Alors que l’été n’a pas encore commencé, 14 départements sont déjà soumis à des restrictions d’eau en raison de l’état des nappes phréatiques. Le département des Bouches-du-Rhône est actuellement en situation de crise hydrique de niveau 4. Par ailleurs, cinq autres départements, à savoir l’Ain, l’Aude, l’Oise, les Pyrénées-Orientales et les Yvelines, sont également placés en alerte renforcée, soit le niveau juste avant la crise. Face au changement climatique plus que jamais palpable, les jardiniers doivent désormais composer avec. Dès lors, comment envisager de cultiver sereinement son potager ? En l’adaptant à la sécheresse, tout comme le jardin.
Comment lutter contre la sécheresse au potager ?
La sécheresse est ainsi un défi majeur pour les jardiniers, en particulier lorsqu’il s’agit de cultiver un potager. Le manque d’eau peut en effet entraîner un stress hydrique pour les plantes, compromettre leur croissance et leur développement et finalement réduire les récoltes. Il est donc crucial d’adopter des techniques adaptées pour protéger son potager de la sécheresse et assurer sa survie. Lesquelles ?
Le mulch ou paillage, indispensable pour protéger les cultures de la chaleur
Le paillage ou mulch est une technique efficace pour conserver l’humidité du sol et protéger les plantes de la sécheresse. En ajoutant une couche de matériau organique, comme de la paille, des feuilles mortes, du foin, de la tonte de gazon ou même des écorces d’arbres, sur le sol autour des plantations, on peut réduire l’évaporation de l’eau, éviter la formation de croûtes de terre qui empêchent l’eau de pénétrer dans le sol, et ainsi conserver l’humidité nécessaire aux cultures.
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La gestion de l’arrosage, primordial pour lutter contre la sécheresse au potager
L’arrosage est un élément clé dans la lutte contre la sécheresse au potager. Il est ainsi important d’adopter une approche judicieuse de l’arrosage pour optimiser l’utilisation de l’eau. L’une des techniques les plus efficaces étant l’arrosage au goutte-à-goutte ou la micro-irrigation, qui permet de délivrer l’eau directement aux racines des plantes, minimisant ainsi les pertes par évaporation et en profondeur du sol. Il est également essentiel d’arroser au bon moment de la journée, de préférence tôt le matin ou en fin de journée, lorsque la température et l’évaporation sont plus basses.
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Préparer le sol pour qu’il résiste mieux au manque d’eau
La préparation du sol est également un élément clé pour protéger son potager de la sécheresse. Un sol sain et bien structuré peut retenir l’eau plus efficacement. Il est donc important de préparer la terre avant vos plantations en ajoutant du compost, du fumier ou d’autres matières organiques qui améliorent sa structure. Le sol sera alors plus apte à retenir l’humidité.
La gestion des mauvaises herbes concurrentes
Les mauvaises herbes peuvent concurrencer les plantes du potager en consommant de l’eau et des nutriments qui leur seraient utiles, aggravant ainsi les effets de la sécheresse. Bien que chaque plante ait un rôle, lorsque l’eau vient à manquer, il est important de gérer efficacement celles qui ne vous intéressent pas pour éviter qu’elles ne drainent de précieuses ressources. L’utilisation de techniques de désherbage manuel, de paillage ou de couverture du sol avec des matériaux tels que le carton peut aider à réduire la présence des mauvaises herbes et ainsi optimiser l’utilisation de l’eau.
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La collecte et la réutilisation de l’eau de pluie
Installer des récupérateurs d’eau de pluie dans son jardin permet de collecter l’eau tombée du toit de la maison ou d’autres surfaces imperméables, afin de l’utiliser pour arroser le potager. La collecte de l’eau de pluie est donc une méthode écologique et économique, permettant d’obtenir de l’eau supplémentaire pour son potager. Le but : préserver cette ressource précieuse en période de sécheresse, surtout lorsque des restrictions d’eau sont prononcées.
À savoir : en période de sécheresse, les restrictions ne s’appliquent généralement pas à la récupération des eaux de pluie. L’arrêté de 2008 reste en vigueur à ce sujet et il n’existe pour l’heure pas de recommandations spécifiques concernant la récupération d’eau de pluie en période de restrictions.
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Atténuer l’évaporation de l’eau au potager : plusieurs techniques
L’évaporation de l’eau du sol est un problème majeur en période de sécheresse. Il est donc important de protéger la terre de vos cultures pour éviter cette perte d’eau. En plus du paillage, d’autres techniques peuvent être utilisées pour protéger le sol contre l’évaporation, comme la création de brise-vent avec des haies ou des clôtures, l’utilisation de bâches ou de filets d’ombrage pour réduire l’exposition au soleil direct, ainsi que la création de zones d’ombre à l’aide de parasols ou de voiles d’ombrage.
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La rotation des cultures pour lutter contre la sécheresse au potager
La rotation des cultures est une pratique agricole traditionnelle qui peut également aider à lutter contre la sécheresse au potager. En alternant les cultures d’une saison à l’autre, on évite l’épuisement des nutriments du sol, ce qui conduit à une meilleure absorption de l’eau. Certaines cultures sont également plus gourmandes en eau que d’autres (nous l’abordons ci-dessous), donc en alternant les types de plantations, il est ainsi possible la déshydratation du sol.
La sélection de plantes adaptées à la sécheresse
Le choix des plantes est ainsi un aspect clé dans l’adaptation de son potager à la sécheresse. Opter pour des espèces végétales adaptées à des conditions arides peut grandement faciliter la gestion de l’eau au potager. Les plantes indigènes ou les variétés locales sont souvent mieux adaptées aux conditions climatiques de la région et peuvent nécessiter moins d’eau que les espèces exotiques. Il est donc judicieux de faire des recherches sur les plantes adaptées à la sécheresse dans votre région et de les privilégier dans votre potager.
Au potager, quels légumes résistent mieux à la sécheresse ?
De manière générale, voici quelques exemples de légumes qui peuvent mieux tolérer le manque d’eau dans un potager :
- Les légumes à racines profondes : les légumes comme les carottes, les betteraves, les radis et les oignons sont dotés de racines profondes leur permettant d’aller puiser l’eau en profondeur dans le sol, même en période de sécheresse.
- Les légumes à feuilles épaisses : les légumes à feuilles épaisses comme les épinards, les blettes, les choux et les légumes à feuilles de la famille des Cucurbitacées (courgettes, courges) ont souvent une meilleure capacité à conserver l’eau dans leurs feuilles, ce qui les rend plus résistants à la sécheresse.
- Les légumes à cycle court : les légumes à cycle court tels que les radis, les salades, les épinards, les haricots verts et les pois peuvent mieux résister à la sécheresse, car leur temps de croissance plus court nécessite moins d’eau sur une période donnée.
- Les légumes adaptés au climat local : enfin, les légumes adaptés au climat local résistent généralement bien mieux à la sécheresse, car ils sont mieux adaptés aux conditions climatiques de la région. Il est donc conseillé de choisir des variétés de légumes spécifiques à votre zone climatique pour optimiser leur résistance à la sécheresse.
Néanmoins, même les légumes résistants à la sécheresse auront besoin d’un certain niveau d’humidité pour pousser et produire des récoltes de qualité. C’est pourquoi adopter des techniques de protection contre la sécheresse dans votre potager est essentiel, quand bien même vous cultivez des légumes réputés pour leur résistance au manque d’eau.
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Pascal et Rachel Poot, le couple qui fait pousser des tomates sans eau
La sécheresse est ainsi un défi majeur pour les agriculteurs et jardiniers du monde entier. Des solutions novatrices pour cultiver des plantes sans dépendre de l’eau en abondance doivent être trouvées. Pascal Poot et Rachel, sa compagne, font partie des premiers cultivateurs à s’être penchés sur cette question au combien cruciale. Il ont ainsi développé une méthode unique pour cultiver des tomates sans utiliser d’eau.
Cultivateurs situés dans l’Hérault à Olmet-et-Villecun, Pascal et Rachel Poot développent depuis plus de 30 ans des techniques agricoles respectueuses de l’environnement. Le but : cultiver des plantes de manière durable et résiliente. Leur méthode repose sur la permaculture, une approche agricole qui vise à concevoir des écosystèmes agricoles durables et autonomes. La création d’un sol fertile et vivant et ainsi priorisé, puisque les micro-organismes de la terre jouent un rôle crucial dans la disponibilité des nutriments pour les plantes, ce qui permet aux tomates de se développer sans avoir besoin d’une irrigation supplémentaire.
Le couple d’agriculteurs s’appuie également sur des variétés de tomates anciennes et locales, qui sont mieux adaptées au climat et aux conditions de culture de sa région. Ces variétés sont ainsi bien plus résistantes à la sécheresse et aux maladies.
« Nos variétés ont de très bonnes facultés d’adaptation dans des environnements différents ou diverses régions de France et dans de nombreux pays : Bretagne, Corse, Alsace, Nouvelle-Calédonie, Suisse, Guadeloupe, Afrique du Sud, Allemagne, Belgique… Nos variétés sont exclusivement anciennes, mais aussi les plus modernes qui soient, car elles s’améliorent sans cessent ! », souligne le couple sur son site Internet.
La méthode de Rachel et Pascal Poot suscite à juste titre beaucoup d’intérêt et d’admiration dans la communauté agricole. Il faut dire que parvenir à cultiver des tomates sans utiliser d’eau est une véritable prouesse, surtout dans une région sujette à la sécheresse comme l’Occitanie. Leur ferme est ainsi devenue un lieu de référence pour les pratiques agricoles durables et résilientes, attirant des visiteurs du monde entier.
Au-delà de leur technique de culture sans eau, Pascal et Rachel Poot prônent également une approche holistique de l’agriculture, en mettant l’accent sur la biodiversité, la préservation des variétés anciennes et locales, ainsi que la régénération des sols. Leur méthode est un exemple inspirant de la manière dont il est possible de cultiver des plantes de manière respectueuse de l’environnement, en adaptant ses pratiques aux contraintes climatiques et en utilisant la nature comme alliée !