L’association Alternative urbaine propose des balades dans des quartiers parisiens guidées, non pas par des guides touristiques habituels, mais par des personnes éloignées de l’emploi. Objectif : remobiliser et resocialiser ces personnes pour les aider à rebondir.
Alternative urbaine : à la découverte de Paris !
Le rendez-vous est donné au pied du métro Belleville. Antonio Depaz attend les promeneurs du jour. Pendant environ deux heures, il va les guider dans le 10e arrondissement de Paris, un quartier populaire et multiculturel et où l’Histoire, les surprises architecturales et les havres de paix s’entrecroisent.
Cet après-midi caniculaire et le passage en horaire d’été ; l’après-midi plutôt que le début de soirée ; a probablement démotivé les curieux. Mais une Italienne qui vit entre Paris et Naples s’est inscrite à la balade pour découvrir ce quartier dans lequel elle a emménagé récemment. La promenade commence par la visite du bâtiment abritant le club mythique : La Java, où se sont produits entre autres Django Reinhardt et Édith Piaf.
Antonio Depaz a défini le tracé de cette balade avec l’aide de Selma Sardouk, la fondatrice de l’alternative urbaine. Pourtant, il n’est pas guide touristique. Depuis plusieurs mois, il est à la recherche d’un emploi dans le massage et le bien-être. Il se verrait bien lancer sa petite entreprise. Pour cela, il se fait aider dans son projet professionnel par l’Alternative urbaine dont il a entendu parler dans la presse ; quand d’autres de ses collègues ont été dirigés sur les conseils de structures partenaires, comme le Secours catholique ou Autremonde.
La réinsertion professionnelle et sociale au centre de l’association
Créée durant l’été 2013, Alternative urbaine accompagne les personnes éloignées du monde professionnel à retrouver un emploi. D’abord en leur redonnant confiance en eux grâce à une activité gratifiante de guide, ou plutôt « d’éclaireur urbain » selon l’expression employée par l’association.« Il existe peu de perspectives pour des personnes éloignées de l’emploi, hormis le champ restreint des structures de réinsertion qui proposent des emplois dans la manutention, le BTP ou l’aide à la personne. Comme les profils des personnes précaires sont aussi variés que ceux de la société, nous avons pensé qu’il fallait se saisir d’autres champs pour remobiliser ces personnes », explique Amandine Mutin, la co-fondatrice d’Alternative urbaine.
En plus de cette activité professionnelle de quelques heures par mois, rémunérée au SMIC horaire, les éclaireurs sont accompagnés dans leur recherche d’emploi. Des bénévoles les aident à définir et à construire leur projet professionnel, à rédiger CV et lettre de motivation, ainsi qu’à enrichir leurs réseaux professionnels. « Le travail est l’un des facteurs de bien-être des personnes mais ce n’est pas le seul. L’association veut favoriser le bien-être de la personne », précise Amandine Mutin. C’est pourquoi, des sorties culturelles et des loisirs avec toute l’équipe sont organisés régulièrement. Ces activités participent à la re-sociabilisation, donnant ainsi un rythme de vie et avivant la curiosité en offrant des moments d’échanges.
Aujourd’hui, l’association compte trois salariés à temps plein, une vingtaine de bénévoles et cinq éclaireurs. Outre le 10e arrondissement, les touristes en visite à Paris ou les habitants de la ville peuvent se promener avec ces guides atypiques dans les quartiers hors des sentiers battus touristiques comme les 13e, 18e, 19e et 20e arrondissements. Le prix est libre et permet de financer le salaire des éclaireurs.
Vers des promenades solidaires en province et à l’étranger
Alternative urbaine ne compte pas s’arrêter là. L’association envisage de développer ses effectifs parisiens, d’ouvrir des antennes en province et à l’étranger, mais aussi d’étoffer son offre marchande de balades urbaines destinées aux entreprises qui permet de financer l’association.
Après deux bons kilomètres parcourus sous le soleil, la balade se termine dans la cour fraîche d’un ancien couvent près de la gare de l’Est. La promeneuse solidaire est ravie et Antonio Depaz aussi. Donner un peu de bonheur à ces personnes rapproche un peu plus cet éclaireur urbain, adepte du bien-être, de son objectif professionnel.
