Sécheresse et fissures dans les maisons : habitez-vous dans une zone à risque ? Les signes qui doivent vous alerter

Les effets de la sécheresse exceptionnelle de l’été 2022 sont toujours palpables plusieurs mois après, notamment par l’apparition de fissures sur de très nombreuses habitations à travers la France. En novembre 2022, Florence Lustman, présidente de la Fédération française de l’assurance, estimait le coût des indemnisations pour les dommages causés à 1,9 voire 2,8 milliards d’euros, des chiffres records qui n’ont cependant rien d’étonnant. En effet, près de la moitié des sols en France sont exposés à ce problème.

Près de la moitié des sols en France exposés au phénomène de « retrait-gonflement d’argile »

Les terrains argileux sont les plus vulnérables aux effets de la sécheresse sur les maisons qui y sont construites. En période de sécheresse, le sol se contracte, tandis qu’il se dilate lors des épisodes de fortes pluies. Une variation qui provoque des mouvements de sols pouvant entraîner des fissures dans les murs des habitations. Plus les événements météorologiques sont extrêmes et fréquents, plus les dégâts sont importants. La sécheresse record de l’été 2022 a donc causé des dommages sans précédent, qui risquent de se reproduire avec la multiplication de ces épisodes en raison du réchauffement climatique.

Une fois les fissures déclarées, les sinistrés se trouvent face à un parcours du combattant pour tenter d’obtenir une compensation. Première étape essentielle : un décret de catastrophe naturelle doit être proclamé pour la commune concernée, après que la sécheresse ait été identifiée comme cause directe de ces problèmes structurels. Une procédure qui peut durer des mois, voire des années. En ce qui concerne les dommages causés durant l’été 2022, les indemnisations ne seront pas disponibles avant juin 2023. Les assurances, vivement critiquées pour cette lenteur par plusieurs associations de victimes, soulignent pour leur part que plus de la moitié des dossiers aboutissent bien à une indemnisation.

Quel recours en cas de fissures sur ma maison ?

Si votre maison présente des fissures causées par la sécheresse, votre assurance peut éventuellement couvrir les coûts, mais sous certaines conditions. Tout d’abord, vous devez avoir souscrit une garantie catastrophe naturelle, généralement incluse dans les contrats multirisques habitation (MRH). Notez que les compagnies d’assurance ne couvrent que les fissures causées par des catastrophes naturelles, telles que la sécheresse, les inondations, les tempêtes ou tout autre phénomène climatique.

Votre commune doit aussi s’être déclarée en état de catastrophe naturelle. Après la publication de l’arrêté interministériel au Journal officiel, vous disposez de dix jours pour déclarer à votre tour le sinistre à votre assureur. Celui-ci pourra ensuite lancer la procédure d’indemnisation.

Les dommages causés par la sécheresse peuvent être coûteux, surtout s’ils affectent les fondations de votre maison. Dans un premier temps, votre compagnie d’assurance mandatera un expert en assurance pour réaliser une étude du sol. Ce professionnel se prononcera sur l’origine de la catastrophe et proposera des solutions, à la charge de l’assureur. Quant au montant de l’indemnisation, il varie en fonction de la nature des dommages et des travaux nécessaires pour réparer la maison endommagée par la sécheresse.

Sécheresse et risque de fissures sur votre maison : êtes-vous concerné ?

NamR, expert en analyse de données, a récemment créé une carte des maisons présentant des risques élevés de « retrait-gonflement d’argile ». Dans certains départements, plus de la moitié des maisons sont considérées comme étant à risque, tandis que dans certaines villes, toutes les maisons sont potentiellement concernées. Au niveau départemental, la situation la plus alarmante se trouve dans le Gers, où 87 % des maisons sont situées dans des zones à risque de retrait/gonflement d’argile. Les pourcentages dépassent 60 % dans les Bouches-du-Rhône, et plus de la moitié des maisons sont également à risque dans les Alpes-de-Haute-Provence (54 %), en Haute-Garonne (54 %) et dans le Lot-et-Garonne (53 %).

Neuf villes françaises particulièrement touchées par le phénomène de « retrait-gonflement d’argile »

En outre, plusieurs villes françaises sont considérées comme étant particulièrement concernées par le phénomène du retrait-gonflement d’argile. Il s’agit de Montfermeil en Seine-Saint-Denis, l’Union en Haute-Garonne, Auch dans le Gers et Fuveau dans les Bouches-du-Rhône.

La situation est également préoccupante à Marseille et à Aix-en-Provence, où plus de 90 % des habitations sont à risque. On observe également des pourcentages élevés à La Rochelle (68 %), à Clermont-Ferrand (58 %) et à Tours (53 %).

Comment reconnaître une fissure due à la sécheresse ?

Si vous repérez une fissure dans votre maison, il est crucial de ne pas ignorer ce signe, car une microfissure peut évoluer rapidement. Il est ainsi important de signaler au plus vite toute fissure à votre assureur afin de ne pas risquer un refus d’indemnisation. Voici les principaux signes qui doivent vous pousser à entamer des démarches :

• Les microfissures commencent à s’agrandir (n’oubliez pas de les mesurer régulièrement).
• Vous remarquez l’apparition de fissures dans vos murs, carrelages, parquets, etc.
• Vous entendez des bruits de craquements récurrents dans votre maison.
• Votre logement semble prendre plus facilement l’humidité qu’auparavant.

Outre ces signes, certains peuvent laisser penser à des fissures liées à la sécheresse, surtout après un épisode où le manque de pluie et les températures élevées se sont fait ressentir :

• Des fissures qui apparaissent près des ouvertures du bâtiment.
• Des fissures en escalier ou horizontales.
• Des difficultés à ouvrir les portes et les fenêtres.
• Des carreaux de carrelage qui se décollent du sol.
• Un espace entre le mur et le sol au niveau de la plinthe.
• Des déchirures ou des décollements de papier peint près des fissures.
• Des zones de crépis arraché localisées sur la façade.
• Un mur qui n’est pas parfaitement vertical.
• Un sol qui n’est pas tout à fait de niveau.

Bon à savoir : pour vous renseigner sur les risques de sécheresse dans votre région, vous pouvez aussi contacter votre mairie et demander à consulter le Plan local d’urbanisme ou la carte des sols, pour obtenir plus d’informations. Vous pouvez également vous renseigner sur les risques naturels dans votre commune en consultant le site internet officiel Géorisques.