La pollution touche non seulement la terre ferme, mais aussi tous les océans de la planète, et il est bien difficile d’évaluer les dégâts. L’Agence spatiale européenne a peut-être une solution : observer depuis le ciel les déchets en plastique qui flottent, grâce à un satellite.
100 tonnes de déchets par an finissent en mer
On en parle beaucoup : il existe ce que l’on appelle un septième continent fait d’accumulations de débris flottants dans le nord de l’océan Pacifique. Chaque seconde, 100 tonnes de déchets, sur les 4 milliards produites annuellement, finissent en mer. Pour rappel, dans les années 1950, 1,5 million de tonnes de déchets plastique étaient produits par an, pour 290 millions de nos jours, selon les chiffres de la fédération Plastics Europe.
Ces détritus, dont une grande partie est donc constituée de matière plastique, flottent à la surface, mais se retrouvent aussi en profondeur, présentant un danger pour tous types d’animaux. « On estime à 300 millions de tonnes la quantité de plastique présente dans les océans », selon Patrick Deixonne, navigateur-explorateur, dans Paris-Match (1). Et ce chiffre devrait grimper à 455 millions de tonnes si rien n’est fait avant 2025.
Observer la surface des océans pour évaluer la pollution
Pour éviter que ce phénomène ne prenne davantage d’ampleur, depuis septembre 2017, l’Agence spatiale européenne s’est emparée du problème pour lui trouver une solution. Et la tâche est ardue puisque l’eau recouvre 72 % de la surface du globe. L’ASE teste la détection de ces déchets en plastique depuis Sentinel 3A, en orbite autour de la Terre à près de 800 kilomètres d’altitude.
Le choix de ce satellite est évident : ce dernier permet d’observer la couleur de l’eau. Il s’agit du seul moyen d’étudier la surface des océans, là où se trouve l’essentiel du phytoplancton, à la base de la chaîne alimentaire océanique.
Les mesures de couleur permettent d’en estimer la concentration et de la suivre dans le temps et l’espace. Sur le site Internet de l’agence spatiale, Paolo Corradi, qui s’occupera du programme, reste vigilant, mais veut croire dans cette solution. « Ce que nous examinons actuellement est la faisabilité d’une mesure optique directe des déchets plastiques marins, à partir des satellites. Cela peut sembler être une mission impossible, mais il y a des raisons de croire que cela pourrait être faisable, du moins lorsqu’il y a certains taux de concentration. »(2)
Une empreinte digitale spécifique pour chaque type de plastique
En charge du projet à l’ESA, le scientifique poursuit en expliquant qu’il n’est pas question de repérer des déchets flottants, « mais plutôt d’identifier une signature spectrale du plastique prélevée sur orbite, de la même manière qu’un logiciel de traitement peut aujourd’hui détecter des concentrations de phytoplancton, de sédiments en suspension et de pollution hydrique ». En effet, chaque type de plastique présente une sorte d’empreinte digitale spécifique, déjà utilisée dans l’industrie du recyclage pour trier les articles en plastique à partir d’autres déchets sur un tapis roulant.
En outre, l’association 7e continent propose de régler le problème à la base. Elle a trouvé une solution pour tenter de réduire la pollution plastique. Pour ce faire, elle a mis au point une application mobile participative permettant à chaque individu de géolocaliser et de témoigner, par photo ou vidéo, des déchets plastiques présents dans la nature. Puis, l’application connecte automatiquement l’utilisateur à un réseau local (associatif, collectivités, industriels), travaillant au ramassage et recyclage des déchets plastique.
La géolocalisation des déchets permet aussi d’alimenter la base de données des organismes scientifiques, qui pourront par la suite cartographier les sites de pollution.