L’industrie du pétrole nous habitue plutôt à prévoir des décennies de croissance ininterrompue. Pour la première fois, l’une des « Majors » prévoit une baisse de la consommation, peut-être même d’ici cinq ans.
C’est lors d’une conférence de presse mardi que le chef des finances de Shell, Simon Henry, a partagé l’analyse selon laquelle la demande de pétrole diminuera avant l’offre, précisant : « Ce pic pourrait se produire dans les 5 à 15 prochaines années, et il sera amené par les efforts en matière d’efficacité énergétique et par la substitution du pétrole par d’autres énergies, qui feront plus que compenser la nouvelle demande de transport ».
Shell, iconoclaste ?
Certains des plus grands concurrents de Shell, tels que la société Exxon, ne partagent pas son analyse. La firme américaine, première au monde en termes de capitalisation, prévoit quant à elle environ 20 % d’augmentation de la consommation de pétrole entre 2014 et 2040. Le plus grand pays producteur, l’Arabie saoudite, estime aussi que la demande continuera à croître, du fait de la consommation dans les marchés émergents.
Chez BP, on estime que l’augmentation de la demande de pétrole sera d’environ 20 millions de barils par jour au cours des deux prochaines décennies, et qu’elle sera probablement suffisante pour compenser l’impact de l’avènement de la voiture électrique sur les routes. La firme britannique ne voit qu’un impact à plus long terme, dans 30 à 50 ans.
Des analyses convergentes de la baisse de la demande de pétrole mondiale
D’autres toutefois font un pronostic cohérent avec celui de Shell. Le déploiement massif des énergies renouvelables, jusqu’à récemment décriées comme irréalistes, et d’autres technologies disruptives, telles que les voitures électriques, feront atteindre à la demande de pétrole mondiale son niveau maximal en 2030, estime le Conseil mondial de l’énergie.
La firme d’analyse Bloomberg New Energy Finance prévoit, elle, un pic en 2025 et un déclin de la demande de pétrole dans les années 2030. Toutes les molécules de pétrole extraites du sous-sol terrestre ne trouveraient-elles donc pas d’acheteurs à l’avenir ? Certaines compagnies pétrolières se le demandent.
Néanmoins, les débouchés sont suffisamment variés pour garantir des décennies de prospérité aux sociétés pétrolières : gaz naturel, diversification dans les biocarburants. D’ailleurs Shell estime que le pétrole et le gaz continueront à faire partie du mix énergétique pendant encore de nombreuses décennies.
Photo de bannière : Pipeline demande de pétrole © iii Shutterstock