Les artistes ont compris depuis longtemps que la solitude, et un certain ennui, étaient la clé du processus créatif. À présent, les spécialistes du monde du travail comprennent que s’ennuyer au travail est bon aussi pour l’économie. C’est ce que prouvent deux chercheurs dans un essai (en anglais) : Executives, protect your alone time (« Cadres, protégez les moments où vous êtes seul »)(1).
S’ennuyer au travail serait bon pour la créativité
Enchaîner réunion sur réunion ne serait pas forcément bon pour laisser de la place à la créativité. Il est bon de pouvoir simplement de laisser entraîner par ses pensées pour déclencher des processus créatifs.
La créativité, la nouvelle vertu au travail
À présent que les tâches mécaniques ont été remplacées par des robots et que de plus en plus de tâches sont automatisées, ce qui fait la plus-value des salariés au travail est leur créativité.
Or pour être stimulés, les processus créatifs nécessitent d’être activés à des moments de pause. Être seul, s’ennuyer au travail stimule ainsi la créativité. Or pas si facile de trouver ces moments lorsque l’on est cadre aujourd’hui, et que l’on est sans cesse stimulé par des facteurs externes : collègues, messages, réunions…
Il est encore plus difficile de laisser libre cours à son imagination lorsque « son bureau est dans sa poche » : les smartphones ont tendance à occuper le temps libre des salariés.
Pour les auteurs de l’essai, Scott Barry Kaufman et Caroline Gregoire, « la culture actuelle tend à surestimer l’importance de l’interaction sociale, en partie due aux réseaux sociaux. On a tendance à voir le temps passé seul comme du temps perdu ou comme un signe de mélancolie. Au contraire, nous devrions le voir comme un signe de maturité émotionnelle et d’un développement psychologique sain ».
Ainsi, les auteurs incitent les dirigeants à prendre plus de mesures pour laisser leurs salariés s’ennuyer. Et surtout, ils devraient les pousser à prendre tous leurs jours de vacances : « cela leur donne le temps et l’espace pour remplir leur énergie créative » !
Article mis à jour et republié
Il ne faut pas confondre des moments d’ « ennui programmé » avec l’ennui véritable et totalement délétère! Celui qui vous mine et finit par vous envoyer chez le médecin qui diagnostique un bore-out. J’ai subi plusieurs « mise au placard » et aujoud’hui encore, je souffre énormément d’un travail répétitif et sans aucune stimulation intellectuelle, avec un patron qui me dévalorise sans cesse. Si je devais y trouver une quelconque stimulation, ce serait celle de me donner les moyens de me sortir de ce get-apens. Mais l’ennui est vicieux : il fatigue aussi énormément et fait perdre toute énergie qui nous permettrait de nous bouger.
Merci pour votre témoignage ! Effectivement le « bore-out » est une véritable maladie…