Souffrance des poissons : que savons-nous ?

La souffrance animale est un sujet de plus en plus pris en compte, à juste titre, dans la façon dont nous réfléchissons notre assiette. Si la chose est particulièrement vraie pour ce qui concerne tous nos animaux d’élevage, la souffrance des poissons reste encore difficile à cerner. Alors que savons-nous ?

Rédigé par Julien Hoffmann, le 11 Oct 2019, à 15 h 40 min
Souffrance des poissons : que savons-nous ?
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La souffrance des poissons est encore peu étudiée et surtout encore interrogée à bien des niveaux notamment dans la capacité que les poissons auraient à effectivement ressentir la douleur. Mais les travaux avancent.

Un enjeu de taille pour le bien-être animal

La consommation de poisson par l’humanité friserait les 2.000 milliards d’individus par an ce qui est un chiffre tout bonnement compliqué à appréhender. De la production en aquaculture à la pêche traditionnelle en passant par la pêche industrielle, la souffrance des poissons mériterait largement d’être mieux considérée afin d’adapter nos différentes techniques de capture ou de production.

Pêche traditionnelle au filet © Rachaphak

Si nous légiférons en surface à améliorer les conditions d’élevage de nos poulets, pourquoi n’en ferions-nous pas de même pour ce qui est du nombre de poissons par mètre cube d’élevage dans les mers ? Si nous encadrons de manière de plus en plus stricte l’abattage des ovins et des bovins pour limiter leur souffrance, pourquoi n’en ferions-nous pas de même en ce qui concerne la pêche ?

Et ceci sans même compter les problématiques de gestion de stocks durables !

Souffrance des poissons – Une réalité avérée

Durant de décennies tout le monde s’accordait sur le fait que les poissons n’avaient pas la capacité de ressentir la douleur. Les raisons qui étayaient cet état de fait étaient multiples et variées, mais le statu quo était là.

Et puis, en 2003, l’Université d’Edimbourg en Écosse a décidé de se pencher sur cette question à parvenant à démontrer que les poissons ressentent effectivement la douleur.

En 2012, un autre chercheur désormais célèbre à savoir James Rose, de l’Université du Wyoming, a quant à lui contredit l’étude d’Édimbourg en dissociant les réflexes dus à la douleur et le fait qu’il y ait réellement une perception de cette douleur.

Les choses auraient pu simplement en rester là et ces deux seules études constituer le seul débat. Mais en réalité les travaux de l’équipe de l’Université d’Edimbourg sur la souffrance des poissons ont été étayé à plusieurs reprises avec des méthodologies et des espèces différentes et notamment par Victoria Braithwaite à l’Université d’Oxford en 2010.

Toutes ces études moins retentissantes ont surtout aussi eu le mérite d’entrecroiser les résultats quant à la douleur physique et les résultats de stimuli de douleur sur la relation sociale chez les poissons ou encore sur les niveaux de stress et ce que cela engendre. En somme, ces travaux ont mis en lumière les relations entre douleur « potentielle » et bien-être animal.

Dans le doute, s’abstenir

S’il est avéré que les poissons ressentent donc la douleur et en payent le prix, il n’en reste pas moins que la croyance inverse risque de perdurer encore longtemps.

La pêche industrielle ne s’encombre pas de considération de bien-être animal © Bborriss.67

Ceci amène malheureusement à l’idée que la considération du bien-être animal est une chose qui va encore prendre du temps pour s’installer comme étant une évidence. Nos connaissances en matière de biologie animale nécessitent clairement d’être considérablement augmentées afin de mieux cerner la physiologie de cette multitude d’animaux qui nous entourent.

Comprendre leur mode de fonctionnement, leurs capacités cognitives, leurs systèmes nerveux, leur activité cérébrale et bien d’autres choses encore, nous permettront alors de nous positionner en connaissance de cause.

Mais en attendant et si le doute subsiste, reconnaître par défaut cette douleur, comme l’a fait la Suisse, serait certainement la chose la plus éthique à faire…

Illustration bannière : Poissons fraîchement pêchés © suttida yuttahan
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