En mai dernier, la préfecture de l’Hérault a émis un avis défavorable sur un projet immobilier de luxe, comportant un golf 18 trous et 600 villas. En cause : « le contexte de sécheresse précoce ». Une victoire pour l’environnement.
Un projet de golf retoqué dans l’Hérault à cause de la sécheresse
Ce projet allait en effet pomper dans la nappe phréatique 300.000 mètres cubes d’eau par an, soit la consommation d’eau d’une ville de 12.000 habitants. Difficile à assumer dans un département déjà soumis en quasi-totalité à des alertes sécheresses, et où le niveau des nappes est au plus bas.
L’arrosage d’un golf nécessite énormément d’eau ©KellsPics
La préfecture indique qu’« à l’heure où le réchauffement climatique conduit à des périodes de sécheresse durable et où la ressource en eau doit être préservée, tout projet de conception ancienne mérite d’être réinterrogé à l’aune des enjeux auxquels nous sommes confrontés ». Le communiqué mériterait de faire jurisprudence ; combien de nouveaux projets de centres commerciaux ou de lotissements seraient alors retoqués par les services de l’État ?
La préfecture de l’Hérault donne raison aux opposants au projet, élus et citoyens, qui estimaient de ce projet était complètement hors-sol face aux enjeux d’eau et de climat qui sévissent dans ce département. Et elle ne se mouille pas trop, quand on sait qu’on y trouve déjà 12 golfs…
L’heure du glas pour les golfs a-t-il sonné ?
Quoi qu’il en soit, les golfs ne sont -à juste titre- pas en odeur de sainteté. En effet, ils avaient fait preuve de dérogations pour leur arrosage au plus fort de la canicule de 2022. Une exception, injuste, qui avait fait polémique et qui ne devrait plus durer.
En avril dernier, un rapport interministériel a été rendu sur la question de l’arrosage des golfs. Le rapport préconise d’arroser les golfs avec des eaux usées, et non pas avec l’eau des nappes phréatiques ou du réseau d’eau potable. Un arrosage qui nécessite de se trouver à proximité d’une station d’épuration, qui ne conviendra donc pas à tous les golfs.
Actuellement, la Fédération Française de Golf indique qu’environ 10 % des golfs arrosent leurs terrains avec des eaux usées. 80 % d’entre eux possèdent un forage ou puisent dans les rivières, et 10 % utilisent de l’eau potable ( !)(1).
La Fédération indique que les greens ne représentent qu’1 à 2 % de la surface d’un terrain de golf, et que le reste peut se passer d’arrosage. Elle déplore « les détracteurs qui vilipendent le golf a des fins politiques » et propose « de venir voir sur place les étendues de nature, la biodiversité, la convivialité et le sport-santé que procure le golf ».
Le green de golf doit toujours être vert ©Jacob Lund
Lorsque l’on sait que l’entretien d’une pelouse de golf nécessite également 18 kg de pesticides par hectare et par an (contre 2,5 kg en moyenne pour l’agriculture)(2), on ne doute pas qu’il pourrait y avoir des utilisations bien plus intéressantes pour la biodiversité que ces hectares de gazon.
Il sera très difficile aux élus et gestionnaires de faire passer à nouveau une dérogation concernant l’arrosage des golfs, si la France vient à connaître un nouvel épisode de sécheresse cet été. Si les golfs ne peuvent pas être arrosés, ils ne peuvent pas survivre : « sans eau, un green meurt en trois jours et il faut trois mois pour le faire repousser. Or un parcours sans green, c’est comme une patinoire sans glace, il devra fermer », indique Gérard Rougier de la Fédération Française de Golf pour France TV Info. Qui s’en plaindra ?
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Illustration bannière : le golf bientôt au fond du trou ? © Lukas Gojda
