La transition énergétique qui se profile en France doit être le grand oeuvre écologique de François Hollande. Plus qu’une simple annonce de politicien à la recherche d’un second souffle, cette ambition révolutionnera considérablement la façon de consommer – et donc de produire – de l’énergie. Si l’abandon du nucléaire et le développement du renouvelable sont les grands vecteurs de cette transition, l’émergence des réseaux électriques intelligents en est l’un des piliers fondamentaux.
Rationaliser la consommation d’énergie
En février 2015, le Sénat français s’attèlera aux lecture et vote du texte relatif à la transition énergétique, porté par un gouvernement qui mise sur ce projet pour redorer son blason en matière d’écologie. La réforme repose sur des grands axes, dont certains sont reliés directement à la production et consommation d’énergies renouvelables, ne serait-ce qu’eu égard à la diminution de la part du nucléaire dans la production énergétique de 75 à 50 % d’ici à 2025.
Si la France espère ainsi rationaliser sa consommation d’énergie de 20 % en 2030, elle souhaite également augmenter la production d’électricité d’origine verte – éolien, photovoltaïque surtout – de 23 %. Au centre des débats, les réseaux électriques intelligents – plus communément appelés « smart-grids » – font office de clé de voûte de cette architecture transitionnelle.
Smart-grids et renouvelable, un diptyque au service de la transition énergétique
Capables d’intégrer de manière intelligente les usages et les comportements de tous les utilisateurs qui y sont raccordés, ces « smart-grids » servent à fournir de manière efficace une électricité de qualité, durable, économique et sécurisée. En mettant en place un véritable réseau intelligent reliant producteurs et consommateurs, cette technologie permet de pallier les principaux problèmes rencontrés aujourd’hui, comme les déperditions coûteuses ou l’exponentielle demande globale en énergie.
En effet, la consommation se trouvera soumise à la production d’électricité, alors que les distributeurs sont aujourd’hui obligés de pratiquer des mécanismes de systèmes tarifaires, distinguant les heures pleines des heures creuses. Les « smart-grids » permettront d’adapter la consommation aux capacités instantanées de production.
Le phénomène dit des effacements de consommation électrique – mettant en adéquation production et consommation – ne sera pas abandonné pour autant ; il deviendra simplement un outil maîtrisé, là où il représentait auparavant une conséquence subie du manque d’électricité.
Pour ce faire, les distributeurs devront faire appel à diverses sources d’électricité afin de surmonter les demandes croissantes en énergie. Le rôle des énergies renouvelables dans ce mécanisme est par conséquent fondamental. Grâce aux réseaux électriques intelligents, les distributeurs pourront s’appuyer à la fois sur le circuit classique et sur celui des énergies propres, comme le photovoltaïque ou l’éolien.
Linky, premier jalon des réseaux intelligents en France
Ce projet vertueux est loin de n’être qu’une simple ambition des tenants du tout-vert. D’une part, le renouvelable est en plein essor en France. Tandis que le gouvernement a fixé la part de cette énergie propre dans la consommation finale à hauteur de 23 % d’ici 2020, le pays est le deuxième producteur d’énergies renouvelables en Europe, derrière l’Allemagne.
D’autre part, les exemples de circuits intelligents intégrant les énergies vertes dans la consommation électrique se multiplient. A Malaga en Espagne, par exemple, le projet « smart city » initié en 2009 vise à créer un réseau électrique intelligent reposant sur l’utilisation du renouvelable. L’économie énergétique devrait être de 20 %, soit une réduction de 6 000 tonnes d’émissions de CO2, selon André Mathieu, directeur de l’activité « smart-grids » chez Siemens.
La France a d’ores et déjà posé les premiers jalons de ses réseaux intelligents : Linky, les nouveaux compteurs électriques mis en place par ERDF, qui devraient investir à l’horizon 2020 35 millions de foyers français. Disposant de technologies avancées dites AMR, les compteurs identifieront de manière plus précise et détaillée – et même en temps réel – la consommation énergétique d’un foyer. Grâce à ces informations, les producteurs d’énergie maîtriseront mieux les pointes de consommation, adapteront leurs de production pour des coûts rationalisés et pourront intégrer dans le circuit l’électricité issue du renouvelable.
C’est par conséquent une effervescence ambitieuse et légitime qui pointe aujourd’hui en France, tandis que les sénateurs se pencheront en février 2015 sur le projet de loi relatif à la transition énergétique, dont l’efficience – environnementale, économique – repose en grande partie sur les réseaux électriques intelligents.
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