Tous les emballages plastiques doivent être recyclés ! C’est l’un des objectifs posés par la feuille de route de l’Économie circulaire publiée par le gouvernement au printemps. Mais certaines collectivités n’ont pas attendu l’injonction de l’État pour passer à la vitesse supérieure à l’instar du Syndicat intercommunal d’ordures ménagères de la vallée de Chevreuse (SIOM). Explications avec son président Jean-François Vigier.
Recyclage du plastique : « Nous avons fait une petite révolution »
ConsoGlobe.com : Globalement, quel regard portez-vous sur le recyclage du plastique en France ?
Je me suis rendu compte qu’il y avait une vraie ambition sur la feuille de route de l’Economie circulaire donnée par Edouard Philippe. Sur la forme, elle a été faite de manière très concertée avec des groupes de travail et pas tombée du chapeau. Je me suis rendu compte que le SIOM avait déjà travaillé en amont sur la collecte et le recyclage et avait mise en place des mesures depuis déjà pas mal d’années. J’étais content de voir que nous étions plutôt en avance.
ConsoGlobe.com : Quelle politique avez-vous mis en place dans la vallée de Chevreuse ?
Pour recycler les plastiques, nous avons fait une petite révolution en octobre 2016 dans le cadre d’un appel à projet de Citéo qui s’appelait encore Eco-Emballages. A partir du 1er octobre 2016, tous les emballages plastiques sont sortis d’un bac grenat pour aller dans un bac jaune. Dès la cuisine, la famille met tous les contenants plastiques dans un sac spécial puis dans un bac jaune. Avant, ils partaient dans le bac grenat avec les ordures ménagères résiduelles. Grâce à une communication importante et pointue auprès de nos administrés et l’appel à projet, les foyers mettent tous les emballages plastiques dans le bac jaune.
« Nous ne nous attendions pas au succès de l’opération, les habitants attendaient cette évolution »
Nous travaillons avec l’entreprise Paprec. Comme nous apportons nos emballages dans leur usine du Blanc-Mesnil en Seine-Saint-Denis, il a fallu une chaîne supplémentaire de tri pour répondre aux quantités supplémentaires. Dans le cadre de cette campagne, Eco-Emballages a pris à sa charge une grosse partie des opérations de communication. Pour nous, c’était quand même très intéressant. De octobre à décembre 2016, nous avons collecté 900 tonnes d’emballages supplémentaires. Nous ne attendions pas au succès de l’opération, les habitants attendaient cette évolution. Dans la rue, les gens m’arrêtaient pour demander d’augmenter à deux fois par semaine la collecte des bacs jaunes tellement ils les remplissaient vite. Nous leur avons suggéré de demander des bacs de 240 litres au lieu de 140.
Le deuxième volet de l’appel à projet portait sur le verre. Jusqu’en 2008, la collecte du verre se faisait en porte-à-porte. En 2008, le SIOM a décidé de transformer le porte-à-porte en apport volontaire. Cela a été très mal perçu par les habitants qui ont eu l’impression de perdre en qualité de service. Pendant trois ou quatre ans, nous avons dû perdre énormément de verre. Nous avons communiqué par la suite pour inverser la tendance. L’appel à projet d’Eco-Emballages nous permettait d’acheter de nombreux conteneurs et nous avons perçu à peu près un million d’euros de subventions pour 75 conteneurs.
« Je pense que nous ne maîtrisons pas la filière. 2025 c’est demain ! »
ConsoGlobe.com : 100 % des déchets plastiques recyclés d’ici 2025. Cet objectif annoncé par Emmanuel Macron vous semble-t-il tenable ?
Je pense que nous ne maîtrisons pas complètement la filière. 2025 c’est demain ! À l’échelle des politiques publiques comme celles que nous menons, des disparités existent entre les acteurs publics. Tout le monde n’est pas encore à la même vitesse sur tous ces sujets. C’est bien de se fixer des objectifs ambitieux après il faut aussi les tenir. Il faut aussi une sensibilisation des citoyens. Nous sommes dans des territoires où les habitants sont quand même très sensibilisés sur ces questions.
ConsoGlobe.com : Comment convertir les réfractaires encore trop nombreux au tri des déchets ?
Il faut beaucoup d’informations et de l’accompagnement. Nos services vont sur le terrain et forment les gens. Je crois aussi beaucoup à des actions ludiques. Par exemple, nous faisons des formations au compostage, nous donnons des poules aux gens qui sont prêts à les installer dans leur jardin. Nous formons les scolaires très jeunes. Nous avons construit un espace pédagogique au SIOM à destination des scolaires. Cela n’empêchera pas que nous avons aussi des gens qui s’en contrefichent mais on sent quand même qu’il y a de plus en plus de sensibilités à ces questions.