Le troisième projet de loi de finances rectificative a été présenté mercredi 10 juin dernier en Conseil des ministres. Élaboré pour renforcer le dispositif de soutien aux secteurs les plus touchés par la crise Covid-19 et déployer des mesures d’aide aux collectivités territoriales et aux plus précaires, le PLFR 3 de son petit nom a de quoi faire grincer quelque peu les dents…
Un chèque aux entreprises polluantes sans contreparties ?
Les plans de soutien d’urgence aux secteurs les plus durement touchés par la crise atteignent 43,5 milliards dont 18 pour le tourisme, 15 pour l’aéronautique, 8 pour l’automobile… le tout sans réelle contrainte pour les entreprises les plus polluantes de ces secteurs !
À l’inverse, les plans de soutien en faveur des start-ups et des entreprises technologiques et du secteur culturel s’élèvent à respectivement 1,2 et 1,3 milliards d’euros ! Et pour d’accélérer la transition écologique dans les territoires, 1 milliard d’euros supplémentaires de crédits de l’État seront dédiés au soutien des investissements des collectivités territoriales afin de contribuer à la résilience sanitaire, à la transition écologique ou à la rénovation du patrimoine public bâti et non bâti. Le secteur ferroviaire, quant à lui semble avoir été totalement oublié.
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Les associations dénoncent le « business as usual », comme si l’urgence climatique n’existait pas
Alors que les lobbys industriels et polluants sont à l’oeuvre, aucune condition de réduction de l’empreinte écologique (gaz à effet de serre, utilisation des ressources naturelles) n’a été concrètement posée au versement éventuel de ces aides publiques.
À quand une réforme en profondeur de notre système économique pour lutter contre le changement climatique avec un changement conséquent de modèle dans les domaines des transports, de l’énergie, de l’agriculture et de l’alimentation ?
Un sondage de Greenpeace, réalisé entre le 27 mai et le 1er juin 2020, auprès d’un échantillon de 1003 personnes représentatives de la population française, montre que l’inquiétude concernant le réchauffement climatique ne faiblit pas malgré la crise du Covid-19.
73 % envisagent de maintenir ou d’accélérer leurs efforts en faveur d’un développement plus durable, et 77 % estiment que la transition écologique est une vraie opportunité pour l’emploi. Seuls 36 % pensent que le système économique capitaliste est compatible avec la lutte contre le réchauffement climatique.
L’Accord de Paris n’est pas oublié puisque 76 % des sondés aimeraient que l’État soit contraint par la justice à tout mettre en oeuvre pour respecter les objectifs de cet accord.