Plus on a des revenus élevés, plus on voyage et… plus on pollue !
Avant le Covid-19, seuls 4 % des Français s’envolaient pour un pays hors EU au moins une fois par an
Malgré l’essor fulgurant des compagnies low-cost, prendre l’avion, est-ce toujours l’apanage des riches ? À en croire une étude de l’ONG britannique Possible, c’est effectivement le cas(1). Tous pays confondus, seuls 5 à 10 % des personnes prennent l’avion au moins une fois par an.
Cette proportion est certes plus élevée en France (25 %), mais elle reste très en-deçà des proportions constatées chez nos voisins : 44 % aux Pays-Bas, 41 % au Royaume-Uni, 33 % en Allemagne et 25 % en France. En moyenne dans l’Union européenne, 28 % des personnes ont pris l’avion au moins une fois au cours des 12 derniers mois.
Dans le détail, avant l’épidémie de Covid-19, 11 % des Français voyageaient une fois par an vers un pays hors de l’Union européenne, et 4 % prenaient l’avion régulièrement pour se rendre dans d’autres pays européens. Et cette proportion est encore moins élevée dans les pays européens à bas revenus, voire dans les pays à bas revenus tout court. Ce qui laisse cette ONG conclure : après tout, l’avion est l’apanage des riches.
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En Europe, les voyageurs les plus « émetteurs » de CO2 sont les Suédois, les Maltais et les Britanniques
Ce constat n’est pas sans répercussions sur les considérations environnementales. Toujours selon les calculs de l’ONG Possible, les voyages en avion des 10 % des ménages les plus aisés ont été à l’origine du rejet de 2,18 tonnes d’équivalent CO2 en France et de 2,21 tonnes en Allemagne.
Mais la France est loin d’être le champion des « émissions ». Au sein de l’Union européenne, les plus gros « pollueurs » sont les 10 % les plus riches : suédois (7,09 tonnes d’équivalent CO2) malgré le fameux Flygskam, maltais (3,85 tonnes), britanniques (3,83 tonnes), portugais (2,95 tonnes), irlandais (2,93 tonnes) et belges (2,76 tonnes).
À l’inverse, les voyages en avion des 10 % les moins aisés occasionnent quasiment zéro émission de CO2.
Et pour voyager autant, il faut bien sûr avoir de l’argent. Au sein de l’Union européenne, la moitié des dépenses liées aux voyages est le fait de 20 % des ménages les plus aisés. En voyage, ils dépensent 14 fois plus que les 20 % les moins aisés.
S’agissant du profil des grands voyageurs en avion en France, d’après une étude BVA réalisée en 2019, il s’agit principalement des 25-34 ans (42 %), des habitants d’Île-de-France (51 %) et de cadres (64 %).
La solution ? Instaurer une « taxe grands voyageurs »
L’ONG Possible préconise de mettre en place une taxe progressive. Elle pourrait augmenter chaque année selon le nombre de vols ou les distances parcourues par chaque voyageur. C’est une façon de ne pas pénaliser les « petits » voyageurs (vacances annuelles ou visite de la famille), et de mettre à contribution ceux qui voyagent et polluent le plus au détriment de la planète et des 80 % de de ses habitants qui n’ont jamais pris l’avion…
Illustration bannière : Ça plane pour une minorité de personnes, aux revenus les plus élevés.. et qui polluent d’autant – © Kite_rin
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