La nouvelle est étonnante et pourtant : malgré la montée du niveau des océans et l’accumulation des gaz à effet de serre, l’augmentation de la température des eaux profondes marque une pause depuis 2005. Alors, comment expliquer cette énigme ?
La température moyenne des eaux froides profondes stagne depuis 2005
Depuis 2005, la température moyenne des eaux froides profondes des océans a cessé d’augmenter.
Ceci pose de nouvelles interrogations chez les chercheurs :
pourquoi le réchauffement climatique semble-t-il se ralentir ces dernières années malgré l’accroissement des gaz à effet de serre ?
Jusqu’à présent, une hypothèse était notamment évoquée : la chaleur accumulée par les océans qui descendait dans les grandes profondeurs, ce qui engendrait cette stagnation.
Stagnation de la température moyenne des eaux froides profondes : la thèse de 2 climatologues
Kevin Trenberth et John Fasullo, climatologues, se sont penchés sur l’analyse de la chaleur emmagasinée par les océans menée en 2012 par le Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme.
Cette dernière fait apparaître que « plus de 30 % de la chaleur a été emmagasinée dans les océans sous 700 m de profondeur, de façon inédite après 2000 », date à laquelle le stockage d’énergie par les différentes couches des océans a commencé à diverger.
Ce réchauffement des eaux profondes par rapport à la surface des océans « a été associé principalement à des changements des vents tropicaux et subtropicaux balayant l’océan Pacifique ».
Un changement qui serait lié au changement de phases de l’oscillation décennale du Pacifique (ODP) en 1999, impulsé par l’épisode 1997-1998 d’El Niño, particulièrement intense.
Avant 1999, l’ODP favorisait le maintien de la chaleur captée par l’océan Pacifique à sa surface mais le changement de phase s’est traduit pas un « enfouissement » des eaux chaudes et un refroidissement relatif de la surface. La Terre a ainsi stocké la chaleur superflue au large du Mexique et au Pérou, plutôt qu’au-dessus des terres habitées.
Conclusion des météorologues : « le réchauffement climatique ne s’est pas arrêté : il s’est simplement manifesté d’une façon différente ».
La Nasa invalide la thèse de la chaleur accumulée par les océans
Les scientifiques de la Nasa ont analysé* les relevés de température des océans sur la période de 2005 à 2013. Ces mesures ont été réalisées par des satellites, et directement au sein des eaux océaniques à l’aide de 3000 bouées réparties partout dans le monde.
Résultat : ils ont découvert qu’au-dessous de 1995 mètres, il n’y a eu quasiment aucun changement de température durant cette période. Malgré cela, comme le souligne Josh Willis du JPL, co-auteur de cette recherche, « le niveau des océans continue à monter », notamment dû à la fonte de la banquise du pôle Nord et au Groenland.
Un phénomène inexpliqué donc, mais qui ne remet pas pour autant en doute la réalité du réchauffement de la planète, selon ce dernier. Il ajoute « nous essayons seulement de comprendre ce mécanisme ».
Pour ma part, je ne suis pas surpris, et je ne vois pas où est le mystère. Loin d’être un spécialiste de la question, j’applique un raisonnement de police judiciaire qui a occupé une grande partie de ma vie : l’eau douce est plus légère que l’eau salée, donc a tendance à rester en surface, et comme la surface se réchauffe aussi plus vite…. (CQFD). On devrait donc constater dans le même temps que l’eau de surface perd en salinité, tout en gagnant en température.