La Convention citoyenne pour le climat favorable aux 110 km/h sur les autoroutes
Abaisser la vitesse maximale sur les autoroutes de France est une proposition déjà émise par la Convention citoyenne pour le climat en juin 2022. Les citoyens sélectionnés pour y participer souhaitaient alors réduire la limitation de 20 km/h, soit de 130 à 110 km/h. D’après leurs estimations, un tel abaissement de la vitesse permettrait de réduire de 20 % en moyenne les émissions de gaz à effet de serre liées aux transports routiers. Le bénéfice est double, jugeaient-ils, puisqu’en plus de contribuer à limiter le réchauffement climatique, la mesure permettrait aussi de préserver le pouvoir d’achat des automobilistes. À la clé : un gain de « 1,40 euro par 100 km en moyenne sur le coût des carburants », sans oublier la possibilité de « faire baisser la mortalité et les dommages corporels sur les routes », mais aussi de « contribuer à réduire les bouchons ».
Mais alors, pourquoi l’État n’a-t-il pas adopté cette mesure qui sur le papier, semblait avoir tout bon ? Le gouvernement avait-il en tête l’expérience du passage aux 80 km/h sur les routes départementales et nationales ? Une mesure portée par Édouard Philippe, alors Premier ministre, qui était entrée en vigueur en juillet 2018 dans le but de réduire la mortalité routière. Mais quelques mois plus tard, la crise des Gilets jaunes survenait notamment en raison d’une augmentation du prix des carburants. La mesure était également dans le viseur des manifestants. Un an plus tard, l’Assemblée nationale avait finalement décidé d’assouplir cette règle, avec la possibilité de relever la vitesse maximale sur certaines routes. Résultat, près de la moitié des départements français ont depuis fait le choix d’autoriser à nouveau les automobilistes à rouler à 90 km/h sur les routes départementales et nationales.
Le spectre de l’élection présidentielle – et désormais des législatives – a sans doute contribué à mettre de côté la recommandation d’abaissement de la vitesse maximale sur les autoroutes, bien qu’en mars 2022, Barbara Pompili, alors ministre de la Transition écologique, jugeait « intéressant » un rapport de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) qui préconise justement cet abaissement.
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Abaisser la vitesse maximale sur les autoroutes pour consommer moins de carburant ?
Plus récemment, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) a donc formulé plusieurs pistes pour réduire notre consommation de pétrole. Dans un contexte où le prix des carburants flambe, conséquence directe du conflit en Ukraine, il apparaît en effet urgent d’adopter des mesures permettant d’alléger quelque peu la facture à la pompe et surtout, réduire la dépendance énergétique de la France envers la Russie. L’État a certes mis en place une aide financière pour les automobilistes, leur permettant de profiter d’une remise de 15 centimes d’euros par litre, mais cela suffira-t-il ? Non, semble répondre l’Agence internationale de l’énergie qui dresse une liste de 10 recommandations clés pour réduire au plus vite nos demandes en pétrole. Parmi ces mesures : l’abaissement de la vitesse maximale sur les autoroutes de France.
D’après l’agence, si l’État décidait bien de réduire la vitesse sur les autoroutes de l’Hexagone, passant ainsi de 130 à 120 km/h, alors nous pourrions économiser l’équivalent de 290 000 barils par jour en ce qui concerne la consommation de carburant liée aux voitures. Celle générée par les camions baisserait également, avec une économie de près de 140 000 barils par jour (majoritairement du diesel).
Réduire de 10 km/h la limitation de vitesse sur autoroute pourrait donc « réduire de manière significative la consommation de carburant des voitures, des véhicules commerciaux légers et des camions », assure l’IAE dans son rapport de mars 2022. Des économies qui auraient directement des répercussions positives sur le porte-monnaie des conducteurs français. Dans un contexte de forte inflation et alors que les scientifiques du GIEC multiplient les alertes sur le réchauffement planétaire, Agnès Pannier-Runacher, nouvelle ministre de la Transition écologique et Amélie de Montchalin, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des Territoires, seront-elles plus sensibles à ces arguments ? Aucune des deux ministres n’étant jusqu’ici connue pour son engagement environnemental, la question demeure en suspens. De son côté, la nouvelle chef de file du gouvernement, Élisabeth Borne, s’était dite favorable « à titre personnel » à l’abaissement de la vitesse sur l’autoroute.
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Élisabeth Borne pour la limitation de vitesse à 110 km/h
Succédant à Jean Castex, Élisabeth Borne est donc désormais Première ministre de France après avoir été en poste au ministère des Transports et celui de l’Écologie. Deux postes qui l’ont donc, de fait, amenée à se prononcer sur la limitation de vitesse sur les autoroutes ; mesure alors souhaitée par la Convention citoyenne pour le climat (CCC). Interrogée à ce sujet par BFMTV en juin 2020, Élisabeth Borne, alors en fonction au ministère de la Transition écologique et solidaire, s’était prononcée en faveur d’un abaissement de la limitation.
Désormais Première ministre, la polytechnicienne peut-elle remettre à l’ordre du jour cette mesure ? Il y a fort à parier que si telle était son intention, l’adhésion des Français serait alors scrutée de prêt, la crise des Gilets jaunes étant encore dans les esprits. De plus, lorsqu’en juin 2020 la CCC avait recommandé d’abaisser la vitesse à 110 km/h sur les autoroutes, de vives protestations avaient eu lieu, poussant le gouvernement à mettre de côté cette mesure visiblement « sensible ».
En France, la question de la limitation de vitesse sur autoroute fait donc débat. Un débat déjà tranché pour plusieurs pays européens, qui pour leur part ont d’ores et déjà décidé d’abaisser la vitesse sur l’autoroute. C’est le cas des Pays-Bas, où la limitation est désormais fixée à 100 km/h, tout comme la Suède et la Norvège, où la vitesse est limitée à 110 km/h. En France, seriez-vous prêts à limiter votre vitesse sur l’autoroute ? Nous vous laissons la parole dans notre sondage hebdomadaire.
Illustrations : ©Shutterstock.
A lire absolument
Il y en a marre des procès d’intention des automobilistes, nous ne sommes pas tous des irresponsables !
Vous ne connaissez pas bien votre code de la route, on dirait !
Sur les nationales, c’est 80 km/h.
La bourde est dans votre commentaire !!!
Bonjour,
L’autoroute présente 3 fois moins d’accidents graves que les nationales. Le principal risque sur autoroute est l’endormissement au volant, ce qui serait probablement aggravé par le baisse des vitesses.
Et puis, rien n’empêche ceux qui veulent rouler à 110 de le faire.
Si la mesure passait, personnellement je ne prendrai plus les autoroutes : Pourquoi payer pour rouler à la même vitesse que sur les nationales ?
Vous ne connaissez pas bien le code de la route, on dirait !
Sur les nationales, c’est 80 km/h !
Et moi, je n’ai pas envie de payer -cher- pou rouler sur l’autoroute qui, souvent, est bondé.
Quel intérêt, vraiment ?
Ce serait:
– bon pour le pouvoir d’achat car la consommation de carburant baisse avec la vitesse
– bon pour l’accidentologie: moins de morts dus à la vitesse
– bon pour la pollution de l’air: moins de particules
– bon pour la planète: moins de consommation veut dire moins d’émissions de CO2
– validé démocratiquement par la convention citoyenne représentative de la population française
… et on ne le ferait pas parce qu’on ne veut pas perdre quelques minutes sur un trajet?? Les français sont vraiment cons…
Vous avez sûrement raison !!!
Moi, je propose l’interdiction de circuler en voiture, bateaux, sauf les voiliers bien sûr, camions, chauffages etc….
Rendez-vous dans 5 ans !!!!!!
Cela n’empêchera pas ceux qui roulent au dessus des limitations de rouler toujours aussi vite !!! mais remplira encore plus les caisses de l’état qui ne rate rien pour nous taxer. Personnellement, je ne prends plus l’autoroute. je préfère aller moins vite et prendre le temps d’arriver à destination en profitant de la beauté de la France !
Evidemment contre, puisque qu’on sera en excès de vitesse dès que l’on voudra dépasser un camion, et ils sont extrêmement nombreux sur nos routes, la Suède et la Norvège ne sont pas la France, donc faut arrêter les bêtises et réfléchir un peu avant de faire de la sécurité routière ou de l’écologie, à peine à Matignon et les bourdes commencent déjà à pointer leur nez.