C’est un arrêté municipal des plus originaux qu’une dizaine de maires de la Sarthe viennent de prendre : il interdit aux citoyens de tomber malade.
Un arrêté hautement symbolique
Mais pourquoi un tel arrêté ? Pour alerter quant aux difficultés croissantes que peuvent avoir les habitants de certains de ces villages pour accéder aux soins en pleine zone rurale.
En effet, la désertification médicale est une réalité au quotidien.
Ainsi, selon les chiffres de la Drees, notamment du fait des départs en retraite, on comptait 2,5 millions de personnes à vivre dans un territoire sous-doté en médecins généralistes en 2015, un chiffre qui monte à 3,8 millions en 2018. Et cet arrêté plus que symbolique, interdisant ni plus ni moins que de tomber malade, vise à le souligner. Il est ainsi « interdit de vouloir bénéficier d’un accès urgent aux soins pour toute pathologie sur le territoire de la commune ».
Le drame de la désertification
Cet arrêté très spécial interdit également « un accident ou un malaise grave sur le territoire de la commune », comme de « naître avec des problèmes de santé sur le territoire de la commune ». Comble de l’ironie, il autorise en revanche les citoyens concernés à « déménager dans le département des Alpes-Maritimes ou à Paris pour accéder à des services de santé efficients ».
Sur les 560.000 habitants de la Sarthe, 70.000 sont actuellement sans médecin référent. Cet éloignement des hôpitaux comme des médecins ne fait qu’augmenter les risques de drames, et c’est ce sur quoi les maires ruraux de la Sarthe veulent attirer l’attention.
Ils appellent l’État à prendre ses responsabilités à ce sujet. Comment ? En réduisant la liberté d’installation des médecins généralistes, en développant la télémédecine, mais aussi en incitant les internes en dernière année de médecine à s’installer en zone rurale.
Illustration bannière : Les médecins sont de moins en moins nombreux dans de nombreuses zones rurales © goodluz