Face à l’ampleur de la catastrophe que vivent actuellement la Turquie et la Syrie, ceux qui habitent sur des failles sismiques ont probablement peur d’un éventuel tremblement de terre dans leur région. Les sismologues connaissent-ils les zones précises où les prochains séismes auront lieu ? Peuvent-ils savoir quand ?
Le séisme en Turquie et en Syrie pouvait-il être anticipé ?
L’affirmation de Jean-Paul Montagner, sismologue et professeur émérite de géophysique cité par Ouest France fait froid dans le dos. « On sait où auront lieu les prochains grands tremblements de terre, mais on est absolument incapables de savoir quand », a-t-il affirmé. Le tremblement de terre qui a eu lieu en Turquie et en Syrie dans une région située à la jonction des plaques anatolienne et arabique ne pouvait donc pas être prédit.
Pourtant, il faut dire que le tweet du néerlandais Frank Hoogerbeets a fait grand bruit. Ce dernier a annoncé le 3 février 2023 qu’il y aurait « tôt ou tard, un séisme d’une magnitude d’environ 7,5 dans la région sud-centrale de la Turquie, de la Jordanie, de la Syrie et du Liban », comme le rapporte Libération. Depuis, le tweet de Frank a été vu plus de 50 millions de fois.
Sooner or later there will be a ~M 7.5 #earthquake in this region (South-Central Turkey, Jordan, Syria, Lebanon). #deprem pic.twitter.com/6CcSnjJmCV
— Frank Hoogerbeets (@hogrbe) February 3, 2023
Cependant, l’homme fait des centaines de prédictions de ce type à partir de données astronomiques. Il a probablement tapé dans le mille cette fois-ci. Olivier Fabbri, chercheur dans les sciences de la terre et du vivant, explique : « Les séismes ont la fâcheuse habitude de se produire là où on ne les attend pas. L’exemple turc est emblématique, mais les plus emblématiques sont certainement ceux de Sumatra (le 26 décembre 2004) et de Sendaï, Japon (le 11 mars 2011), ou encore celui de Kumamoto, Japon (le 16 avril 2016). Concernant celui de Sendai, dans les années 2000, les scientifiques japonais avaient dressé une carte des dix failles susceptibles de produire des ruptures particulièrement destructrices. La zone de Sendaï (et la faille en mer à l’origine du séisme) ne figurait pas sur cette carte… Alors les dates, inutile de vous dire qu’on en est encore loin ».
Le cas de la faille située sous la Californie
En Californie, se trouve probablement l’une des failles les plus connues. Elle est située à la jonction des plaques tectoniques pacifique et nord-américaine. C’est le 18 avril 1908 que le dernier séisme d’importance a eu lieu dans la région de San Francisco. Le tremblement d’une magnitude de 7,8 sur l’échelle de Richter, a fait 3.000 morts. Un autre séisme, d’une magnitude de 6,7, a frappé la région de Los Angeles le 17 janvier 1994. Les habitants de l’ouest des États-Unis vivent avec un risque permanent à cause de la faille de San Andreas. Le séisme qui vient de se produire en Turquie renforce la peur des américains du « Big One ».
En 2015, des travaux présentés par un professeur de sciences de la terre de l’université de Californie du Sud font craindre un tremblement de terre de grande envergure d’au moins 8 sur l’échelle de Richter avec trois ou quatre répliques de plus de 6.0. Le professeur James Nolan explique que la faille pourrait relâcher toutes ses tensions après une période d’un demi-millénaire de calme. Les secousses enregistrées dans les années 90 ne sont pour lui que de faibles relâchements de tensions de la faille avant une forte secousse. Il note que la faille continue de bouger de 5 à 7,5 millimètres chaque année et que « l’énergie contenue dans les pierres peut se libérer et craquer à tout moment » comme cela a été le cas en 1812 avec un séisme de 7,5 et en 1857 avec un autre séisme de 7,9. Cependant, l’augmentation de la population et le développement de l’urbanisation font craindre des séismes plus puissants. Toutefois, personne ne peut prédire quand précisément il se produira.
De nombreuses autres failles sismiques dans le monde
Le Japon est à la croisée des plaques tectoniques du pacifique, eurasienne et des Philippines. Personne n’a d’ailleurs oublié le dernier séisme en date du 11 mars 2011. D’une magnitude de 9,1, le tremblement de terre suivi d’un tsunami a causé la mort de près de 16.000 personnes et l’accident nucléaire de Fukushima. Celui-ci a fait suite au tremblement de terre de Kobe en 1995 avec 6.400 morts. Mais si l’on en croit la théorie du gap sismique, le Japon pourrait connaître d’autres tremblements de terre prochainement notamment dans les régions de Tokai et Nankai au Sud-Ouest.
En Indonésie, de nombreux séismes ont déjà eu lieu dont celui du 26 décembre 2004 d’une magnitude de 9,1 à 9,3. Ce tremblement de terre d’une force incroyable a été l’un des plus violents avec 230.000 morts. Ce pays se trouve sur l’une des zones les plus sensibles au monde nommée la « ceinture de feu » du Pacifique longue de 40.000 kilomètres. Elle débute en Nouvelle-Zélande pour se terminer au sud du Chili.
Le dernier séisme d’importance au Chili date du 22 mai 1960. D’une magnitude estimée à 9,5 sur l’échelle de Richter, il a fait entre 3.000 et 6.000 morts.
Enfin, le Népal est également une zone à risque. Il se trouve à la jonction entre les plaques indienne et eurasienne. Le dernier séisme en date est celui du 25 avril 2015 d’une magnitude de 7,9 et avec près de 9.000 morts.
D’autres zones comme les Antilles, l’Australie ou encore l’Europe du sud sont à risque. En 1908, le séisme de Messine, au sud de l’Italie avait entraîné un tsunami. 75.000 à 200.000 personnes ont péri et de nombreuses villes ont été réduites à néant.