Son sourire radieux et son énergie débordante s’appuient sur une expérience personnelle et professionnelle considérable des enjeux environnementaux. Li An Phoa, née aux Pays-Bas d’une mère hollandaise et d’un père chinois, est née, aime-t-elle à rappeler, « près d’une rivière, la Meuse, et à 7 mètres sous le niveau de la mer ». L’eau, vitale pour tous, a toujours été présente dans son univers.
Mais c’est en Amérique du Nord qu’elle s’est rendue compte que nous perdions inéluctablement, dans le monde entier, une richesse phénoménale : des rivières non polluées, si propres que l’on peut s’y baigner, et même en boire l’eau sans traitement. Elle menait campagne, aux côtés d’autres militants, pour que la rivière Rupert, un cours d’eau du Québec, ne soit pas dégradée par un projet de barrage. « J’y ai vécu en nomade pendant un mois, navigant en canoë de la source à l’embouchure. On pouvait boire l’eau de la rivière simplement en y tendant la main. Cela m’a profondément marquée. Cela est inconcevable chez moi », raconte-t-elle.
L’histoire, hélas, se termine mal : trois ans après, les projets industriels n’ayant pu être bloqués, la rivière Rupert, comme tant d’autres, est devenue imbuvable. « Quand j’y suis retournée, l’eau ne pouvait plus être consommée, elle était polluée, on trouvait du mercure dans l’eau », relate Li An Phoa.
Devons-nous nous résigner à ce que de moins en moins de cours d’eau soient propres, et que seulement un très petit nombre soient buvables, dans des régions reculées des Alpes ou d’autres montagnes, et ce seulement près de la source ? Certainement pas, selon Li An Phoa. « On traite nos rivières comme si elles étaient des égouts, au lieu de les traiter comme les artères vitales qu’elles sont », s’indigne-t-elle.
Drinkable Rivers, une campagne de sensibilisation pour rendre nos rivières de nouveau buvables
Diplômée en management de l’université de Rotterdam, ce n’est que progressivement que Li An Phoa se consacre au militantisme environnemental. Aujourd’hui, elle développe une pensée et une action holistiques en matière de protection de l’environnement et s’efforce de mettre en relation citoyens, associations et industries pour agir autrement. Son ambition : « transformer les systèmes que je trouve absurdes en systèmes cohérents et intelligents en partageant mes recherches, mes connaissances et surtout mes expériences ».
Elle travaille ainsi avec de grandes organisations telles que Unilever ou le Ministère de la Santé du Rwanda, ainsi qu’avec des agriculteurs, des artistes et des communautés autochtones.
Enseignante à la Rotterdam School of Management, à la Nyenrode Business University, au Schumacher College, elle a aussi co-fondé Spring College(1), où elle aide des centaines de personnes chaque année à approfondir leur compréhension des systèmes vivants et à développer leur sens de la connexion avec le monde vivant. Ses cours se font donc essentiellement à l’extérieur, au cours de randonnées.
« J’invite les gens à sortir hors des murs et à entrer dans la nature, que ce soit leur balcon, leur jardin, un parc, un écosystème entretenu ou sauvage comme une forêt, les dunes, un système fluvial, un désert ou des montagnes », explique-t-elle. Le but, dans une démarche inspirée de la pleine conscience et du presencing : « Je cherche à engager tout leur être, à éveiller une conscience et un éveil des sens pour rencontrer le monde plus qu’humain. En marchant et en posant des questions, je guide les gens à penser, sentir comment vivre ».
Le nomadisme comme philosophie de vie
Appliquant ces principes dans sa propre vie, Li An Phoa vit elle-même beaucoup à l’extérieur. « Ma passion, c’est la nature et la marche. J’ai donc décidé depuis 10 ans d’être nomade« , explique-t-elle, en montrant son sac à dos bleu, « c’est ma maison », entre itinérances sauvages, conférences internationales et partage de lieux de vie.
Intégrer nos passions et nos talents, nos rêves et nos visions dans nos vies personnelles, c’est l’espoir de Li An Phoa. Son ambition, au niveau de la société entière : « aligner une économie basée sur des valeurs et des principes écologiques avec les systèmes vivants vitaux, beaux et fonctionnels ».
Le souci, ce sont nos indicateurs
Sa prochaine campagne, qui sera lancée courant 2018, l’amènera à remonter tout le cours de la Meuse, depuis sa source, en France, à travers la Belgique et les Pays-Bas, pour y sensibiliser les habitants, les agriculteurs et les entreprises l’avoisinant. Nous reparlerons de ce projet qu’elle annonce dans la vidéo ci-dessous (en anglais uniquement).
Le souci, souligne-t-elle en effet, ce sont nos indicateurs de développement, comme le Produit Intérieur Brut, qui ne mesurent pas la dégradation environnementale. « Tandis qu’une rivière buvable, c’est un indicateur très clair : est-ce que l’eau devient plus buvable, ou non ? C’est un indicateur clair de nos modes de vie », explique Li An Phoa. Comme elle nous y invite tous : rendez visite à la rivière près de vous, et renseignez-vous sur son état de santé.
Pour aller plus loin, les sites de Li An : www.DrinkableRivers.org et www.SpringCollege.org.
Un indice de la pureté de l’eau et une aide à sa dépollution : la mulette perlière. Cette moule d’eau douce, que l’on trouve dans quelques cours d’eau de nos régions, est en effet menacée car elle est fragile : son cycle de vie est complexe, sa durée de vie peut dépasser cent ans et elle ne vit que dans des cours d’eau en très bon état écologique. Depuis 2010, elle fait l’objet d’un programme européen de conservation. Pour en savoir plus, je vous conseille le magazine La hulotte consacré à la nature et qui a dédié son 101e numéro à cette moule peu commune !
Bonjour, Je pense que l’article dit des choses qui sont vrais et que l’on ne peut pas s’empêcher de critiquer positivement des éléments que sont les cours d’eaux et la qualité des eaux fluviaux actuels (je dis bien dans certains pays à cause des pollutions des écosystème humains qui ne sont pas en rapport avec les pollutions naturelles des fleuves et régime alluvionnaires de l’Aise, de l’Afrique ou de l’Amérique latine et dont les pollutions industrielles se surajoutent ou le déboisement des forêts enlève à la nature son pouvoir auto nettoyant et gratuit. Aller contre le cercle vicieux qui consiste à dire puisque l’eau est un fluide, il faut la canaliser, mais elle finit par contourner tous les obstacles car c’est un fluide. Les nouvelles logiques de penser est l’adaptation des villes aux élément naturelles, afin d’éviter les force destructrices qui ont toujours existé par ailleurs dans la nature, mais qui sont plus stressant aujourd’hui pour les écosystèmes dans une dynamique de croissance des populations, et de développement intensif ou les ressources vont manquer pour les générations futures si on ne réagit pas à temps.
C’est vrai qu’en Europe, et comme l’article compare les fleuves. Dans l’imaginaire de l’auteur, ils devraient être comme des vaisseaux sanguins, et non pas des dépotoirs. En Europe, beaucoup de pays on des voies navigables de bonnes qualités qui sont propice à la navigation fluviale, et à la baignade. De même que les barrages hydrauliques assurent une qualité satisfaisante tant pour la retenue des réservoirs d’eau pour produire de l’énergie ou pour l’agriculture tant pour le loisir nautique que représenterons les lacs artificielles. Mais c’est vrai que ce n’est pas toujours le cas de certains pays en Europe ou la norme peut être moins strict, les pollutions moins éduquer, le concept de risque à l’eau est moins patent ou dans les pays de l’exotisme (tropicaux ou équatoriaux) dont les régimes fluviaux sont beaucoup plus importants avec des charges en sédiment qui mettent en péril les infrastructures hydrauliques.
Pour comparer le Canada au vieux continent. La bas, il y à peut être une plus grande poétique de l’eau que les européens ont perdus. De même si on observe les aborigènes d’Australie, l’aspect sacrée de l’eau est encore très présent sous une forme coutumière qui tranche avec nos modes de consommations qui placent l’eau au rang de commodité marchande.
Donc, il faudrait agir dans plusieurs domaines (loi, politique, technologie, société) pour réformer les eaux des rivières et leur rendre leur qualité d’antan, pour que les rivières d’autrefois ne soient pas des virtualités pour les enfants futures.
Cela va aussi avec la perte du sable des plages, l’usage que l’on veut faire de la mer pour prélever de l’eau buvable. Pour mois cela n’est pas souhaitable comme choix, même si les fonds marins regorgeraient de richesses encore inexploitées. Sommes nous prêts à en payer le coût de l’exploration profonde alors que les sources d’accès facile que sont les énergies denses et stockées que la nature nous avait données gratuitement finissent pas s’épuiser. Ne faudrait il pas mieux être plus frugale quand à nos modes de vie et l’usage des technologies?
j’apprécie beaucoup le concept de votre projet, bravo w bonne continuation