« Un bol de soupe d’abeille » : non, il ne s’agit pas du titre d’un nouveau conte pour enfants, mais d’une nouvelle scientifique encourageante. Il semblerait que le secret pour mieux comprendre le mystère du déclin massif des abeilles, et peut-être pour l’inverser, résiderait dans une telle préparation. Explication.
La « soupe d’abeille » : 204 sacrifiées pour mieux les protéger toutes
Selon de nouvelles recherches menées en Grande Bretagne, écraser des abeilles, et ainsi collecter et lire leur ADN, permettrait aux scientifiques de mener des programmes de suivi à grande échelle qui permettraient de mieux déterminer quels efforts de préservation sont les plus efficaces.
L’équipe de recherche a prélevé des échantillons d’abeilles à partir de différents endroits dans les Chilterns, le Hampshire Downs et Low Weald. Un total de 204 abeilles ont été extraites, et les soupes résultantes soumises à un séquenceur d’ADN.
Les scientifiques ont ensuite utilisé un programme informatique pour cartographier l’ADN brut au regard du génome mitochondrial d’abeilles, qui se trouve dans presque toutes les cellules de l’animal. Chaque espèce d’abeille a un génome distinct, permettant à l’équipe d’identifier les espèces d’abeilles étaient présentes dans chaque échantillon.
Un gain de temps de plusieurs mois par rapport aux techniques habituelles
Le Professeur Douglas Yu, à l’école de biologie à la University of East Anglia (UEA), a déclaré au site EurekaAlert ! à propos de ses travaux : « La soupe d’insecte est un bon thermomètre sur l’état de la nature. Et les programmes de suivi des abeilles à grande échelle tireraient vraiment profit de ce type de séquençage de l’ADN. Cette méthode peut aisément être utilisée à grande échelle pour suivre plus d’espèces, comme les quelque 1.000 espèces pollinisatrices rencontrées au Royaume-Uni. »(1).
La surveillance traditionnelle implique d’épingler des abeilles une par une et de les identifier au microscope. Mais le nombre d’abeilles nécessaires pour suivre les populations de manière fiable sur l’ensemble du pays rend les méthodes traditionnelles très complexes. Le Prof. Yu a déclaré : « Le nombre d’abeilles qui finissent dans un de mes soupes est absolument minuscule comparé aux populations étudiées. »
Les coûts de mise en oeuvre et le risque d’erreurs dans les données obtenues signifie que celles-ci ne sont pas disponibles avant plusieurs années après que les abeilles aient été collectées. Cette nouvelle approche montre comment le processus pourrait être plus rapide, moins cher et plus précis.
« Nous pouvons déterminer où la diversité des espèces et leur abondance est la plus importante, par exemple à la campagne ou dans les parcs urbains », explique le Professeur Yu, et « comment la diversité des espèces est affectée par les méthodes agricoles, par exemple pour voir si des réserves d’habitat apportent plus de soutien aux abeilles. »
« La biodiversité des espèces sur n’importe quel site peut être révélée par une seule goûte de cette soupe. C’est une méthode qui réduit le temps nécessaire par rapport aux méthodes écologiques traditionnelles de plusieurs semaines, mois ou même années, qui réduit les coûts et supprime le besoin en expertise taxonomique. »
Le Professeur Yu conclut : « nous essayons d’accélérer les enquêtes écologiques de manière drastique ».