On le sait, on le sent, mais on n’arrive pas à le formuler. Rien de plus agaçant que d’avoir un mot en tête mais de ne pas réussir à le retrouver.
Une information mal rangée ?
« Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement, et les mots pour le dire arrivent aisément ». Les mots célèbres de Nicolas Boileau ont parfois de quoi nous donner des complexes. Surtout quand on veut dire quelque chose, mais que les bons mots pour le dire n’arrivent décidément pas.
L’expression est élégante : on appelle cela avoir un mot « sur le bout de la langue ». Mais pourquoi diable cela nous arrive-t-il ? C’est comme si l’on n’était pas en mesure de retrouver un mot précis dans notre mémoire, qu’une sorte de souvenir incomplet demeure, et que l’on sent, quelque part dans notre tête, que l’on est sur le point de parvenir à récupérer la bonne information.
Trois zones du cerveau
D’ailleurs, ce phénomène ne concerne en fait que certains mots et pas d’autres. Ainsi, notre esprit va essentiellement chercher des noms, adjectifs ou verbes, les mots plus fonctionnels (déterminants, pronoms) ne posant en principe pas de problèmes. Ce qui n’enlève rien au côté frustrant, voire parfois inquiétant, de ce petit moment de blocage : serait-on en train de perdre la mémoire ?
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En réalité, l’exercice de trouver et utiliser le bon mot met à l’oeuvre plusieurs parties de notre cerveau, et non une seule. Si l’on se fie aux résultats d’IRM effectués par des chercheurs, tout se joue parmi trois d’entre elle : le cortex cingulaire antérieur, le cortex préfrontal, et l’insula. Ces trois parties de notre cerveau collaborent pour parvenir à retrouver le mot manquant. Le premier joue le rôle de superviseur, chargé de détecter le souci et de le régler. Le second va permettre d’évaluer et vérifier les « indices » qui nous viennent à l’esprit pendant que l’on recherche ce fameux mot bloqué sur le bout de notre langue.
Notre cerveau vieillit aussi
Enfin, l’insula, essentielle, est au coeur de ce que l’on appelle en langage savant la récupération phonologique, la tentative d’accès aux combinaisons de sons qui vont composer les mots. Une question essentielle car, au fil du temps, tant le cortex cingulaire antérieur que l’insula ont tendance à s’atrophier. De quoi poser de plus en plus de souci quand il s’agit de retrouver le bon mot dans notre esprit.
Dit autrement, en vieillissant, ces parties du cerveau en charge d’associer significations et sons font moins bien leur travail que par le passé. Que l’on ait de plus en plus souvent des mots sur le bout de la langue est somme toute un phénomène tout-à-fait normal. Ce qui ne doit pas empêcher de faire travailler notre cerveau pour qu’il vieillisse le mieux, et le moins vite, possible !
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