L’érosion de la biodiversité n’a pas vraiment l’air de vouloir cesser toute seule et nos politiques à travers le globe n’ont pas plus l’air de comprendre qu’il s’agit d’être plus qu’ambitieux pour pallier à ce problème qui nous tirera tous vers le fond. Au Portugal c’est un petit groupe qui, en quelque décennies, à réaliser de grandes choses : le réensauvagement de la réserve Faia Brava.
Réserve Faia Brava, partie de presque rien mais avec une ambition immense : le réensauvagement
Dans les années 2000, la réserve de Faia Brava ne comptait que 17 hectares acquis par des passionnés (professeurs, archéologues, biologistes, etc.) dont le but premier était de donner refuge aux oiseaux de passage. Les migrateurs, dont nombre d’espèces de rapaces, pouvant ainsi y trouver leur compte dans une zone de transition clé pour eux.
Le projet a essaimé dans quatre autres endroits en périphérie, alors que lui-même a déjà sacrément grossi avec, pour l’année à venir, une estimation à 120.000 hectares pour la zone d’influence de ces réserves.
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En quoi la réserve de Faia Brava est-elle différente des autres ?
Ces réserves sont effectivement très spéciales quoi que beaucoup pourraient se demander en quoi. Elles le sont tout simplement parce que l’objectif est de redonner entièrement place à la biodiversité telle qu’elle était avant l’arrivée de l’Homme.
Plus volontariste que les réserves européennes
Partant d’une connaissance étayée des écosystèmes visés, l’idée première est en effet de réinstaurer une biodiversité complète, allant du plus petit être vivant jusqu’au plus gros, afin de réensauvager durablement le milieu.
Forts de leurs expériences, les protagonistes de la réserve de Faia Brava sont unanimes : rien de mieux que de laisser faire la Nature. En cela les parcs et réserves de l’Union Européenne ne sont pas aussi clairs et laissent place à l’exploitation forestière, à l’agriculture sous presque toutes ses formes, à l’artificialisation des sols, etc. Et même parfois à la chasse !
Un petit coup de pouce à la Nature et l’aventure démarre
Au tout début et pour faciliter la vie aux rapaces de passage dont les effectifs étaient tellement bas qu’il fallait bien les aider, on a déposé des carcasses d’animaux morts sur place. La chose était d’autant plus utile qu’il n’y avait plus trop d’animaux alentours et donc encore moins d’animaux morts.
Ensuite ça a été une succession de mesures précises soit de gestion soit de réintroduction qui ont été mises en branle… avec à chaque fois l’objectif de ne faire que « lancer » le début d’un changement.
20 ans après, et malgré des mésaventures en chemin – tel un énorme feu qui a failli tout détruire -, les succès ont largement pris le pas sur les échecs.
L’introduction de cervidés disparus pour favoriser le loup tout en diminuant la pression sur les troupeaux domestiques est le dernier challenge en date et est en phase transitoire. Comme pour tout ce qui a été fait avant, cette phase consiste en un retrait de gestion ou d’influence de la part des Hommes pour laisser faire la Nature… Et la boucle est bouclée !
Réensauvager l’Europe ?
La chose pourrait faire rêver mais le vieux continent est tout particulièrement anthropisé (colonisé par les humains) avec un quart du territoire européen se trouvant à 500 m d’une route et la moitié à 1,5 km.
Si le modèle semble être un succès, il s’agit de mieux le comprendre, de particulièrement bien l’étudier pour en tirer profit rapidement. Le but ? Trouver toutes les voies possibles d’adaptation pour réensauvager sur les plus grandes surfaces possibles.
Si nous n’avons pas les grandes étendues américaines pour réaliser de telles projets, il va bien falloir que nous fassions montre d’inventivité !
Illustration bannière : Chevaux Sorraia réintroduits dans la réserve de Faia Brava © David Wieczorek
expérience qui mérite d’être dupliquée.