Le réensauvagement prend de plus en plus forme, c’est-à-dire que l’on comprend de mieux en mieux comment la technique fonctionne. Cette apport de connaissance tient à plusieurs retours d’expériences du célèbre parc Américain YellowStone, mais aussi de nombreux autres parcs ou réserves à travers le globe dont la réserve Faia Brava au Portugal dont nous avons parlé récemment.
Qu’est-ce que le réensauvagement ?
Le réensauvagement, terme traduit de « rewilding » venu d’outre-Atlantique, prend de plus en plus pied dans la boîte à outil mondiale de sauvegarde et de conservation de la faune et de la flore.
L’idée est en réalité très simple et consiste à laisser faire la Nature partant du principe avéré qu’elle trouve son équilibre d’elle-même.
Pour ce faire il s’agit d’avoir des surfaces qui lui sont dédiées et qui soient suffisamment vastes pour accueillir toutes les constituantes d’une chaîne alimentaire locale. La chose n’est pas évidente en Europe, même si de plus en plus de surfaces lui sont allouées comme au Portugal à Faia Brava, en Suisse ou en Roumanie.
Dans le reste du monde, comme en Amérique du Sud ou aux États-Unis, des expérience vieilles de plusieurs décennies nous donnent déjà plus d’informations sur le succès, réel, de ce type de démarche.
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Laisser la Nature se réensauvager toute seule ?
Une fois un écosystème complet installé, il se suffit à lui-même et fait son petit bonhomme de chemin à partir du moment où il n’est pas perturbé de manière trop radicale.
Mais pour arriver à un écosystème dont toutes les constituantes sont présentes et équilibrées, il faut tout de même un petit coup de patte de départ. En effet tous les milieux ou presque ont déjà fait face à des changements radicaux du fait de l’Homme : de l’agriculture à l’exploitation forestière en passant par la pollution, la construction, etc.
Partir de zéro nécessite une réflexion de départ qui demandent bien des compétences.
Heureusement, les ingénieurs en écologie du monde ont déjà bien travaillé. La caractérisation des milieux, notamment au niveau local, et la connaissance des espèces qui devraient y évoluer sont un socle essentiel que l’on maîtrise de plus en plus.
Il s’agit de commencer par laisser faire les choses, tout en en suivant l’évolution (en accompagnant le cortège floristique par exemple) afin qu’il se rapproche effectivement du site « originel ».
De manière synthétique, il faut ensuite vérifier la résilience du site et si toutes les espèces reviennent d’elles-mêmes. Si ce n’est pas le cas, notamment et surtout pour les grands mammifères pour lesquels la chose est plus complexe, il faudra peut-être imaginer des réintroductions.
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Une chose est cependant certaine, une fois que ce sites résensauvagés trouvent leur équilibre, il n’est plus besoin d’interventions de la part de l’Homme pour que la Nature reprenne ses droits et évolue comme elle l’aurait fait sans nous.
Quels problèmes peuvent découler du réensauvagement ?
Le premier problème, qui n’en est pas un pour tout le monde selon le point de vue, est que, si le projet fonctionne, les espèces se trouvant sur un site réensauvagé peuvent avoir la vilaine envie d’aller voir ailleurs. Les loups son bien arrivés naturellement en France par l’Italie où nos voisins leurs avaient toujours laissé une place.
Un autre problème réside dans les maladies qui, même si elles font parties de la Nature, peuvent causer du tort aux activités humaines. Plusieurs maladies se transmettent en effet des animaux sauvages aux animaux d’élevage, et ce d’autant plus si ces derniers pâturent en extérieur.
Enfin il est question de compréhension de la démarche par tous les acteurs. Il est essentiel à ces projets que leur cadre et objectifs soient clairement définis et explicités, car laisser place à la Nature sous-entend qu’il faille vraiment la laisser faire.
Si l’on voit aisément la beauté de la chose d’une part, il est important d’en comprendre aussi « la face sombre ». Si, par exemple, un hiver est difficile au point de voir mourir une grande partie d’un troupeau d’herbivores quels qu’ils soient, il faudra non seulement s’interdire d’intervenir pour nourrir les animaux, mais en plus laisser les cadavres sur place pour tous ceux qui pourraient s’en nourrir !
Le réensauvagement a toute sa place dans nos stratégies de sauvegarde de la biodiversité, mais comme toutes techniques nouvelles ou presque, il faut encore que des réseaux de compétences se créent pour échanger et apprendre d’un projet à l’autre.
Illustration bannière : Parc National Pumalin, lieu de réesauvagement offert par un propriétaire privé à l’État du Chili © Dudarev Mikhail