Plus de 250 syndicats et groupes environnementaux de 25 pays ont signé une lettre ouverte « Non au sauvetage inconditionnel du secteur aérien ! » pour dénoncer les plans de sauvetage concernant le transport aérien. Pour elles, ce dernier doit être assorti d’une reconversion du secteur avec pour objectif de réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Des ONG mobilisées contre un plan de sauvetage des compagnies aériennes lancent la campagne SavePeopleNotPlanes
Plus de 250 associations dénoncent dans une campagne #SavePeopleNotPlanes les pressions des lobbies de l’aviation et l’illusion de « l’aviation verte ». Ces ONG réclament des contreparties afin de préserver l’environnement et découragent notamment les mesures fiscales avantageuses demandées par le président de l’Union des aéroports français.
Les organisations rappellent dans leur lettre : « Ces dernières années, les compagnies aériennes se sont fermement opposées à toute tentative de mettre fin à leurs exonérations fiscales inéquitables ».
Les compagnies aériennes ont un risque important de faillite depuis que tous les avions sont cloués au sol du fait de l’épidémie de coronavirus. Pour y faire face, la France va débloquer des milliards d’euros pour sauver Air France-KLM.
Magdalena Heuwieser, porte-parole du réseau Stay Grounded, qui lutte pour remettre l’avion à sa place, a déclaré dans des propos rapportés par la BBC : « Pendant des décennies, l’industrie aéronautique a évité de contribuer de manière significative aux objectifs climatiques mondiaux et a résisté à la moindre suggestion de taxes sur le carburant ou les billets »(1).
Des mesures fiscales avantageuses
Alors que le transport aérien génère l’une des pollutions les plus importantes, l’industrie aérienne semble vouloir profiter de la crise du coronavirus pour faire baisser certaines fiscalités. « Il faudra baisser la fiscalité sur les billets d’avion » a indiqué Thomas Juin, le président de l’Union des Aéroports Français. Toutefois, ce n’est pas du goût des ONG qui voient dans ces mesures l’écologie reléguée au dernier rang. Pour elles, le secteur aérien profite déjà de régimes avantageux.
Les associations ne manquent pas de souligner l‘absence de contribution aux objectifs climatiques mondiaux. « Désormais, les compagnies aériennes, les aéroports et les fabricants exigent des renflouements massifs et inconditionnels soutenus par les contribuables. Nous ne pouvons pas laisser l’industrie de l’aviation s’en tirer avec la privatisation des bénéfices dans les bons moments et nous attendre à ce que le public paie ses pertes dans les mauvais moments » explique Magdalena Heuwieser.
Protéger les travailleurs et non les dirigeants et les actionnaires
Dans leur lettre, les ONG font trois demandes. Elles souhaitent que les aides financières soient directement allouées aux employés du secteur aérien et non aux dirigeants ou aux actionnaires. Elles demandent donc une meilleure protection salariale pour les pilotes et le personnel navigant et tout employé travaillant dans les aéroports ainsi qu’une meilleure protection sanitaire et des revenus plus élevés.
Les ONG souhaitent également que le secteur aérien s’aligne avec les objectifs climatiques de réduction de 1,5°C du réchauffement mondial. Pour le moment, l’aviation et le transport maritime sont les seuls secteurs qui ne soient pas soumis à un objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Elles réclament des alternatives bas carbone en optant davantage pour le train par exemple.
Enfin, les ONG mentionnent le système fiscal avantageux de l’industrie aérienne avec l’exemption de la taxe sur le kérosène. Elles demandent donc que les programmes de fidélité qui encouragent à prendre l’avion plus souvent soient remplacés par des taxes qui pénalisent au contraire les voyageurs prenant l’avion régulièrement.
Les ONG espèrent ainsi que cette pause temporaire du trafic aérien puisse permettre d’évoluer vers un secteur plus respectueux du climat.
Pour en savoir plus et signer la pétition, rendez-vous ici