Le 20 novembre 2022 débutera un évènement pour le moins décrié : la Coupe du monde de football au Qatar. Une compétition mondiale qui pour une fois, n’est pas attendue avec autant de ferveur que d’habitude par les passionnés de ballon rond en France, comme le révèlent plusieurs sondages récents. Beaucoup de Français, dont certains fervents supporters de l’équipe de France de foot, assurent ne pas vouloir suivre ce Mondial tant controversé.
Vers un boycott massif de la Coupe du monde au Qatar ?
Selon un sondage mené début septembre 2022 par Opinion Way, 30 % des Français envisageraient de boycotter la Coupe du Monde au Qatar, qui aura lieu du 20 novembre au 18 décembre 2022. Premier motif invoqué : l’impact environnemental de ce mondial, mais aussi le non-respect des droits humains ainsi que des soupçons de financement du terrorisme islamiste par le Qatar. En outre, pour trois quarts des Français sondés, l’organisation même de la Coupe du Monde de football n’aurait pas dû être confiée à ce petit émirat. Parmi les 5 % de supporters de foot se disant prêts à boycotter la compétition, 5 % disent toutefois être susceptibles de craquer si l’équipe de France arrivait en finale. Des fans de football qui selon un autre sondage, sont beaucoup à réclamer l’indemnisation des ouvriers dont les droits ont été bafoués par le Qatar.
Une majorité de supporters en faveur d’une indemnisation des ouvriers
Réalisé pour le compte de l’ONG Amnesty International par YouGov, ce sondage est à l’origine d’un appel lancé à la FIFA en mai dernier. 73 % des sondés souhaitent ainsi que l’instance reverse une partie de ces revenus aux ouvriers dont les conditions de travail indignes ont été dénoncées par plusieurs organisations. Des centaines de milliers de travailleurs, notamment en provenance d’Asie, qui ont travaillé sur les grands chantiers liés à ce Mondial et dont 6500 sont morts sur place, selon une enquête du journal The Guardian. Selon une ONG britannique, le Qatar a également expulsé plusieurs dizaines de travailleurs étrangers ayant manifesté mi-août pour réclamer des salaires impayés.
Du côté de la FIFA, on assure que « les travailleurs ont été indemnisés sous diverses formes lorsque les entreprises n’ont pas respecté les normes de bien-être ». Des mesures qui, toujours selon l’instance, « ont été complétées par celles prises par le ministère du Travail pour faire appliquer la législation du travail du Qatar et permettre l’accès à des recours. »
La Coupe du monde au Qatar : un désastre écologique
Outre cette question centrale des Droits de l’Homme, le déroulement de la Coupe du monde au Qatar représente également une aberration écologique. Douze ans après son attribution, l’idée surprend même encore : en effet, pourquoi avoir choisi un pays écrasé par la chaleur ? Bien que les organisateurs aient décidé de décaler le Mondial qui se tient généralement au début de l’été, pour éviter les 50 degrés pouvant être atteints durant la période estivale, les températures demeurent élevées en cette saison. Entre 19,5 et 29,5 °C en moyenne sont enregistrés en novembre et 15 et 24,1 °C en décembre.
Des stades ouverts et climatisés
Ainsi, sur les huit stades accueillant les matchs de la compétition, pas moins de sept seront climatisés alors qu’ils sont à ciel ouvert. Certes, l’idée n’est pas nouvelle. Aux États-Unis notamment, plusieurs stades ouverts sont climatisés et au Qatar, Saud Abdulaziz Abdul Ghani, l’ingénieur à l’origine de la technologie, vante les mérites de son système. Ce dernier serait « 40 % plus durable que les techniques existantes ». Le spécialiste en est d’ailleurs certain : les stades climatisés seront la norme dans les années à venir. La climatisation des stades au Qatar serait par ailleurs alimentée non pas par des énergies fossiles, mais par une ferme de panneaux solaires. Il s’agirait d’une technologie, toujours selon son ingénieur, pouvant être modulée en fonction des zones, par exemple par rapport à leur exposition au soleil. Reste qu’à l’heure où la sobriété énergétique est de mise, le message envoyé a de quoi laisser perplexe.
Des stades construits uniquement pour le Mondial et voués à ne pas resservir
Sans compter la question de la construction des stades, la plupart ayant été construits pour le Mondial seulement. Beaucoup ne resserviront pas par la suite, ce qui ne permettra pas d’amortir leur impact écologique dans le temps. Exemple déplorable : la construction du stade Ras Abou Aboud, dont les gradins amovibles et les conteneurs ayant servi à sa structure seront entièrement démontés à l’issue de la compétition.
Mais pour les organisateurs du Mondial, tout a été pensé pour réduire l’impact écologique de la compétition, à commencer par la proximité des stades de 40 000 à 80 000 places, qui selon eux, entraînera donc moins de déplacements des supporters. D’ailleurs, des moyens de transport moins polluants ont été développés pour l’occasion, comme une ligne de métro. Mais la question est plus complexe étant donné les capacités hôtelières du Qatar, qui ne permettront pas de loger autant de spectateurs, dont beaucoup logeront dans les pays voisins. Autant de vols quotidiens, dont l’impact environnemental ne peut être nié. Sans bien sûr oublier ceux générés par la venue même des supporteurs du monde entier.
Une neutralité carbone remise en question
Mais pour les organisateurs du Mondial, ces « émissions inévitables » seront « compensées par des investissements dans des crédits carbone reconnus et certifiés au niveau international », ce qui « devrait être reconnu, plutôt que critiqué ». Une neutralité carbone dénoncée en mai dernier par l’ONG Carbon Market Watch. Dans un rapport, celle-ci assurait que « les données suggérées seront considérablement plus élevées que prévu par les organisateurs », et que « les crédits carbone destinés à compenser ces émissions n’auront sans doute pas un impact suffisamment positif sur le climat ».
En juin 2021, la FIFA publiait un rapport estimant à 3,63 millions de tonnes de dioxyde de carbone l’impact environnemental de la compétition. Des chiffres là encore contestés par l’ONG Carbon Market Watch, laquelle estime qu’ils sont en fait « potentiellement jusqu’à huit fois » supérieurs. L’ONG dénonce par ailleurs la « qualité » et « la crédibilité » du système de crédits carbone développé à l’occasion de l’évènement.
« On va aller dans un pays qui, sur le papier, avait zéro chance d’avoir le Mondial : ni les spectateurs, ni les infrastructures, ni le climat. En fait, je crois qu’aujourd’hui, on se laisse dévorer par l’argent rouge de sang », dénonçait ainsi l’acteur Vincent Lindon sur France Inter. Une opinion visiblement partagée par beaucoup. De nombreuses municipalités françaises – Paris, Marseille, Bordeaux, Lille, Rennes, Toulouse, Strasbourg…- ont d’ores et déjà appelé au boycott de la compétition. De ville en ville, les édiles assurent ainsi qu’ils n’organiseront pas de retransmissions sur grand écran des matchs de l’équipe de France.
L’hypocrisie à la française ?
La Première ministre a par ailleurs fait savoir ce jeudi qu’elle n’avait « pas prévu d’aller au Qatar », reconnaissant que « les conditions de construction des stades peuvent poser des questions ». Une question se pose toutefois : cette prise de conscience de la France, bien que fort nécessaire, n’a-t-elle pas un goût d’hypocrisie ? « Je pense que notre équipe ira au Qatar, et sans doute la ministre des Sports sera amenée à aller les soutenir », a parallèlement déclaré Élisabeth Borne.
Rappelons aussi que si cette 22e Coupe du monde choque à juste titre, c’est pourtant bien la France – plus précisément Michel Platini à l’époque à la tête de l’UEFA et Nicolas Sarkozy, alors président de la République -, qui ont joué un rôle décisif dans l’attribution de l’organisation de cette compétition au Qatar. Un petit émirat avec lequel la France fait par ailleurs joyeusement commerce depuis des années. Il y a quelques semaines à peine, un accord gazier a ainsi été conclu entre TotalEnergies et le Qatar…
Et visiblement, boycott massif ou non, la Coupe du Monde au Qatar n’aura pas servi de leçon puisque ce mardi 4 octobre, le Conseil olympique d’Asie a fait savoir que les Jeux asiatiques d’hiver de 2029 se tiendront en Arabie Saoudite. À cette occasion, cet État voisin du Qatar construira en plein désert un complexe futuriste permettant donc de pratiquer les sports d’hiver sous une chaleur plombante…
En ce qui concerne la Coupe du monde de football au Qatar, serez-vous devant la télévision ? Prenez par à notre sondage.
Allez-vous regarder la Coupe du monde de football 2022 ?
Déjà je déteste le foot, le monde du foot et tout ce qui en découle, alors là, c’est la cerise sur le gâteau qatari !!!