Un nouveau projet baptisé Curl va permettre d’analyser l’exposition des surfeurs aux pollutions chimiques de l’océan.
Immergés dans des eaux littorales dont on ne connaît rien
Les surfeurs mettent-ils leur santé en danger en pratiquant leur activité favorite ? La question mérite d’être posée, tant l’océan est aujourd’hui pollué par des substances chimiques. Mais jusqu’à maintenant, aucune étude ne permettait d’en mesurer les conséquences sur notre organisme.
C’est justement ce que vise le projet Curl : « évaluer le niveau d’exposition des baigneurs et des surfeurs aux polluants chimiques présents dans les eaux récréatives littorales », pour à la fois mieux comprendre la pollution chimique des eaux et l’impact sur la santé des surfeurs.
« Les surfeurs sont immergés toute l’année dans des eaux littorales dont ils ne connaissent pas l’état sanitaire. Hydrocarbures, médicaments, engrais… Les surfeurs et autres pratiquants sont exposés à des polluants chimiques sans qu’on ne connaisse l’impact sur leur organisme », explique la Surfrider Foundation Europe.
On pourra désormais le savoir avec le projet Curl qui vise à équiper surfeurs et baigneurs de capteurs permettant d’étudier la qualité chimique des eaux de baignade.
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Une première phase de tests à l’été 2021
Alors que, entre baignade, surf et plongée, la pratique d’activités nautiques de loisirs sur le littoral est en constante croissance, nombreux sont les usagers de l’océan de tous âges à s’immerger dans les eaux littorales tout au long de l’année, sur des sites hors des zones de baignade surveillées et règlementées.
De quoi être potentiellement exposés à des cocktails de micropolluants chimiques dangereux pour leur santé.
Une première phase de test de ces kits démarre cet été 2021, grâce à une dizaine de surfeurs volontaires sur les côtes Atlantique et Méditerranéenne, afin de recueillir de premières données, explique la Surfrider Foundation. Ils permettront de « caractériser le niveau d’exposition des usagers de la mer aux substances chimiques, information nécessaire à l’estimation des risques sanitaires ».
Mesurer les risques potentiels à se baigner ou surfer
Tels les dosimètres utilisés en milieu industriel pour surveiller le niveau d’exposition du personnel à des agents physiques ou chimiques (radiations, gaz par exemple), ces « kits d’échantillonneurs passifs » permettent d’échantillonner des micropolluants aussi bien organiques (pesticides, pharmaceutiques, produits de soins corporels…) que métalliques (aluminium, cadmium, cuivre, mercure…).
Une fois les données collectées, une équipe de chercheurs et d’universitaires de l’UMR EPOC et de l’IFREMER spécialisée en écotoxicologie prendra en charge l’ensemble des données. Leurs analyses seront partagées et il sera ainsi possible de savoir s’il existe ou non un risque pour les surfeurs et baigneurs usagers réguliers de la mer.
Le cas échéant, les données fournies contribueront également à convaincre les acteurs du littoral de lutter efficacement contre les pollutions détectées et d’alerter les décideurs afin de faire évoluer la législation pour une meilleure qualité des eaux.