Après que la Chine ait refermé ses portes, c’est en Europe que devrait arriver une partie du soja produit outre-Atlantique. Mais quel intérêt et quel danger pour l’agriculture européenne ?
UE – État-Unis : un accord pour le soja américain à double interprétation
Difficile de s’y retrouver dans une négociation avec Donald Trump… « Nous venons de vous ouvrir la porte de l’Europe…Vous avez obtenu un marché immense », a-t-il lâché lors d’un meeting dans l’Iowa, après sa rencontre avec le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker.
Pourtant de ce côté de l’océan Atlantique, le ton est tout différent : Bruxelles affirme que l’accord récemment scellé pour éviter une guerre commerciale ne prévoit pas d’ouvrir plus largement l’accès au marché agricole européen(1). La France, elle, demande des clarifications.
Pour l’année 2018-2019, la demande du marché européen en soja est estimée à 15,3 millions de tonnes. Soit moins du sixième du volume que la Chine aurait pu acheter aux États-Unis : pas de quoi sauver les producteurs de soja américains… D’ailleurs, face aux 12,3 milliards de dollars de soja américain importés par la Chine en 2017, l’Union Européenne n’en a acheté que 1,6 milliard de dollars. Le soja américain ne représente en fait, pour l’instant, que le tiers des importations européennes en la matière.
Pourtant, les importations européennes de soja américain ont déjà commencé à augmenter, le soja brésilien étant devenu plus intéressant pour les importateurs chinois à l’issue de la bataille économique États-Unis vs Chine. Et aujourd’hui, le soja américain se négocie à très bon prix.
Selon les dernières données fournies par l’UE, 360.000 tonnes de soja américain ont été importées en juillet 2018, ce qui représente une augmentation de 283 % par rapport à juillet 2017. De même, on est passé de 37 % de soja américain dans les importations totales de cette légumineuses en Europe contre 9 % en juillet 2017(2).
Des normes entièrement différentes
Mais au-delà de la dimension économique, la question environnementale est essentielle : Europe et États-Unis n’ont absolument pas les mêmes normes en matière d’agriculture. Ainsi, 94 % du soja planté aux États-Unis est génétiquement modifié pour résister aux désherbants.
« Nous avons des normes sanitaires, alimentaires et environnementales élevées et des règles de production auxquelles nous sommes attachés parce qu’elles garantissent la protection et la sécurité de nos consommateurs », a notamment déclaré le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire. Et de poursuivre : « Je considère qu’aucun standard européen ne doit être supprimé ou abaissé en matière environnementale, sanitaire ou alimentaire par exemple ».
Qui plus est, ce soja américain, produit à base de variétés qui subissent plusieurs pulvérisations de glyphosate en végétation, contient un taux important de résidus de cet herbicide.
Les consommateurs européens restent en effet attachés à consommer une nourriture presque exempte de pesticides, et les OGM n’ont pas bonne réputation. En règle générale, hormis quelques exceptions, les agriculteurs européens refusent d’en produire, et sont par ailleurs soumis à des contraintes bien plus poussées en termes d’usage de produits phytosanitaires. Une importation américaine massive reviendrait à nourrir les animaux européens avec un soja tout sauf satisfaisant en termes de normes et de traçabilité.
« Des annonces inquiétantes »
Pour autant, tout cela ne résoudrait pas la question du déficit de production européen en la matière, l’Europe étant actuellement obligée d’importer 78,6 % du soja qu’elle consomme. Comme l’a souligné le syndicat Coordination Rurale dans un communiqué : « au lieu de réduire, comme le bon sens le voudrait, ce déficit et d’envisager un plan protéines pour l’Europe afin de rééquilibrer les productions et sécuriser son alimentation, Jean-Claude Juncker semble fier d’annoncer des décisions unilatérale aggravant la situation car important toujours plus de soja des États-Unis, qui sera évidement OGM. »
La Coordination Rurale s’est dite « surprise par les annonces inquiétantes » du président de la Commission européenne, « qui dit souhaiter importer ‘presque immédiatement… beaucoup de soja’ des États-Unis. Ce spécialiste de la finance internationale ne semble pas avoir conscience du colossal et périlleux déficit de l’Europe en protéines végétales ».
« Cette hypocrisie tue les agriculteurs en raison du différentiel de concurrence et fait porter de gros risques pour le consommateur », estime Maximilien Vangeon, représentant de la Coordination Rurale dans l’Eure-et-Loir.
Illustration bannière : Où va s’écouler le soja américain ? – © sima
- http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2018/07/29/97002-20180729FILWWW00090-trump-et-juncker-ont-bien-parle-de-l-agriculture-maintient-washington.php
- https://trends.levif.be/economie/politique-economique/l-ue-vante-le-bond-des-importations-de-soja-americain-apres-l-armistice-commercial/article-normal-873035.html
moi je boycotte tt ce qui vient des usa car « OGM/AGM » plus pesticide,hormones,etc…nos politiques bidons et traitres a la nation FRANCE ont donné leurs accords DE laquais je leur laisse le droit de manger ces produits mortiferes tt ceci est ahurisant:notre souveraineté est mise a l’epreuve :a nous de nous assumer en gardant notre bon sens