fondamental. Elles protègent les chemins contre l’érosion, servent d’abri à de nombreuses espèces, et accueillent les graines nécessaires à la revégétalisation. Le simple fait de « faire joli » en désorganisant ces équilibres millénaires revient à déstabiliser des mécanismes naturels subtils et essentiels.

Les cairns : des pièges pour randonneurs mal informés

Initialement utilisés comme balises dans les milieux montagneux ou désertiques, les cairns ont pour but de guider les marcheurs. Mais leur prolifération anarchique crée aujourd’hui l’effet inverse : elle désoriente les randonneurs. Des monticules sans logique ni indication détournent les marcheurs des véritables sentiers, les exposant à des risques de chute ou d’égarement, en particulier dans les zones isolées. Les services de gestion du littoral breton ont été clairs : « Retirer ou déterrer ces cailloux déstructure les sentiers de randonnée, nuit à la lande et à la biodiversité », peut-on lire sur Ça m’intéresse (3). Une simple balade peut ainsi devenir une attaque contre la topographie et la sécurité collective.

Le phénomène est désormais surveillé de près par les autorités. En France, empiler des pierres en dehors des zones prévues à cet effet peut être sanctionné par une amende pouvant aller jusqu’à 1 500 euros. La logique ? Préserver ce qui reste d’équilibre dans des espaces de plus en plus fragilisés par la surfréquentation touristique.

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Rédactrice dans la finance, l'économie depuis 2010 et l'environnement. Après un Master en Journalisme, Stéphanie écrit pour plusieurs sites dont Economie...

1 commentaire Donnez votre avis
  1. Je doute fort que les montagnes de galets déplacés à chaque marée abritent une faune endémique depuis des milliers d’années ! Dans ma commune, les services municipaux les repoussent du parking vers la plage à chaque grande marée, mais les éco-terroristes hurlent si ont en déplace un en marchant dessus.
    Un jour les Français exaspérés par toutes ces interdictions injustifiés finiront par mettre un « Trump » au pouvoir.
    Il serait plus efficace d’expliquer en quoi cela détériore l’environnement plutôt que de menacer d’une amende. Les gens pourraient continuer à empiler les galets là où ça ne pose pas de problème, et les autorités ne pourraient plus s’amuser à parier qu’elles peuvent verbaliser qui elles veulent quand elles veulent.

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