Les consommateurs les plus attentifs l’auront déjà remarqué, certains paquets semblent moins remplis dans les rayons mais pourtant leur prix n’a pas changé, c’est ce qu’on appelle la « shrinkflation » ou encore « réduflation ». Ce phénomène prend de l’ampleur dans l’Hexagone, de plus en plus de marques utilisant cette technique pour augmenter leurs prix en toute discrétion.
Shrinkflation – Une hausse des prix cachée
Les industriels rivalisent de techniques plus ou moins honnêtes pour continuellement accroître leurs marges. L’une d’elles, la « shrinkflation » est de plus en plus utilisée dans l’agroalimentaire. Elle permet d’accroître les prix de façon dissimulée.
Pour cela, les marques réduisent le format de leur produit sans réduire leur prix : des paquets pleins de vide. De nombreux produits comme les chips, les céréales ou encore le papier toilette sont concernés. Mais c’est le chocolat qui est l’un des produits le plus touché par ce phénomène (avec des carreaux de moins en moins gros).
Les Français vérifient souvent le prix des produits qu’ils achètent mais ils sont beaucoup moins attentifs à la quantité indiquée sur les emballages. « C’est plus insidieux parce que diminuer la taille, c’est moins voyant qu’une hausse de prix », explique Jonathan Khoo, concepteur de logiciel en Oregon, dans des propos rapportés par La Dépêche (1).
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Internet pour dénoncer les « shrinkflation »
Même si le phénomène existe depuis des décennies, il était plus difficile de le dénoncer. Aujourd’hui, avec Internet chacun peut se plaindre dès lors qu’il remarque un ajustement des quantités.
Jonathan Khoo explique : « C’est plus insidieux parce que diminuer la taille, c’est moins voyant qu’une hausse de prix. C’est le délai entre l’achat et le moment où vous vous rendez compte que vous vous êtes fait avoir qui rend la manoeuvre pire » que lorsque l’on augmente simplement le prix.
Le consommateur se sent alors trahi d’une certaine façon. « Les consommateurs ont confusément l’idée que les quantités sont normées, réglementées » indique Pierre Chandon, professeur de marketing à l’Insead (l’Institut européen d’administration des affaires), mais malheureusement ce n’est pas le cas hormis pour l’alcool.
« Avec l’inflation qui revient, certains industriels ont compris qu’il était plus avantageux de faire passer l’augmentation du prix au kilo par une réduction de l’emballage », explique le professeur à BFMTV.
Vérifier le format au kilo
Pour éviter de se retrouver avec une crème dessert au même format mais avec un contenu moindre, il faut penser à vérifier le prix au kilo. Veillez également aux formats familiaux. L’organisation Foodwatch a d’ailleurs alerté contre les maxi formats qui sont parfois plus chers au kilo que leur équivalent au format classique. Cette autre technique est également bien connue dans le monde de l’agroalimentaire.
Pour l’instant, aucune marque ne s’engage à revenir en arrière. « Si ça continue à leur faire gagner de l’argent, ils le feront », ajoute Pierre Chandon. Ces changements pourraient donc perdurer au détriment du consommateur.
Il faut également mentionner les surplus inutiles d’emballages. Seule la loi anti-gaspillage pourrait venir donner un coup de pied dans la fourmilière puisqu’elle prévoit la fin de la mise sur le marché des emballages en plastique à usage unique d’ici 2040. À l’avenir, les grandes marques pourraient donc être obligées de réduire leurs paquets.