Syndicats, élus et ONG environnementales sont tous vent debout contre la décision du gouvernement d’autoriser Total à importer de l’huile de palme pour produire du biocarburant. Pour les agriculteurs, l’huile de palme importée d’Asie est en concurrence directe avec leur huile de colza et de tournesol.
Des syndicats agricoles bloquent plusieurs raffineries
La FNSEA (Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles) et les JA (Jeunes agriculteurs) ont appelé, ce lundi 11 juin 2018, au blocage de 14 raffineries et dépôts de carburant. Ils protestent contre l’autorisation accordée par le gouvernement à Total d’importer 300.000 tonnes d’huile de palme par an. Si cette huile est destinée à l’agrodiesel, elle est aussi accusée de favoriser la déforestation en Asie du Sud-Est. Les deux syndicats entendent poursuivre leur mouvement durant trois jours reconductibles.
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Mais le gouvernement « ne reviendra pas » sur l’autorisation donnée à Total, a indiqué lundi 11 juin sur RTL Stéphane Travert, le ministre de l’Agriculture(1). « Ces blocages sont illégaux », a-t-il ajouté, estimant que « ce n’est pas en bloquant des raffineries qu’on trouvera des solutions adéquates ». Le ministre s’est néanmoins engagé à recevoir, ce mardi 12 juin, les représentants de la FNSEA et ceux des Jeunes Agriculteurs. Les syndicats, eux, dénoncent les « incohérences » du gouvernement qui incite les agriculteurs français à monter en gamme, tout en concluant des accords de commerce internationaux qui provoquent des distorsions de concurrence.
Des parlementaires interpellent Nicolas Hulot
Des élus ont également critiqué le projet : « Nous vivons ce feu vert accordé à Total comme un renoncement vis-à-vis de nos impératifs écologiques et une contradiction avec un modèle agricole duquel est exigé proximité, qualité et durabilité », ont ainsi écrit, le 7 juin, une soixantaine de sénateurs Les Républicains, dans une lettre ouverte à Nicolas Hulot(2). Pour rappel, ce dernier avait justifié l’autorisation préfectorale de ce projet, lancé en 2015, au motif qu’il permettrait de conserver 250 emplois. Le ministre avait aussi posé plusieurs garde-fous sur l’usage de l’huile de palme qui doit répondre aux critères de durabilité fixés par la Commission européenne.
La bioraffinerie de La Mède (Bouches-du-Rhône) est autorisée par arrêté préfectoral à utiliser jusqu’à 450.000 tonnes d’huiles végétales brutes (palme, colza, soja …) par an dans le cadre de son approvisionnement. Or, l’auto-limitation à 300.000 tonnes d’huile de palme brute annoncée par Total est absente de l’autorisation officielle. Les Amis de la Terre fustigent également l’autorisation accordée à Total. L’ONG a annoncé qu’elle déposerait un recours contre l’arrêté préfectoral devant le tribunal administratif de Marseille. Les syndicats agricoles demandent au gouvernement de s’engager à ne pas ajouter de normes aux agriculteurs français.
En outre, la FNSEA souhaite que soit réintroduit dans la Loi Alimentation, examinée à partir du 26 juin 2018 par le Sénat, un amendement sur l’interdiction d’importer toute denrée produite en utilisant des substances phytosanitaires interdites dans l’Union européenne, même à doses résiduelles.
Pour signez la pétition pour l’arrêt de l’importation d’huile de palme comme 69.000 autres personnes jusqu’à présent, rendez-vous ici
Illustration bannière : Les agriculteurs chez Total -Capture d’écran Youtube
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Hulot l’écolo de service est aux abonnés absents, de plus il est aphone sur le sujet, il préfère réintroduire des ours dans les Pyrénées, avec ce guignol la France est sauvée.