Stocker les déchets nucléaires est devenu un vrai dilemme pour les pays nucléarisés. Mais quelle option choisir ? En voici quelques unes des plus loufoques.
En France, on enfouit les déchets nucléaires
Pour stocker les déchets nucléaires à haute activité et à vie longue, en France, on a choisi l’option géologique, en les enfouissant dans le sous-sol argileux de Bure, dans la Meuse. Ils y resteront ainsi confinés pendant des centaines de milliers d’années. La filière assure qu’elle est la plus sûre, mais d’autres voies ont été explorées et parfois elles sont étonnantes…
Elles ont été recensées dans un rapport de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire(1). Ainsi, pendant près de cinquante ans (entre 1946 et 1993) de nombreux pays nucléarisés (États-Unis, Russie, Royaume-Uni, France…) ont procédé à l’immersion de déchets radioactifs dans les océans. Au total, sur plus de 80 sites. En 1967 et 1969, deux campagnes européennes ont ainsi entraîné le rejet de 20.000 tonnes de déchets au large de la Galice (Espagne) et de la Bretagne.
Et pourquoi pas au-delà du système solaire ?
Mais changement d’habitude à partir de 1983, où le procédé est abandonné. Et un moratoire adopté en 1993 a entraîné l’interdiction de tout rejet en mer des déchets radioactifs, dans un souci de préservation des milieux océaniques. Mais les produits immergés n’ont jamais été récupérés. Alors si on ne peut pas les jeter en mer, pourquoi ne pas le faire dans l’espace ?
L’agence spatiale américaine, la NASA, l’a très sérieusement envisagé dans les années 1970 et 1980, en imaginant plusieurs destinations sur lesquelles elle envoyait ses astronautes alors : la surface de la Lune, l’orbite autour du Soleil, voire même les transporter jusque au-delà du système solaire. Seul frein à ces projets : le coût, ils ont donc été abandonnés.
Emprisonnés dans la glace
Autre solution envisagée : la glace, et plus précisément les étendues immenses que sont les calottes polaires de l’Antarctique et du Groenland. Le but était de déposer les colis de déchets sur ou dans la glace, la chaleur dégagée par la radioactivité provoquant la fusion des glaces qui auraient emprisonné les conteneurs avec le temps. Mais le traité sur l’Antarctique de 1959 interdit tout dépôt de déchets radioactifs au pôle Sud. Et annihile tout projet de la sorte.
Enfin, on peut aussi évoquer l’entreposage de longue durée préconisé par les opposants à l’enfouissement. Ce dernier est en effet temporaire. Les Pays-Bas, l’Écosse, l’Italie ou encore les États-Unis envisagent un entreposage à long terme pour laisser la possibilité à la science de réaliser des progrès dans le traitement des déchets. En France, cette option avait été étudiée en 1991. Mais la loi là aussi a tranché : en 2006, le stockage en couche géologique profonde a été retenu comme la « solution de référence » pour les produits à haute activité et à vie longue.