D’après un rapport confidentiel, révélé par un journaliste, la compagnie pétrolière était consciente dès les années 1980 de l’impact de son industrie sur l’environnement. Et n’a pourtant rien fait.
Shell connaissait les impacts de son activité sur l’environnement dès les années 1980
Le ciel s’assombrit pour Shell. Un journaliste hollandais du magazine en ligne De Correspondent a révélé un rapport interne confidentiel datant de 1988 qui montre à quel point la compagnie pétrolière était consciente des risques de son industrie en matière environnementale(1). On peut notamment y lire : « À partir du moment où le réchauffement climatique sera détectable, il pourrait déjà être trop tard pour prendre des contre-mesures effectives pour en réduire les effets, ou même stabiliser la situation ». Une phrase qui ne permet aucun doute sur le fait que Shell savait que ses activités polluaient… il y a trente ans.
Pourtant, dans les années 1990, l’entreprise néerlandaise était membre du Clobal Climate Coalition, et devait donc s’appliquer à minimiser l’impact des gaz à effet de serre sur l’environnement. En 1997, le groupe s’était par exemple opposé au protocole de Kyoto.
La suite du rapport est encore plus inquiétante : « On estime que tout changement climatique lié au CO2 ne serait pas détectable avant la fin du [XXe, NDLR] siècle. Avec les échelles de temps très longues, il serait tentant pour la société d’attendre jusque-là avant de faire quoi que ce soit. Les implications potentielles pour le monde sont cependant si grandes que les options politiques doivent être considérées beaucoup plus tôt. Et l’industrie de l’énergie doit examiner comment elle devrait jouer son rôle ». Le document démontre bien que la compagnie pétrolière étudiait l’effet de serre depuis 1981, et connaissait les conséquences de son activité.
Twitter pris d’assaut pour dénoncer la compagnie pétrolière, qui répond par un communiqué
Ce document évoque aussi l’impact du réchauffement climatique. Selon Shell, il pourrait inclure des « changements significatifs du niveau des mers, des courants marins, des modèles de précipitations, de la météo, les plus importantes transformations jamais connues depuis 12.000 ans. Ces changements à la fois rapides et spectaculaires auront un impact sur l’environnement humain, les standards de vie futurs, les ressources en nourriture, et pourraient avoir des conséquences sociales, économiques et politiques majeures ».
Twitter a aussitôt été pris d’assaut par les internautes qui ont réagi avec le hashtag #ShellKnew (Shell savait). Ces révélations ont poussé la compagnie pétrolière anglo-néerlandaise à réagir dans un communiqué de presse publié jeudi 5 avril. Elle y rappelle son engagement en faveur de l’environnement et des accords de Paris.
Al Gore : « C’est prouvé Shell savait tout des violentes tempêtes résultant de la crise climatique dans les années 1980. Mais ils n’ont rien fait. Nous devons exiger mieux et passer à l’énergie propre ! »
Shell proved to be prescient about violent storms resulting from the climate crisis in the 1980s. But they did nothing. We must demand better and shift to clean energy ! #ShellKnew. https://t.co/1kQ2CwSkNo
— Al Gore (@algore) April 6, 2018
Mais le mal est fait. Un groupe de défense de l’environnement a menacé d’attaquer en justice le géant pétrolier Royal Dutch Shell, dont le siège est à La Haye. L’association Les Amis de la Terre Pays-Bas l’accuse de ne pas aligner sa politique sur les objectifs de l’Accord de Paris sur le climat. Dans un communiqué, elle annonce qu’elle « attaquera Shell en justice si la compagnie pétrolière ne répond pas à nos demandes d’arrêter sa destruction du climat », ajoutant que la « politique actuelle de la compagnie était en contradiction avec les accords de Paris ». Royal Dutch Shell a deux mois pour éviter un procès inédit en répondant aux exigences de Milieudefensie, une association néerlandaise qui fait partie du réseau des Amis de la Terre.
Illustration bannière : Station service Shell – © defotoberg / Shutterstock
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Donc, si je comprends bien, avant même que le GIEC/IPCC ne soit lancé avec force sonneries de trompettes urbi et orbi, des scientifiques de Shell se sont plantés aussi lamentablement que lui. Comme quoi, bis repetita…
Merci pour l’information. Vivement des actions concrètes pour nous éviter le pire!