Le recyclage des batteries de voitures électriques : enjeu écologique, mais aussi stratégique

Alors que l’essor des voitures électriques se démarque dans un marché automobile européen en proie aux difficultés, la question du recyclage des batteries est cruciale. Tout d’abord d’un point de vue environnemental, les batteries des voitures électriques possédant des composants toxiques, mais également d’un point de vue stratégique, l’Europe faisant face aux difficultés d’approvisionnement en matériaux stratégiques.

Rédigé par Cecile, le 7 Oct 2022, à 14 h 30 min
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Dès 2035, la vente de véhicules neufs à moteur essence ou diesel sera donc interdite. De quoi favoriser encore plus celle des véhicules électriques, secteur déjà en plein essor. En effet, alors que le marché automobile européen est en crise, mais aussi surtout en pleine mutation, l’émergence des véhicules 100 % électriques se confirme. Le secteur est ainsi le seul du marché de l’automobile à pouvoir se targuer d’une forte progression de ses ventes sur les 6 premiers mois de l’année 2022 : + 31,6 %, soit près de 650 000 véhicules. De quoi rattraper les chiffres peu encourageants des immatriculations de voitures neuves, en baisse sur cette même période (-14,3 %, selon l’ACEA, l’Association des constructeurs européens d’automobiles).

Si le secteur des véhicules entièrement électriques connaît donc une belle progression, parallèlement à la baisse de ceux équipés de moteurs thermiques, qu’en est-il du recyclage des batteries de voitures électriques, au coeur de cette nouvelle industrie automobile ?

Recycler les batteries des véhicules électriques : challenge indispensable pour la planète

Pesant particulièrement lourd – jusqu’à 500 kilos – et représentant parfois 50 % de la valeur même d’un véhicule électrique, les batteries nécessitent l’extraction de matériaux non seulement chers, mais surtout très polluants. Il faut donc parvenir, pour rentabiliser la production de ces batteries tout en permettant à l’industrie du véhicule électrique d’être à la hauteur des enjeux environnementaux, à prolonger la vie de ses batteries. Puis, lorsqu’elles ne peuvent plus être utilisées, être recyclées de manière adéquate. Une batterie de véhicule 100 % électrique durant en moyenne de 8 à 15 ans avant d’être moins puissante, peut ainsi être par la suite valorisée en servant à nouveau dans le secteur de l’habitat, par exemple.

Autant de challenges qui poussent les industriels à innover pour parvenir à recycler plus de composants. Pour l’heure, l’industrie du recyclage des batteries de voitures électriques parvient à recycler environ 60 % de leur poids, selon l’Institut des futurs durables (ISF). Les industriels sont ainsi en mesure de récupérer à 90 % le cobalt, le lithium, le cuivre, le nickel, quatre principaux métaux composant une batterie, mais l’utilisation de ces métaux se heurte ensuite à des problématiques réglementaires ou bien d’ordre économique, souligne également l’ISF. À partir de 2030, la Commission européenne souhaite ainsi imposer aux fabricants l’obligation d’intégrer un minimum de métaux recyclés dans les nouvelles batteries : 12 % de cobalt, 4 % de lithium et 4 % de nickel.

Si l’opération vise déjà à minimiser l’impact environnemental des batteries des voitures électriques, dont les composants mal recyclés ou abandonnés représentent d’importants risques de pollution néfaste pour la planète comme l’Homme, l’autre intérêt est d’ordre stratégique. Le but : récupérer des matériaux dont les prix peuvent s’envoler et dont la rareté est parfois de mise.

Fabrication de batterie électrique – © NamLong Nguyen

Le recyclage des batteries des voitures électriques : marché colossal auquel l’Europe a tout intérêt à prendre part

À l’échelle planétaire, le potentiel du recyclage des batteries des véhicules électriques est en effet considérable. Selon un rapport de l’ISF, recycler convenablement les composants de ces batteries pourrait, dès 2040, réduire la demande mondiale de 55 % pour le cuivre, 35 % pour le cobalt et 25 % pour le lithium. Et pour l’Europe, continent produisant encore trop peu de batteries destinées aux voitures 100 % électriques, l’enjeu est d’autant plus important : gagner en souveraineté.

Alors que se confirme l’essor des véhicules électriques, une trentaine d’usines seraient ainsi en construction en Europe. Reste la problématique, cruciale, de l’approvisionnement en métaux dont certains sont indispensables à la fabrication de ces batteries et que l’Europe ne possède pas. Pour produire les 400 kilogrammes de batteries équipant une berline par exemple, le Vieux Continent doit ainsi s’approvisionner ailleurs pour au moins un quart des métaux. Avec l’engouement pour les voitures entièrement électriques, les experts estiment par ailleurs que d’ici 2030, les besoins de l’Union européenne en cobalt seront multipliés par cinq, là où ceux en lithium seront 18 fois supérieurs. En 2050, ces mêmes besoins devraient être d’autant plus accrus. Il faudra alors, selon ces prévisions, répondre à une demande en cobalt 15 fois supérieure et soixante fois plus importante pour le lithium qu’à l’heure actuelle.

Un marché colossal donc, qui mondialement pourrait dès 2027 atteindre 45 milliards d’euros, dont 20 à 30 % rien qu’en Europe, si l’UE parvient à relever le défi.
Car, face à la Chine, le retard des pays européens en matière de production de batteries est important. Pour l’heure, seulement 1 % des cellules lithium-ion, indispensables aux batteries rechargeables des véhicules électriques, sont produites en Europe.

Illustration bannière : Chargement des batteries d’un moteur électrique – © Roman Zaiets
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