Le monde des insectes fait face à une batterie d’agressions externes tellement variées qu’il serait impossible de les citer toutes. Ils sont présents dans tant d’écosystèmes partout à travers le monde que cela complexifie d’autant la chose. Reste à savoir ici si nous serions capables de faire ce qu’ils font… Prenons l’exemple de ces insectes sociaux que sont les termites champignonnistes « cathédrales ».
Si nous vivions comme elles :
Nous serions des bâtisseurs de cités « cathédrales »
Bâtisseuses infatigables, les Termites macrotermes ou champignonnistes érigent d’énormes nids épigés qui sont si robustes qu’ils peuvent s’élever à 5 mètres au-dessus du sol. Pas mal pour un insecte qui ne mesure que quelques millimètres !
Ce sont les fameuses termitières « cathédrales » caractéristiques des savanes… de véritables métropoles capables de contenir plusieurs millions d’individus dans d’innombrables chambres plates alvéolaires, constituées de fines lames d’argile obliques, entrecroisées et soudées à la salive. La paroi de terre externe qui enveloppe l’ensemble peut atteindre jusqu’à 40 centimètres d’épaisseur.
Des architectes bioclimatiques hors pairs
À l’instar des certaines fourmis, ces termites sont incapables de digérer la fibre végétale (cellulose) et ont développé une certaine forme d’agriculture – ou tout du moins une relation très proche – avec un champignon décomposeur qu’elles nourrissent et dont elles se nourrissent. C’est aussi pourquoi on les appelle termites champignonnistes.
Toute la vie de la colonie est donc tournée vers la protection de la ou des chambres de culture de ce champignon, ainsi que de celles où sont installés les couvains (les oeufs d’où sortiront les futur termites). Une légère lame d’argile d’environ 1 cm entoure l’ensemble des chambres, les séparant du reste de la « cathédrale ».
Dans ces chambres de culture et de « maternité » encore plus que dans le reste du nid, tous les paramètres vitaux sont gérés aux petits oignons avec une température quasi stable toute l’année, mais aussi un taux d’humidité très élevé lui-aussi constant, et un taux de dioxyde de carbone sensiblement plus élevé.
Comment font-elles pour y parvenir : par d’ingénieux système de conduits d’air. Ce dernier se diffuse lentement à travers l’épaisse muraille, dont la porosité est modifiée par les ouvriers en fonction des conditions extérieures.
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Nos constructions se verraient depuis l’espace
Une grande partie des insectes sociaux qui peuplent la planète et dont font partie les termites se trouvent sur le continent africain. C’est cependant au nord-est du Brésil qu’une étonnante découverte a été faites très récemment en 2015(1). En effet, tant de termitières y ont été retrouvé au même endroit que tout un chacun avait du mal à s’imaginer l’ampleur de leur nombre et de leur surface.
Élaborées il y a de cela environ 4.000 ans, ce sont 200 millions de termitières d’en moyenne 2,5 mètres de hauteur et 9 mètres de large qui y ont été retrouvées pour un équivalent de 10 kilomètres cubes de terre – soit l’équivalent de 4.000 pyramides de Gizeh, le tout visible de l’espace !
Notre population pourrait passer rapidement de 2 à plusieurs millions
L’étrange monde des termites est régi par la loi des castes avec une organisation que la naissance définit à travers les pontes de la reine. Soldats et Ouvriers travaillent main dans la main à protéger le couple royal, et à faire grandir et perdurer la colonie.
De cette colonie essaimera un jour des spécimens qui iront rencontrer leurs congénères pour former des couples de mâles fécondateurs et de reines qui pourront alors fonder une nouvelle colonie.
Cherchant une cavité dans le sol pour débuter son travail de ponte, la reine pourra alors commencer à créer son peuple aux côtés de son mâle qui restera avec elle toute leur vie.
Une fois la colonie assez robuste pour acquérir un rythme de ponte « de routine », la reine pondra environ un oeuf toutes les deux secondes, arrivant à maintenir un niveau de population qui compte plusieurs millions d’individus. Une mère peut pondre vingt millions d’oeufs au cours de sa vie !
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Les termites du genre Macrotermes qui sont aussi appelées « termites cathédrales » du fait de leur nid qui sont souvent de dimensions impressionnantes, ne sont pas particulièrement du genre fermés aux étrangers.
Si les deux premières années de vie de la colonie se font sous terre certainement pour gagner du temps en restant le plus discret possible étant donné le faible nombre de spécimens, la construction s’élève ensuite au-dessus du sol.
C’est à partir de là que le nid « cathédrale » commence à prendre des dimensions telles que d’autres espèces s’y intéressent notamment toutes les parties prenantes de la vie des sols comme les Collemboles…
Mais pas que ! Des Lépidoptères, des Blattes, des Diptères, des Coléoptères, des Hémiptères et des Hyménoptères répondent aussi présents. Et ce sont déjà plus de 1.500 espèces qui sont désormais connues pour vivre aux côtés des termites dans leur propre nid.
Il est cependant à ce stade de la recherche encore difficile de dire si les termites y trouvent un intérêt, ne s’en rendent pas compte ou laissent tout simplement faire !