La santé mentale des plus jeunes se dégrade, et la réponse de l’État ne suffit pas. Conséquence ? Les enfants sont de plus en plus soignés par des médicaments psychotropes en France. Un problème dénoncé par le Haut Conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge (HCFEA) dans un rapport rendu public le 13 mars 2023.
Les prescriptions de psychotropes ont… doublé en 10 ans
La santé mentale est considérée donc aujourd’hui comme la première problématique de santé publique chez l’enfant en France. Les questions de souffrance psychique résonnent de manière particulière dans la mesure où elles engendrent des répercussions sur le développement de l’enfant.
C’est avec un titre éloquent, « Quand les enfants vont mal, comment les aider ? », que le rapport du HCFEA, relayé par Le Parisien. tire la sonnette d’alarme sur la hausse des prescriptions de médicaments psychotropes aux enfants et adolescents de 6 à 17 ans. Des « dizaines de milliers d’enfants » seraient concernés par une forme de surmédication, alors que les médicaments psychotropes sont avant-tout conçus pour les adultes.
Les prescriptions ont même doublé en 10 ans, souligne le rapport. En 2022, 2,72 % des jeunes de 0 à 20 ans prenaient des hypnotiques ou des anxiolytiques, 0,81 % des antidépresseurs, 0,60 % des antipsychotiques et 0,57 % des psychostimulants. Mais avec des effets pervers du fait d’un dosage trop élevé : les enfants sont ainsi somnolents, apathiques… les émotions, l’activité psychique et le comportement sont affectés.
⚠️Les enfants sont plus exposés à la souffrance psychique, ainsi qu’à la médication, notamment en raison du déficit structurel de l’offre de soin Le #HCFEA se penche sur les politiques publiques dédiées aux enfants en difficulté psychologique.
👉https://t.co/Il4Ywb9eIv pic.twitter.com/sHMpJ7ym0Y— France Stratégie (@Strategie_Gouv) March 14, 2023
Selon l’ANSM/EPI-PHARE, déjà en 2021, la consommation de psychotropes chez l’enfant et l’adolescent avait augmenté :
- de +16 % pour les anxiolytiques ;
- de +224 % pour les hypnotiques ;
- de +23 % pour les antidépresseurs ;
- de +7,5 % pour les antipsychotiques.
Ces niveaux d’augmentation sont sans commune mesure (2 à 20 fois plus élevés) avec ceux observés au niveau de la population générale.Cette augmentation de la prescription de psychotropes chez l’enfant est antérieure à la crise sanitaire.
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Pas de solutions spécialement dédiées aux enfants
La hausse des prescriptions inquiète en particulier car elles se font « hors autorisation de mise sur le marché »… faute de médicaments adaptés à cette tranche d’âge, surtout pour les plus jeunes d’entre eux. Mais les médecins répondent là à une réelle problématique : les enfants et adolescents sont de plus en plus sujets à des épisodes dépressifs et des troubles de l’humeur. Comme les adultes, en réalité, mais pour ces derniers les solutions sont adaptées.
Sylviane Giampino, présidente du Conseil de l’enfance et de l’adolescence du HCFEA, souligne : « nous ne remettons pas en cause l’utilité de ces médicaments ni leur prescription, mais nous sommes pour un rééquilibrage et alertons sur le déficit des autres formes d’aide et de soin apportés, et cela est bien antérieur à la crise du Covid ».
Un problème généralisé en France qui reflète un réel déficit et un recul de « l’offre pédiatrique, pédopsychiatrique et médico-sociale ». Pour le HCFEA, l’offre actuelle « ne permet plus d’accueillir dans des délais raisonnables (délais d’attente de 6 à 18 mois) les enfants et les familles ». Le Haut conseil recommande de renforcer considérablement les moyens structurels dédiés à la santé mentale de l’enfant et au déploiement d’une politique publique ambitieuse en la matière. Dans l’attente, et faute de mieux, ce sont les médicaments qui prennent le relais.
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