Des maisons murées, délabrées, squattées, des rues entières à moitié vidées de leurs habitants, une végétation anarchique qui prend possession des lieux… Plutôt que de laisser des quartiers entiers se dégrader, la mairie de Roubaix envisage une mesure radicale : racheter les maisons, et les revendre à des propriétaires s’engageant à les rénover, pour 1 euro symbolique.
Une idée géniale venue du Nord… de l’Angleterre
A Liverpool, même combat : des quartiers abandonnés d’une part, des familles mal logées, non propriétaires, voire sans logement d’autre part. Pour répondre à cette situation paradoxale, la mairie a eu une idée radicale en 2013 : racheter les bâtiments, et les céder contre une Livre symbolique. Mais pas pour autant à n’importe quel prix : les heureux propriétaires doivent s’engager à y vivre 5 ans minimum, pour éviter l’effet d’aubaine pour des spéculateurs, mais également à rénover les lieux et prouver leur capacité financière à le faire, avec une aide pour certains d’entre eux.
Résultat après ce premier test réussi grâce à cette idée géniale : une deuxième phase lancée en 2015, avec presque 150 maisons destinées à être rénovées, et plus de 2.500 candidats pour les mettre en état. L’enthousiasme pour le projet a permis de sélectionner les acquéreurs en fonction de critères stricts garantissant que les bénéfices iront bien aux habitants de la ville. Le projet a également été étendu à des magasins.
Le succès est donc aussi social, permettant à la communauté locale de prospérer. Le maire de la ville, Joe Anderson, déclarait ainsi récemment à la BBC : « Maintenant que nous savons que ce type de régime est un moyen viable de remettre des maisons vides en état, nous allons l’étendre de manière significative et aussi à utiliser un modèle similaire pour remettre des unités de magasins vacantes en service ».
A Roubaix, la maison à 1 euro intéresse presque trop
Milouda Ala, adjointe au Maire en charge du logement, a repéré et étudié cette idée. Après un voyage d’étude dans la ville des Beatles en septembre, la municipalité décidera de l’adaptation aux besoins locaux. Ce serait « une première en France » selon l’adjointe au maire : « il y a eu des initiatives sur des terrains, mais pas des immeubles à 1 euro contre réhabilitation ».
Premier enjeu : racheter les maisons
Quoique décrépites, cela nécessite un budget encore à déterminer. Milouda Ala explique donc à consoGlobe.com la démarche prudente adoptée par la municipalité du Nord : « Liverpool a très intelligemment fait un test sur une quinzaine de maisons pour pouvoir ensuite réajuster et identifier les dysfonctionnements. Mais le succès réel, la réhabilitation se fait parfaitement. Nous allons donc aussi faire un test, la réglementation anglaise n’est pas la même, mais on fera la même chose d’abord sur une dizaine de maisons, et ensuite nous étendrons l’opération au maximum ».
Pour la suite, la progression se fera en bon ordre. « Pour le moment », explique Madame Ala « je ne vais pas me prononcer sur une date : je voudrais aller vite, mais il faut aussi prendre le temps de faire les choses, parce qu’une maison à 1 euro attire aussi des investisseurs qui voudraient transformer le projet en autre chose que ce nous voulons ». Et les intentions sont claires : « nous on veut un projet social : du recyclage de logements vacances, un projet économique, parce que des propriétaires dans les rues, ce sont plus de commerçants, des médecins… les impacts économiques sont importants ».
Quel sera le budget alloué ?
Madame Ala nous explique : « Se dessaisir d’immeubles qui nous appartiennent, on va l’assumer, parce que le projet est innovant, audacieux, ça va nous apporter une plus value. Mais aussi parce que quand un immeuble est muré, il nous coûte, il doit être vérifié, il y a des squatteurs. L’équilibrage se fera donc par là. Et trouver des propriétaires dans des immeubles auparavant vacants, ce sont des impôts locaux ».
Un projet donc encore à mener à bien, mais qui suscite déjà un intérêt local, national et international « au-delà des espérances : alors que le projet est juste à l’étude, on a eu énormément d’appels de Roubaisiens, mais aussi de toute la France, et même de l’international ». Un projet donc appelé à réussir par la force de l’attente qu’il a suscité.
« recyclage de logements vacances » ??