Le numérique est omniprésent dans nos vies. Mais quelle est son empreinte environnementale au niveau mondial et quelle évolution de 2010 à 2025 ? Ce sont les questions auxquelles répond l’étude « Empreinte environnementale du numérique mondial », que vient de publier GreenIT.fr. Ce cabinet réunit experts, entreprises et associations telles que le WWF ou HOP, et se penche depuis 15 ans sur les pratiques environnementales du numérique.
Empreinte environnementale du numérique – Cesser d’augmenter la taille des télévisions
Les principales conclusions de cette étude sont frappantes… Ainsi, à l’échelle de la planète, l’impact environnemental des appareils numériques équivaut à cinq fois le poids du parc automobile français, c’est-à-dire 180 millions de véhicules. Ou bien à un pays de deux à trois fois la taille de la France(1)…
« Au rythme actuel, le numérique – fabriqué avec des ressources abiotiques en voie d’épuisement – sera considéré comme une ressource critique non renouvelable en voie d’épuisement d’ici moins d’une génération », estime Frédéric Bordage, expert indépendant et auteur de l’étude. « L’enjeu ne se limite donc pas à la réduction de ses impacts environnementaux, mais aussi à son usage raisonné : c’est désormais une question de résilience pour l’humanité ».
Pour Frédéric Bordage, « nous sommes à l’heure du choix : souhaite-t-on augmenter indéfiniment la taille des télévisions ou plutôt réserver les dernières capacités numériques pour construire un avenir viable ? »
La question peut sembler abrupte, mais elle est légitime. En effet, l’empreinte environnementale du numérique a essentiellement lieu lors de la fabrication des équipements présents chez tout un chacun : la production des TV connectées, ordinateurs, Smartphones et autres box concentre de 59 % à 84 % de cet impact.
Un impact environnemental appelé à tripler
Car si rien n’est fait rapidement, l’empreinte environnementale du numérique mondial est appelée à croître de façon quasi exponentielle. Entre 2010 et 2025, estiment les auteurs de l’étude, la taille de l’univers numérique va tripler à quintupler, et ses impacts environnementaux vont doubler à tripler.
La plus forte progression devrait être celle des émissions de gaz à effet de serre, en hausse de 2,2 % en 2010 à 5,5 % en 2025. Plus encore que les ordinateurs et imprimantes jadis, télévisions, Smartphones et objets connectés vont devenir les trois nouvelles sources d’impact clés.
En dehors de la croissance du nombre d’utilisateurs, l’augmentation des impacts environnementaux du numérique mondial est, souligne par ailleurs cette étude, principalement due aux objets connectés, dont le nombre sera multiplié par 48 entre 2010 et 2025 et au doublement de la taille des écrans (télévisions notamment) entre 2010 et 2025. Mais aussi à un tassement des gains en matière d’efficience énergétique.
Quelles solutions pour réduire cette empreinte environnementale insoutenable ?
Une fois dressé un tableau aussi pessimiste, quelles mesures simples mettre en oeuvre pour réduire cette empreinte environnementale du numérique mondial à l’horizon 2025 ? GreenIT.fr milite pour sa part pour le développement d’une « low-tech numérique », l’articulation effective entre « low » et « high » tech numérique et une écoconception radicale des services numériques.
Mais il faudrait également réduire le nombre d’objets connectés en favorisant leur mutualisation et leur substitution. Réduire également le nombre d’écrans plats en les remplaçant par d’autres dispositifs d’affichage – lunettes de réalité virtuelle, vidéo projecteurs LED, etc. – et en les mutualisant avec les écrans existants (Smartphones, ordinateurs, etc.).
Enfin, il faudrait augmenter la durée de vie des équipements en allongeant la durée de garantie légale comme en favorisant le réemploi. Un point clé, en France, seuls 6 % des Smartphones sont recyclés, alors qu’il s’en vend 24 millions par an…
Illustration bannière : Le numérique est omniprésent dans nos vies et va se développer de manière exponentielle – © metamorworks