À côté de réalisations prestigieuses comme le musée Pompidou-Metz ou le siège social de Swatch, Shigeru Ban a imaginé et fait construire des abris en rouleaux de carton ou en bambou pour les réfugiés du Rwanda ou des tremblements de terre à Kobé, au Japon, en 1995, ou au Népal en 2015.
Le grand tremblement de terre de Kobé change la carrière de Shigeru Ban
En 1995, un tremblement de terre détruit la ville de Kobé au Japon. Shigeru Ban se porte alors volontaire pour construire des abris. Aidé d’étudiants en architecture et de rescapés, il parvient à monter 26 abris en quelques heures. Des caisses de bière en plastique remplies de sacs de sable servent de fondation. Des tubes de carton renforcés par des tiges métalliques boulonnés font les murs. Une toile posée sur une charpente en tubes sert de toit.
On appelle ces abris les « Paper Loghouse » (cabanons en papier).
Une longue réflexion sur les matériaux pauvres
Si Shigeru Ban a pu répondre aussi rapidement et aussi efficacement face au désastre, c’est que sa réflexion sur les matériaux pauvres avait commencé bien avant le tremblement de terre. Dès 1985, il avait constaté que les rouleaux de carton qui servent de support aux plans d’architecte sont extrêmement solides.
Lors d’une visite à usine qui fabrique ces rouleaux à base de papier recyclé, il découvre qu’on peut varier presque à l’infini leur dimensions. De plus, le carton est un matériau léger et économique, produit localement.
Dès lors, il s’applique à les renforcer, et développe des structures en carton si solides que l’on peut en faire des maisons. Au Japon où on utilise depuis longtemps le papier, le bambou et le bois dans les constructions, son travail découverte s’inscrit en fait dans une tradition millénaire.
Shigeru Ban, l’architecte de l’urgence
En 1994, Shigeru Ban se rend au Rwanda pendant la guerre et conseille le Haut-Commissariat aux Réfugiés (HCR) sur la meilleure façon de construire des abris d’urgence dans les camps de réfugiés. De 1995 à 1999, il intervient, en tant qu’architecte-conseiller du HCR, dans des situations d’urgence en Chine, en Inde, en Nouvelle-Zélande, et au Népal.
Constatant que les bâtisses traditionnelles en bois et en brique au Népal résistent mieux aux tremblements de terre que les bâtiments modernes, il adapte la construction traditionnelle aux situations d’urgence, en combinant des cadres en bois et des briques prélevées sur les décombres des maisons sinistrées. Dans la mesure du possible, il essaie toujours d’impliquer les habitants dans la reconstruction de leurs propres abris et d’utiliser des matériaux simples, produits localement. Plutôt que de reproduire ces immenses villages de tentes posés au milieu de nulle part qui réduisent les réfugiés à des prisonniers sans espoir.