L’un des enjeux les plus forts en matière d’utilisation de produits chimiques en agriculture est celui de la gestion des attaques d’insectes sur les cultures… Alors quand on se rend compte qu’il y a un réel changement de comportement d’une partie des insectes en fonction de la façon de cultiver, il faut le souligner !
Qui sont les ravageurs de culture ?
À l’heure actuelle en France, on peut considérer que 39.107 espèces d’insectes ont été découvertes par les scientifiques qui ont fait, et font toujours, un travail de recensement aussi incroyable que nécessaire.
Sur ces espèces, 2.195 espèces sont considérées comme pouvant occasionner des dégâts aux cultures. Le chiffre pris à part pourrait sembler impressionnant, mais ramener à 39.107 espèces, cela ne représente au final que 5.6 % de ravageurs potentiels, et donc 94,4 % qui sont soit neutres, soit se révèlent carrément être des auxiliaires de culture.
Les ravageurs ont choisi leur camp
Une vaste étude, que nous ne citerons pas ici pour des raisons que vous comprendrez aisément, en est arrivée à la conclusion que, sur les 15 dernières années, de nombreux ravageurs de culture ont pris le parti de ne plus s’attaquer aux exploitations agricoles sous cahier des charges « agriculture biologique ».
On pensait tout d’abord que la chose était due au retour d’un équilibre écosystémique même relatif (une exploitation agricole aussi bien tenue qu’elle soit reste un milieu exploité et non naturel) avec un jeu entre auxiliaires, ravageurs et biodiversité foisonnante… Mais il n’en est rien.
En effet, tout un pan des « bioagresseurs » (les fameux 5.6 %) développe un comportement inédit de sélection de l’exploitation qui n’a rien à voir avec leur capacité à y trouver de la nourriture, mais bien avec le mode d’exploitation pratiqué.
Des mouvements massifs d’insectes à travers tout le pays
La chose est somme toute impressionnante que de voir de véritables migrations de populations d’insectes qui passent de départements leaders en agriculture bio tels que le Gers, l’Hérault, le Gard ou l’Aude vers d’autres départements comme la Beauce.
Si 20 ans d’études de terrain partout en Europe n’ont pas su inciter à la diminution de la taille des parcelles, à la rationalisation de l’utilisation de pesticides, à la replantation de haies, à la rotation de culture, à l’association de culture, à la limitation du labour ou encore à la mise en place d’itinéraires techniques efficaces écologiquement et productivement, cette migration risque d’y arriver en une seule année.
Plus fou encore
L’étude menée de main de maître par des structures et des personnes, que nous ne citeront pas ici pour les mêmes raisons qu’évoquées plus haut, en est même arrivé à une conclusion plus étonnante encore.
Les espèces de ravageurs qui ont décidé d’avoir un coup de fourchette militant s’attaquent aussi à des parcelles labellisées AB, mais uniquement quand elles servent de faire-valoir communicationnelle aux structures qui les exploitent.
Ces mêmes espèces éviteraient dans le même temps de s’attaquer à des parcelles agricoles qui ne sont pas sous cahier des charges AB à partir du moment où l’exploitant tend à mettre en place des mesures agroenvironnementales (haies, mares, arbres, talus fleuris, tournières à fauche tardive, etc.) de son propre chef, tout en vendant localement, en limitant le labour et en contextualisant son itinéraire technique !
Tout n’est pas toujours tout noir ou tout blanc, le dogme n’est pas forcément de mise en agriculture comme ailleurs. Si les insectes l’ont compris… Les poissons pourraient en prendre de la graine !
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Les poissons sauvages ne mangent pas de graines, sauf peut-être ceux en chocolat. En ce début avril, gardons la tête froide, même si on ne se découvre pas d’un fil.
😉