Peut-être avez-vous déjà aperçu la mention « café suspendu » en allant boire votre café ? Ou peut-être avez-vous déjà lu chez votre boulanger qu’une baguette était « en attente » ? Le phénomène est encore marginal mais commence à se développer. Le principe ? Commander un produit (baguette de pain, café etc.) et en payer deux, un pour vous et un autre pour un client démuni qui en fera la demande. Zoom sur une jolie façon d’être solidaire au quotidien.
Le « café suspendu » : une belle initiative qui prend racine à Naples
Le « caffè sospeso », en français « café suspendu » est une tradition de solidarité envers les plus démunis née dans le sud de l’Italie, au coeur de bars napolitains.
Elle consiste à commander un café et à en payer deux, un pour celui qui commande et un pour un client démuni qui en fera la demande.
Le consommateur a le choix : donner directement le café à quelqu’un qu’il connaît, soit le laisser « en attente », à la vue de tous, pour celui qui le voudra.
L’histoire est belle : elle raconte qu’il y a près d’un siècle, un homme est entré dans son café habituel pour prendre un café à emporter. Après avoir payé et être sorti de l’établissement, il est revenu en arrière et a demandé un autre café pour « le monsieur dehors, qui fait la manche à l’entrée ». C’est ainsi que le « café suspendu » serait né.
L’objectif du produit « suspendu » ? Apporter du réconfort à une personne dans le besoin, en lui offrant un produit qu’elle pourra consommer gratuitement dans les établissements participants.
Le 10 décembre 2011, la « Giornata del Caffè Sospeso » (Journée du café suspendu) a été instaurée à Naples, avec le soutien de plusieurs organisations culturelles et le maire de Naples, Luigi De Magistris.
Le principe se généralise à d’autres produits : la baguette en attente
Au départ, il s’agissait du café. Et puis, petit à petit, les produits se sont diversifiés. On trouve ainsi des « baguettes suspendues » ou encore des « pizzas suspendues », parfois même un repas complet.
Cette solidarité s’adresse aux plus démunis, mais aussi aux jeunes étudiants sans le sou, ainsi qu’aux familles nombreuses qui n’arrivent pas à boucler leurs fins de mois difficiles.
En France, le phénomène est apparu au printemps 2013
La pratique des « produits suspendus » s’est développée en France suite à une publication sur la page Facebook des Indignés de France. Ces derniers suggéraient de créer une pratique solidaire.
Une information rapidement relayée par les réseaux sociaux et qui aurait fait quelques 400 émules chez les commerçants français (les chiffres sont approximatifs). Ils sont répertoriés sur le site de CoffeeFunders.
Jean-Manuel Prime, fonctionnaire, est quant à lui à l’initiative de la page « Une baguette en attente« .
Cette dernière compte près de 8000 abonnés. « En France, le pain a une symbolique très forte, j’ai donc transposé le concept du café en attente », souligne Jean-Manuel Prime.
C’est ainsi qu’il a pris contact avec 2 boulangers du Puy-de-Dôme, son département, qui ont été séduits par l’idée.
Grâce aux médias, le projet s’est fait connaître et a donné à cette action une envergure différente. Selon le fonctionnaire, il est contacté par des particuliers et boulangers de toute la France qui veulent qu’on leur explique le concept, la mise en place et qu’on leur fournisse des affiches et le logo.
Un geste de solidarité « gratuit »
L’avantage des produits suspendus, c’est qu’ils sont exonérés de « l’obligation de rendre ». Marcel Mauss, considéré comme le père de l’anthropologie française parlait du don et du contre-don.
D’après lui, dès la réception du don s’établit une sorte d’emprise magique sur le donataire, qui n’en sera libéré qu’après avoir rendu au moins la valeur du don au donateur.
Or, pour le sociologue strasbourgeois David Le Breton, c’est l’anonymat lié à la forme de générosité que prend le « produit suspendu » qui la rend populaire.
Il ajoute « Tout don lie les mains. Lorsqu’on reçoit, on doit rendre un jour ou l’autre, et la relation qui s’instaure engage le donateur autant que le bénéficiaire. Avec les produits en attente, c’est un don libéré de cette relation, tout en étant plus concret qu’un don à un organisme de charité ».
Est ce qu’on pourrait étendre la formule aux salaires suspendus ?
Au impôts suspendus ?
etc, etc
ah ah ah ah le pire c est que c est vrai
Il faudrait aussi faire les wc suspendus à paris.