Pour limiter le réchauffement, l’Europe pourrait décider d’adopter une taxe sur la viande. En effet, une proposition de la Tapp Coalition, une ONG néerlandaise, sur le « vrai prix de la viande » pour l’UE a été discutée au Parlement européen le 5 février dernier. Le lendemain, lors d’un débat sur l’alimentation et la nouvelle stratégie de l’UE « de la ferme à la fourchette » qui se tenait toujours à Bruxelles, ce rapport et ses conclusions ont été salués par de nombreuses organisations et panélistes, y compris la représentante de la Commission européenne Sabine Jülicher. L’idée ? Instaurer une taxe de durabilité comprise entre 17 et 47 centimes d’euro par 100 grammes de viande !
Une taxe tenant compte du coût environnemental pour un « prix plus juste de la viande »
Et si, pour décider tout un chacun à en consommer moins, il fallait aller jusqu’à imposer des taxes sur la viande ? C’est une piste proposée par l’ONG Coalition Tapp (True Animal Protein Price Coalition) pour la santé, l’environnement et le bien-être animal. Selon ce rapport rédigé par le groupe de recherche environnemental CE Delft, un « prix juste pour la viande » devrait faire partie du prochain « New deal vert » européen(1).
Ce rapport analyse en détail le coût des émissions de gaz à effet de serre, la pollution de l’air et de l’eau et la perte de vie sauvage que représente l’élevage. Selon ses estimations, si les États membres de l’UE introduisaient des « prix équitables pour la viande », il faudrait augmenter le prix de la viande de boeuf de 0,47 euros pour 100 grammes d’ici 2030. Dit autrement, cela reviendrait à augmenter de 25 % le prix d’un steak au supermarché.
Du fait de leur impact environnemental moindre, la taxe sur le porc et le poulet serait proportionnellement moins élevée, respectivement de 0,36 euros et 0,17 euros les 100 grammes.
32 milliards d’euros de recettes par an
Tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre de 120 millions de tonnes par an, une telle taxe sur la viande ferait également rentrer 32 milliards d’euros dans les caisses de l’Union Européenne.
La moitié de cette somme pourrait, estime la Coalition Tapp, être redonnée pour aider les agriculteurs à investir dans des pratiques agricoles plus durables. Toujours selon ce rapport, et finalement un peu comme le principe d’augmentation des prix appliqué au prix du paquet de cigarettes, une telle hausse du prix de la viande pourrait réduire de 67 % la consommation de boeuf, de 57 % pour le porc et de 30 % pour le poulet, à l’horizon 2030.
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Des économies en termes de soin
L’autre moitié des sommes récoltées par ces nouvelles taxes pourrait, estime la Coalition Tap, servir à faire baisser la TVA, à donner des subventions pour les fruits et légumes, à aider les familles les plus pauvres mais aussi les pays en voie de développement à faire face au changement climatique.
À cela s’ajoute une économie non négligeable à laquelle on peut ne pense pas forcément spontanément : la baisse des coûts de santé. En effet, les citoyens européens consomment à peu près moitié plus de viande que ce que préconisent les recommandations en termes de régime alimentaire sain. De quoi économiser, là aussi, des milliards d’euros dépensés en soins chaque année.
Désireuse de réduire ses émission, l’UE va-t-elle choisir de mettre cette mesure sur pied pour s’attaquer à l’urgence climatique ? Alors qu’elle va avoir besoin d’un billion d’euros d’investissements publics et privés au cours de la prochaine décennie pour payer son plan visant à réduire à zéro les émissions de dioxyde de carbone d’ici 2050, ce pourrait être un bon moyen de trouver une partie de cet argent !
Illustration bannière : Si la viande était plus chère, en mangerait-on toujours autant ? – © David Herraez Calzada
Et taxer la « nourriture » industrielle plutôt, jamais ?
https://www.consoglobe.com/pizzas-industrielles-empreinte-ecologique-cg?utm_source=actus_lilo