Que les Vikings aient pu confectionner une bière à base de baleine, ou autre chair de poisson, reste très douteux. En ces temps de controverse autour de la chasse à la baleine, c’est pourtant l’idée marketing qu’utilise un brasseur islandais.
Une nouvelle bière… à la baleine
La brasserie s’appelle Steðji et affirme sur son site internet que sa nouvelle bière est destinée à ceux qui souhaiteraient devenir de « véritables vikings« .
Si cet argument semble peu crédible pour des adultes, le site poursuit dans sa propre logique : la bière serait bonne pour la santé puisqu’elle contient de la viande de cétacé. Or la viande de cétacé a une teneur en protéines importante pour une masse grasse raisonnable. CQFD, pensent-il.
Un marketing curieux en ces temps de controverse, y compris dans le pays, concernant la chasse à la baleine, et une illustration, hors Japon, de l’importance des traditions dans cette question. La chasse à la baleine n’est certes pas un sport national en Islande mais elle reste très ancrée commercialement. Une seule entreprise chasse l’animal dans le pays, Hvalur, mais elle a du poids sur la pêche mondiale. Et elle vient de conclure un partenariat fructueux avec le brasseur.
La pêche au rorqual commun, toujours d’actualité malgré une demande en baisse
Bien entendu, les groupes environnementaux ont réagi, dénonçant la réduction d’un animal protégé à un ingrédient. Toujours est-il que la bière a été commercialisée, malgré le fait que les baleines ainsi chassée soient des rorquals communs, une espèce menacée.
La chasse intensive a fait disparaître une bonne partie de l’espèce au siècle dernier. Les animaux sont également les victimes d’une pollution non négligeable, et notamment sonore.
La chasse au rorqual commun fait néanmoins rage depuis quelques années. Après vingt ans d’inactivité, la chasse avait repris en 2003. En 2013, la « chasse commerciale » au rorqual commun a repris, malgré le moratoire planétaire, également ignoré par la Norvège. Faisant fi des protestations internationales, Hvalur a donc pris un rythme de croisière : après avoir déjà abattu plus de 300 rorquals communs et plus de 500 petits rorquals, elle compte encore en abattre 154. Et ce avec d’importantes subventions du gouvernement islandais : chaque baleine abattue coûterait ainsi près de 550.000 euros aux contribuables islandais.
Un problème de chiffres
Le gouvernement islandais, lui, considère que la pêche est durable et se base sur des évaluations de populations du rorqual commun en Atlantique Nord.
Des données scientifiques rejetées par de nombreux pays, et nombre de spécialistes des rorquals communs qui les estiment trop imprécises. L’espèce est ainsi considérée comme « menacée de disparition » dans plusieurs pays.
La demande, elle, serait plutôt en diminution et ce notamment à cause de cette controverse. Le stock a eu plus de difficulté à être écoulé en 2013 que précédemment. La majorité de la viande de baleine est exportée au Japon où la demande a néanmoins diminué fortement ces dernières années. En parallèle, l’industrie des croisières d’obversations de baleines se développe et rapporte de plus en plus d’argent au pays. Pas encore suffisamment visiblement.
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Bonjour
Les personnes qui mangent de la baleine mangent aussi du mercure et autres métaux lourds concentrés en bout de chaîne trophique.
A part ça je serais curieux de savoir comment on fait pour incorporer de la viande de baleine dans de la bière.
re bonjour
est il possible d’avoir des précisions sur les chiffres : 300 rorquals communs, + 500 petits + 154 = 954 prises, soit, à 20 tonnes de viande en moyenne, 20 000 tonnes. Tout ça en 1 an ? et ça fait combien d’hectolitres ou canettes de bière ? (1 hectolitre = 330 canettes de 33 ml)
Un reportage sur sur la baleine réalisé par nos soins, cet été, en Islande.
saga-islande.com/
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