Le triptyque inflation, explosion du coût de l’énergie, et augmentation des dépenses contraintes commence à faire des dégâts. Selon une étude de l’IRES, l’institut de recherches économiques et sociales, un ménage français sur trois n’a tout simplement plus les moyens pour faire face.
Les dépenses réelles des ménages sous-évalués
Pour arriver à ce résultat, l’économiste Pierre Concialdi, de l’IRES, a conçu des paniers moyens de dépenses, associés à des types de foyers. Bien évidemment, le panier moyen du célibataire est différent de celui du veuf retraité, ou encore de celui des couples avec ou sans enfants.
Le constat de l’étude est sans appel : l’inflation mesurée par l’INSEE ne correspond pas à la hausse des dépenses réelles des ménages. Le décalage mesuré par l’étude de l’IRES oscille entre 20 et 30 %, selon les foyers et les paniers moyens !
Les revenus salariaux ne suffisent donc plus pour vivre décemment. En tout cas pour 1 Français sur 3. Une personne seule active doit gagner au moins 1.634 euros par mois, un couple d’actif sans enfant 2.273 euros, une famille monoparentale avec deux enfants 3.003 euros, un couple avec deux enfants 3.744 euros, une personne seule retraitée 1.835 et un couple de retraités 2.540 euros.
Bien évidemment, c’est le poids du logement dans le budget des foyers qui est en grande partie responsable de cet écart. Dans l’étude de l’IRES, il pèse entre 24 et 40 % du budget total. Or, dans la formule de calcul de l’inflation par l’INSEE, les dépenses de consommation en logement pèsent 14,0 %, les loyers et charges 7,6 %, et les seuls loyers, 6,1 % !
Le calcul de l’inflation par l’INSEE, de plus en plus déconnecté de la réalité
L’Insee se justifie en expliquant que l’achat d’un logement n’est pas pris en compte dans le calcul de l’inflation, car il ne s’agit pas d’une dépense, mais… d’un investissement. Mais comme 6 Français sur 10 sont propriétaires ou plutôt, tentent de l’être, en remboursant des mensualités de crédit qui les étranglent, forcément… la statistique ne saurait être le reflet de la réalité !
L’étude de l’IRES mesure également l’explosion de certains postes de dépenses depuis 2014, date de la dernière étude comparable, puisque l’institut qui la réalisait jusqu’ici a été dissous. Quand on ne veut pas savoir si on a la fièvre, on casse le thermomètre, c’est bien connu.
Le résultat de la comparaison entre l’étude de 2014 et celle réalisée au cours de l’année 2022 est édifiant. Les dépenses énergétiques ont ainsi progressé de 42 %. Le poste « vie sociale » a quant à lui augmenté de 18 à 25 %, selon les typologies de foyers. Les dépenses de logement, encore elles, ont progressé de « seulement » 12 à 14 %, en huit ans. Forcément : dans le même temps, la surface moyenne des logements loués tant qu’achetés a diminué, à budget égal ! Si l’on corrigeait le coût du logement de la surface louée ou achetée, la hausse atteindrait probablement le double…
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Logements trop petits, vie sociale anesthésiée, santé sacrifiée
Le résultat de l’étude de l’IRES est en tout cas sans appel. « Un peu plus d’un tiers [des ménages français] (34 à 35 % environ) disposent de ressources salariales insuffisantes pour accéder à un niveau de vie minimum décent ». Autrement dit, un Français sur trois doit se restreindre côté dépenses, par rapport à ce qui devrait être la norme. Conséquence, on loue, ou on achète plus petit que nécessaire. Les dépenses de vie sociale sont réduites, voire, parfois, totalement supprimées (vacances, loisirs, sorties culturelles, restaurants). Et bien sûr, en dernier recours, les dépenses alimentaires, ainsi que les dépenses de santé, sont aussi en deçà du minimum souhaitable….
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