En mai 2009, nous avions interviewé Hervé Raby, l’un des co-fondateurs de Solidaime qui propose une gamme de produits alimentaires solidaires, pour qu’il nous explique le concept de cette initiative tout à faire originale. Plus d’un an après la création de Solidaime en octobre 2008, nous avons voulu prendre des nouvelles de la marque.
consoGlobe : Vous avez maintenant un an d’exercice derrière vous. Quel bilan tirez-vous de cette première année pour les produits Solidaime ?
Hervé Raby : Je vais parler des dons, puisque c’est la finalité de Solidaime. Nous avons pu verser 180 000 euros aux 4 associations partenaires : SOS Villages d’enfants, Action contre la faim, Chiens Guides d’aveugle, Handicap International. C’est un chiffre à la fois peu et beaucoup, mais qui est toujours bon pour les associations.
consoGlobe : Mais vous escomptiez plus ?
H.R : Oui, c’est vrai. Nous avions mis la barre très haute pour la première année ! Vous savez, avec un projet vertueux comme celui-là, on a beaucoup de rêves, comme peuvent en avoir les enfants avec le Père Noël !
Aujourd’hui, après un an de phase d’exploration – dans laquelle nous sommes encore -, nous avons des rêves plus proches de la réalité. Nous espérons toujours représentés 5 % des parts de marché pour chacun des produits. Et on y est presque avec les haricots, et à 3 % avec les pâtes. On espère atteindre ses 5 % pour tous les produits dans 5 ans.
consoGlobe : Avez-vous gardé les 22 produits lancés en 2008 ?
H.R : Non. Nous en avons gardé 19. Les produits ultra frais (crème, yaourts, jambon) ne font plus partie de la gamme, de façon provisoire pour l’instant. La DLC est trop courte, il n’y a pas assez de rotation, et les grandes marques écrasent le marché. En produit frais, nous avons gardé l’emmental, qui peut se conserver plusieurs semaines.
consoGlobe : Recherchez-vous de nouveaux produits à fabriquer ?
H.R : Oui, en épicerie sèche surtout, comme de l’huile et des conserves de plats cuisinés comme la choucroute, le cassoulet. Nous n’essayons pas la lessive ou le café sur lesquels le marché est trop chargé, avec trop de marques.
consoGlobe : Vous vous êtes donc recentrés sur les produits qui marchent. Qu’en est-il des distributeurs du projet d’origine ?
H.R : Nous avons gardé nos distributeurs d’origine : Auchan, Intermarché, Leclerc, et Truffaut et Animalis pour les produits alimentaires pour chiens.
Et nous avons décidé de consolider nos relations avec eux. Pour la première fois, un distributeur, Auchan en l’occurrence, nous offre une première campagne pour faire connaître nos produits.
Du 3 au 9 février, dans tous les magasins Auchan de France, des têtes de gondole et des animations avec les produits Solidaime, retrouvés aussi sur 4 pages dans les 10 millions de prospectus dédiés, sont mises en place. Cette première opération arrive à point nommé. Elle est due à la forte implication des dirigeants d’Auchan qui croient vraiment au commerce solidaire. C’est ce genre d’opérations que nous aimerions développer avec nos distributeurs. Car le plus difficile pour nous est bien de nous faire connaître.
consoGlobe : En mai 2009, vous évoquiez la possibilité d’avoir d’autres distributeurs, sur le net notamment.
H.R : Oui, mais ça n’a pas abouti, car les sites alimentaires étaient liés aux distributeurs qui nous imposaient des conditions de vente. Mais nous sommes en négociations avec de nouveaux sites. Les choses sont en train de se mettre en place.
En revanche, l’animation du réseau existe sur le net. Des espaces sur Twitter et Facebook et le site de Solidaime sont animés par des bénévoles bien sûr. 400 à 500 personnes y sont inscrites et reçoivent la newsletter tous les mois. Ce sont des relais importants.
consoGlobe : Et les associations sont toujours les mêmes aussi ?
H.R : Oui. Sauf la Croix Rouge. Elle était associée à la vente des produits frais. Comme nous les avons enlevés, il n’y a plus de dons possibles pour la Croix Rouge. Pour l’instant, en tous cas. Nous pourrons lui réattribuer les nouveaux produits à venir comme l’huile et les conserves de plats cuisinés.
En attendant, nous avons décidé de communiquer avec nos 4 associations partenaires qui vont chacune mettre en place un événement auquel nous serons associés : la création d’une aire de jeux pour enfants par SOS Villages d’enfants dans le Nord, ou l’organisation de la pyramide de chaussures d’Handicap International, par exemples.
Pour se faire, nous avons réussi à récolter 200 000 euros sous forme de dons ou de prêts. L’idée est de nous recentrer sur des actions locales, de proximité, afin de les dupliquer ensuite hors région.
consoGlobe : Allez-vous faire de vos produits solidaires des produis bio ?
H. R : Non ! Pour que la clarté du message soit bonne. Elle devient trop compliquée avec le mention bio en plus. Il faut déjà assimiler le message : 1 achat = 1 don. Ensuite, si le bio ne fait pas augmenter le prix, qui est celui de la marque distributeur plus celui du don ( 0,25 centimes pour le riz basmati, 0,08 centimes pour le maïs et la farine de blé par exemples), alors pourquoi pas. Mais d’abord, il faut d’abord bien faire reconnaître la spécificité du produit solidaire.
consoGlobe : Avez-vous été copié depuis un an ?
H.R : J’ai été au courant de 2 initiatives de ventes de produits solidaires sur le web en 2008. Mais elles n’ont pas abouti. Vous savez, monter une gamme comme Solidaime, et réussir à faire travailler ensemble des fabricants, des distributeurs et des associations, c’est vraiment compliqué, très difficile. Mais quand ça marche, c’est formidable de faire se rencontrer des mondes qui ne se connaissent pas.
consoGlobe : Où en est votre motivation ?
H. R : Elle est toujours aussi forte ! Mais elle est teintée de réalisme. 2010 est basée sous le signe de la focalisation. Nous allons faire moins de choses, mais mieux. Et continuer à se fixer 5 % de parts de marché pour chacun des produits solidaires. Mais comme je vous le disais, dans 5 ans seulement. Il a fallu 15 ans aux produits équitables pour se faire connaître. On espère aller plus vite !
L’astuce « solidaire » : la Chandeleur solidaire avec la farine Solidaime !
Le 2 février, c’est la chandeleur et l’heure des crêpes ! Faisons tous de cette fête gourmande un vrai moment de solidarité en achetant un paquet de farine Solidaime (pâtissière ou fluide) dans les grandes surfaces partenaires de Solidaime (Auchan, E.Leclerc, Intermarché et Ecomarché) : 8 centimes sont reversés à Handicap International à chaque achat !
Et sachez que le prix d’un paquet de farine Solidaime est inférieur à celui des farines de grandes marques…
En savoir plus sur Solidaime : le site officiel de Solidaime
*