Il se trouve qu’en la matière, la règlementation est très stricte en France, rendant la récupération d’eau de pluie quasiment impossible si l’on prend les textes au pied de la lettre.
En France, seule la récupération d’eau de pluie qui s’écoule du toit est autorisée
C’est une intervention du ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, sur France Info le mercredi 22 février, qui a soulevé de nouvelles interrogations au sujet de la récupération de l’eau de pluie. La France est « en état d’alerte » à cause de la sécheresse, a prévenu le ministre, avant d’esquisser les grandes lignes du « Plan eau », actuellement en préparation. Une partie des mesures visent à « pouvoir davantage utiliser les eaux usées ». « On s’est tellement habitué à ne pas avoir de problème d’eau potable qu’on met de l’eau potable partout, qu’on interdit par exemple que de l’eau pluviale puisse alimenter des toilettes, qu’on interdit que de l’eau usée puisse servir à aller arroser des espaces verts », a déclaré le ministre.
Or, dans l’état actuel de la règlementation, c’est éminemment compliqué. Loin de nous l’idée de mettre devant la maison des jerricans dès qu’il commence à pleuvoir, comme cela se fait couramment en Afrique – en France, seule la récupération de l’eau qui s’écoule du toit est autorisée. (Et encore, il faut que le toit ne soit pas en amiante-ciment ni en plomb.) Cette eau doit obligatoirement fuiter dans un tuyau qui entre dans la maison et doit se terminer par un robinet. Trois usages seulement peuvent être faits de cette eau : l’alimentation de la chasse d’eau des toilettes, le lavage des sols et, à titre expérimental, le lavage du linge, dispose l’arrêté du 21 août 2008.
L’eau de récupération dans ses toilettes ?
Le ministre de la Transition écologique avait aussi affirmé qu’il est «obligatoire» que l’eau des toilettes soit potable : FAUX
L’arrêté du 21 août 2008 relatif à la récupération des eaux de pluie et à leur usage à l’intérieur et à l’extérieur des bâtiments autorise en effet l’utilisation de l’eau de pluie pour l’alimentation de la chasse d’eau.
Lavage du linge à l’eau de pluie : les restrictions sont très nombreuses
Et encore, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) recommande, à titre de précaution, « que l’eau de pluie ne soit pas utilisée pour laver le linge [des] populations à risque d’allergie cutanée, ayant des maladies de peau ou des peaux [propices aux allergies], des jeunes enfants, qui mettent régulièrement le linge à la bouche, des personnes immunodéprimées, des personnes hospitalisées à domicile ou dont le linge est lavé à la maison […], ainsi que des personnes vivant à côté de sites industriels et de sites agricoles, où l’eau de pluie est susceptible de contenir davantage de contaminants chimiques ».
Ce même arrêté du 21 août 2008 autorise l’utilisation d’eau de pluie « pour des usages domestiques extérieurs au bâtiment », tels que « l’arrosage des espaces verts accessibles au public », mais cet arrosage doit se faire « en dehors des périodes de fréquentation du public ». Par ailleurs, les réseaux d’eau potable et d’eau de pluie doivent être séparés, il est interdit des les interconnecter. Enfin, l’utilisation d’eau de pluie est totalement proscrite dans les crèches, les écoles maternelles et élémentaires, les établissements de santé, les établissements sociaux et médico-sociaux, d’hébergement de personnes âgées, les cabinets médicaux et dentaires, les laboratoires d’analyses de biologie médicale et les établissements de transfusion sanguine
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